Lettre n° 5981

Par la grâce de D.ieu,
11 Tévet 5718,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, aux
multiples accomplissements, le Rav El’hanan(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre de la veille de la fête des lumières(2), qui m’est parvenue avant-hier, avec le livre “ Marginta de Rabbi B. ”, édition complète. Je vous remercie beaucoup pour votre réponse et pour avoir pensé à m’envoyer ce livre.

Puisse D.ieu faire que vous redoubliez d’ardeur dans la Torah, afin de la grandir et de l’embellir. Ceci inclut(3) à la fois l’étude de la Torah sous sa forme la plus basse et à son stade le plus élevé, qui est l’étude des enfants, comme le dit le Rambam, à la fin du second chapitre des lois de l’étude de la Torah. Selon les termes de l’Admour Hazaken, une telle étude est bien la plus élevée, même si elle n’est nullement désintéressée, même si elle est adoptée par peur de la cravache que détient le professeur, comme le précise le Tanya, à la page 155a. Ceci peut être rapproché de l’étude transcendant celle qui a pour objet de conduire à l’action, comme l’indique le traité ‘Houlin 66b.

A notre époque, la Mitsva et la nécessité sont essentiellement l’étude qui permet de rapprocher les deux arbres de la Torah, c’est-à-dire l’arbre de la vie et celui de la connaissance, de les réunir, l’un et l’autre “ jusqu’à ce qu’ils ne forment qu’un dans ta main ”. Vous consulterez le Zohar, tome 3, pages 126b et 157a, qui est commenté, d’après la ‘Hassidout ‘Habad, dans Iguéret Ha Kodech, de l’Admour Hazaken, au chapitre 26 et dans son Likouteï Torah, Parchat Chela’h, à partir de la page 42b, jusqu’à ce que les sources se répandent à l’extérieur et que s’accomplisse la promesse selon laquelle : “ Mon Nom se lira comme Il s’écrit ”, l’unification entre la Face révélée du Saint béni soit-Il et Sa dimension cachée.

Avec mes respects et ma bénédiction,

N. B. : Comme à mon habitude et en signe d’appréciation, j’ai examiné rapidement ce livre, bien que je n’en avais pas le temps et, à cette occasion, j’ai rédigé quelques notes :

A) Au début du livre, à propos du verset : “ Et, la lumière fut ” : On peut se demander quelle idée nouvelle est introduite par ce commentaire. C’est, en effet, ce que disent nos Sages dans le Midrash Béréchit Rabba, chapitre 42, paragraphe 4, qui est cité au début de ce texte.

De même, il est dit que la lumière ayant été cachée est celle du soleil. Or, différents textes établissent que la lumière créée le premier jour et celle du soleil ne sont pas les mêmes. On peut également le déduire du fait que la lumière du soleil fut cachée avec son fourreau et n’en sera sortira que dans le monde futur. Il n’en est pas de même pour la lumière cachée, de laquelle il est simplement dit : “ Elle est conservée pour le monde futur ”. Bien entendu, cette distinction a une signification précise.

B) A la fin du livre : “ Les dix huit… ”(4) : Il est dit que la Torah a soixante dix interprétations et nos Sages précisent que les Juifs accéderont d’abord à la Techouva, puis viendra le roi Machia’h, même s’il existe plusieurs avis sur la nature de cette Techouva, selon le traité Sanhédrin 97b. Les dix sept premières malédictions eurent pour effet de la rendre plus difficile. En effet, ceux qui parviennent à la Techouva pour leurs propres actions partagent, en outre, une responsabilité collective avec les autres Juifs, car ils auraient dû réagir afin d’empêcher leurs fautes. Quant à ceux qui cherchent effectivement à les dissuader de mal agir, nos Sages affirment qu’ils peuvent même avoir recours aux brimades, aux réprimandes, aux malédictions.

Certes, D.ieu sait que, si ces hommes avaient protesté, ils n’auraient pas été entendus, mais eux-mêmes le savaient-ils, comme le font remarquer nos Sages, dans le traité Chabbat 55a ? Pour réparer tout cela, Ichaya fit savoir que : “ le jeune homme sera arrogant envers le vieillard ”, afin que ces hommes prennent conscience qu’on ne les écouterait pas, de sorte que cette objection soit écartée. Dès lors, il fut effectivement calmé, car, de la sorte, il réparait les conséquences des dix sept malédictions précédentes. On peut ainsi comprendre la précision apportée par nos Sages, selon laquelle, “ si les Juifs parviennent à la Techouva, ils seront aussitôt libérés ”, comme le rapporte le Rambam, dans ses lois de la Techouva, chapitre 9, paragraphe 5 et comme le dit l’Admour Hazaken, dans Iguéret Ha Techouva, au chapitre 11.

Notes

(1) Le Rav E. Halpern, de Londres.
(2) ‘Hanouka.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°4328.
(4) “ Ichaya prononça dix huit malédictions à l’encontre d’Israël, mais il ne fut pas calmé tant qu’il n’énonça pas ce verset (3, 5) : le jeune homme sera arrogant envers le vieillard ”, comme le rapporte le traité ‘Haguiga 14a.