Lettre n° 576

Par la grâce de D.ieu,
26 Adar 5710(1),

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav I.(2),

Je vous salue et vous bénis,

Vous avez sans doute reçu le fascicule de Pourim, avec ce qui y était joint. De même, j’ai pris connaissance de ce que vous avez écrit sur la facture et de votre lettre du 13 Adar. J’ai été épouvanté en la lisant. Comment pouvez-vous exiger de moi ce qui ne me revient pas(3), ne m’appartient pas et m’est totalement étranger?

Je ne vous en veux pas, car nous ne nous connaissons pas personnellement. Néanmoins, vous auriez du faire une enquête préalable, compte tenu de la gravité de la question. Et puisse D.ieu faire que nous nous attachions réellement à l’arbre de vie.

N. B.: Dans vos précédentes lettres, vous m’avez interrogé sur l’affirmation du Zohar, tome 3, page 145b, selon laquelle un Cohen qui n’est pas marié ne peut effectuer le service de D.ieu dans le Temple. Or, dites-vous, il en est ainsi uniquement pour le Grand Prêtre, à Yom Kippour et peut-être est-ce uniquement à lui que le Zohar fait allusion, même si cela n’apparaît pas dans le texte. Néanmoins, le verset qui est cité pour preuve, dans ce texte, parle bien du Grand Prêtre.

Même si l’on peut, à la rigueur, considérer qu’il s’agit bien du Grand Prêtre, à la page 145b, compte tenu du verset qui est cité, on ne peut en dire de même, à la page 5b, dans laquelle il est question de Nadav et Avihou et qui n’évoque pas Yom Kippour. Vous consulterez aussi le Zohar, tome 1, page 239a.

L’explication, à mon humble avis, est la suivante. Dans différents textes, on parle d’interdiction pour désigner ce qui n’est, en réalité, qu’une précaution. Vous consulterez le Sdeï ‘Hémed, principes des Décisionnaires, règle 16, paragraphe 12, qui cite comme exemple les Tossafot, sur le traité Taanit 11a, interdisant toute relation conjugale pendant les années de famine, le Nimoukeï Yossef, à la fin du chapitre 7 du traité Sanhédrin, traitant de l’association avec un non-Juif, le Maguid Michné, lois du voisinage, 2, 16, se demandant s’il est permis de se tenir dans le champ de son voisin, le Séfer Mitsvot Gadol, Injonction 87, sur le fait de manger avant d’avoir nourri ses animaux et d’autres textes encore(4).

De même, le Zohar indique ici un comportement qu’il est préférable d’adopter. Vous verrez aussi le Maguen Avraham sur Ora’h ‘Haïm, chapitre 125, paragraphe 64.

Pourquoi Nadav et Avihou furent-ils condamnés à mort(5)? On peut expliquer que la situation était différente lorsque l’on inaugurait le Sanctuaire. Vous verrez, à ce propos, l’image que donne le Zohar, tome 3, page 5b. De plus, le Saint béni soit-Il est particulièrement intransigeant envers les Justes. Du reste, le Targoum de Yonathan Ben Ouzyel, au début de la Parchat A’hareï, dit bien: "fils d’Aharon et Grands prêtres".

Sans en faire le voeu, je répondrai à vos autres questions dans mes prochaines lettres.

En vous souhaitant une fête de Pessa’h cachère.

Notes

(1) Cette lettre fut écrite, à cette date, en annexe de la précédente.
(2) Le Rav Ichaya Horovits. Voir la lettre n°429.
(3) Le Rav Horovits demandait au Rabbi de prendre la succession de son beau-père.
(4) Dans tous ces cas, il est dit que cette action est interdite, alors qu’il est seulement préférable de ne pas le faire.
(5) S’il ne s’agit pas, à proprement parler, d’une Interdiction.