Lettre n° 5934

Par la grâce de D.ieu,
18 Kislev 5718,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Raphaël ‘Haïm(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai vu les épreuves du Tiféret Tsion(2), commentaire du Midrash Rabba, dont vous préparez l’édition. Puisse D.ieu faire que vous multipliez vos capacités dans la Torah, avec largesse. En effet, nos Sages disent, dans le Sifri Ekev 6, 6 : “ Désires-tu connaître Celui Qui créa le monde par Sa Parole ? Etudie le Midrash ! ”. Combien plus est-ce le cas, en notre génération, celle du talon du Machia’h, dont l’obscurité est intense. L’étude de cette partie de la Torah est alors particulièrement importante, conformément à l’image énoncée par nos Sages à ce sujet, dans le traité Sotta 40a. Vous consulterez également le commentaire de Rachi, à cette référence.

En signe d’appréciation, et bien que mon temps ne me permette pas d’examiner ces feuillets comme il le faudrait, je les ai consultés, dans la mesure du temps dont je disposais et je vous joins, en annexe, deux ou trois notes portant sur le début de ce commentaire, qui présentent, en particulier, un enseignement du Baal Chem Tov et un autre de l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h. Ceux-ci sont d’actualité, car c’est le 19 Kislev que l’Admour Hazaken fut libéré. Alors, commença la diffusion des sources de son enseignement, qui est, de fait, celui du Baal Chem Tov, d’une manière sans cesse plus large.

La diffusion de cet enseignement et son retentissement sont la meilleure preuve qu’ils sont l’obligation de cette époque et celle de chacun. Il est nécessaire de consacrer une partie de son temps à l’étude de cet enseignement. Le Ari Zal dit, en effet, que “ à notre époque, il est une Mitsva de révéler cette forme de la Sagesse ”, comme l’expliqua ensuite son grand disciple, Rabbi ‘Haïm Vital, lequel développa un long commentaire, dans son introduction au Chaar Ha Hakdamot, basé sur les propos du saint Zohar.

Puisse D.ieu faire que cette entreprise hâte la fin de notre exil et que nous méritions prochainement l’accomplissement de la promesse selon laquelle la connaissance, la sagesse et la vérité se multiplieront, afin de percevoir le Créateur, selon la possibilité de l’homme, ainsi qu’il est dit : “ La terre s’emplira de connaissance de D.ieu, comme l’eau recouvre le fond de la mer ”.

Avec mes respects et ma bénédiction,

N. B. : Notes : page 1a : “ Nos Sages disent que la Torah a soixante dix aspects ”.

Questions : Quelle relation y a-t-il entre la première explication du Rav H. V. et la seconde, “ autre explication… ”, puisque, selon le Tiféret Tsion, cette dernière ne devait pas être citée ? Il faut les comprendre et déterminer pourquoi elles sont énoncées dans cet ordre, car la seconde semble plus simple et elle aurait donc dû être énoncée la première. Et, comment peut-on définir le pédagogue par son aspect enfantin, comme le fait le Tiféret Tsion, alors que celui-ci est caché ? Et, que dire de sa grandeur, puisque le pédagogue, bien que caché, est effectivement un maître, mais c’est là ce que dit la Loi Orale, comme le rapporte le Chemot Rabba, chapitre 47, paragraphe 1, cité par le Tiféret Tsion ?

L’explication de tout cela est la suivante. Le pédagogue est celui qui éduque l’enfant, par des paroles simples et aisées. Mais, il est ici entièrement caché et il prend une autre apparence, comme le corps de l’homme, promis à la vermine, selon l’explication du Morde’haï, à propos de l’expression “ caché pour Hadassa ”. En outre, il est aussi “ grand ”, comme “ la grande Alexandrie ”, une ville unique, mais grande.

Le Rav H. V. applique les termes du verset : “ Je serai près de Lui ” à toutes les parties de la Torah. Son sens simple est révélé et évident, son sens analytique est caché, son sens allusif l’est aussi, puisqu’il se limite à une allusion et son sens caché est grand, comme l’affirment nos Sages, au traité Sotta 28a. De ce fait, il constitue une catégorie à part. Mais, la Torah dit que toutes ses parties sont “ près de Lui ”. Il en découle une : “ autre explication… Il observa la Torah et créa tout le monde ”, “ les mondes révélés et les mondes cachés qui ne se révèlent pas ”, expression qui fait allusion à quatre mondes, Assya, Yetsira, Brya, Atsilout, correspondant aux quatre paliers d’interprétation de la Torah.

Page 1b : Le Midrash Rabba explique : “ Béréchit : avec la Torah qui est appelée Réchit, commencement ” ou bien : “ pour la Torah ”. Il s’agit bien de deux explications opposées. La première se rapporte au monde, aux créatures, qui sont l’élément essentiel. Et, nos Sages disent (Béréchit Rabba, début du chapitre 44) que : “ les Mitsvot furent données uniquement pour parfaire les créatures ”. Il est dit ensuite que la Pensée d’Israël précéda celle de la Torah. La seconde explication, en revanche, présente la Torah, qui est alors le point essentiel.

* * *

Il est dit que l’empressement est sans objet tant que le jour ne s’est pas levé. C’est aussi ce que disent le commentaire de Rachi et les Tossafot, à la même référence, au traité Pessa’him 4a.

Notes

(1) Le Rav R. H. Goldman.
(2) Un ouvrage du Rav Its’hak Zeev Yadler.