Lettre n° 6124

Par la grâce de D.ieu,
20 Adar 5718,
Brooklyn, New York,

A l’attention de monsieur Eliézer Steinman(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu vos deux livres, “ recueil de paraboles pour le peuple et pour la jeunesse ” et “ le jardin de la ‘Hassidout ”(2). Je vous remercie d’avoir pensé à me les envoyer et sans doute en ferez-vous de même pour vos prochaines parutions. Les livres qui ont été expédiés d’ici vous sont sûrement parvenus. J’ai lu, avec intérêt, l’avant-propos de votre “ recueil de paraboles pour le peuple et pour la jeunesse ”. Pour l’heure, je ne me rappelle pas si vous citez, dans vos livres, l’optique de ‘Habad sur les images de la Torah, ce qui, bien entendu, inclut également la littérature ‘Habad. En effet, la Torah comporte aussi la Loi orale, jusqu’à la fin des générations, c’est-à-dire toutes les explications introduites par les érudits de la Torah, se basant sur la sainte Tradition qui remonte jusqu’à Moché, notre maître.

Le sens d’une image, dans la Torah, est le suivant. Celle-ci ne peut pas être totalement indépendante de ce qu’elle doit décrire et qui en découle. Ainsi, ce que l’on observe chez un roi de chair et d’os existera, à fortiori, chez le Roi, le Saint béni soit-Il. Une telle image est forte, car la royauté terrestre prend sa source dans la Royauté céleste. Et, il en est de même pour toutes les autres, pour toutes les illustrations de la Torah, comme l’exprime également un court dicton figurant au début du chapitre 3 du Tanya, qui traite de l’âme de l’homme. Ce texte explique que les trois parties de l’âme, Néfech, Roua’h et Nechama, comprennent dix niveaux, correspondant aux dix Sefirot supérieures, “ dont ils découlent ”, précise-t-il. Il en est de même pour toutes les paraboles. Ce concept est précisé à différentes références, par exemple dans le Torah Or, à la Parchat Mikets, page 42, colonne 2, commentant l’affirmation selon laquelle le roi Chlomo “ énonça trois mille paraboles ”, qui sont, en fait, trois mille facettes, l’une supérieure à l’autre, de la même idée. Selon les termes du Zohar, “ l’un est le cerveau de l’autre et l’un est la force du mal de l’autre ”. Et, le Torah Or précise, s’agissant d’une telle image, que : “ la spiritualité du stade inférieur est la matérialité du stade supérieur ”.

Une analyse précise montre que l’on doit nécessairement avoir recours à une telle définition des paraboles, si l’on tient compte du fait que le hasard n’existe pas et que D.ieu dirige le monde, jusque dans le moindre de ses détails. Une idée ne peut donc pas en décrire une autre par le simple fait du hasard, sans qu’il n’y ait une relation profonde entre eux. Peut-être est-ce pour cela que les paraboles sont si peu nombreuses, dans la ‘Hassidout ‘Habad. En effet, celle-ci explique la Divinité, montre que “ il n’est rien d’autre Lui ”. L’image adéquate est donc le corps, ainsi qu’il est dit : “ De ma chair, je percevrai le Divin ” ou bien, à un stade plus élevé, le fonctionnement de l’âme, car la Divinité se trouve en toute chose. L’enseignement de ‘Habad a pour objectif de mettre tout cela en évidence. Il est donc clair que l’on peut trouver une image et une illustration dans les différents stades et aspects de l’âme. Et, aucune autre parabole n’est nécessaire.

Avec mes respects et ma bénédiction,

Je citerai au moins une remarque spécifique, mais qui a peut-être également une portée générale. Celle-ci concerne la rubrique “ De la bouche des ‘Hassidim ” de votre recueil, à la page 300, qui rapporte le récit d’un ‘Hassid ‘Habad, grand commerçant, qui établit son bilan annuel et, sur sa dernière ligne, inscrivit, en guise de total, “ Il n’est rien d’autre que Lui ”. A ce propos, les ‘Hassidim savent par tradition selon qu’il s’agit d’un ‘Hassid de l’Admour Hazaken, le Rav Binyamin de Kletsk. L’explication est la suivante. Les ‘Hassidim soulignent que cet homme inscrivait le détail des dépenses, puis, sans en faire la somme, parvenu à la ligne du total, il nota : “ Il n’est rien d’autre que Lui ”, non pas en tant que fruit d’une réflexion préalable, mais comme une évidence. La synthèse finale de toute chose, quelle qu’elle soit, est bien : “ Il n’est rien d’autre que lui ”.

A la suite de cela, il est également raconté qu’on lui demanda, une fois, comment la ‘Hassidout pouvait demander que l’on mettre en pratique le Précepte : “ En toutes tes voies, connais Le ”, également au moment de la nourriture, de la boisson, du commerce et pour ce qui les concerne, d’après la définition que donne la ‘Hassidout d’une telle connaissance, c’est-à-dire une perception et un sentiment qui transpercent l’homme. Il répondit que, comme la pratique en fait la preuve, on peut, même au point central de la prière, au début de la Amida, avoir une pensée pour la foire de Leipzig. Dès lors, pourquoi s’étonner que, pendant la fois de Leipzig, on se dise que : “ Il n’est rien d’autre que Lui ” ?

Notes

(1) Voir, à son sujet, la lettre n°6009.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°5543.