Lettre n° 614

Par la grâce de D.ieu,
Veille de Roch ‘Hodech Sivan 5710,
Brooklyn, New York,

Au distingué ‘Hassid, qui craint D.ieu,
le Rav I.(1)

Je vous salue et vous bénis,

A l’occasion de Chavouot, temps du don de notre Torah, qui approche, je vous adresse le fascicule qui vient de paraître. A n’en pas douter, vous vous efforcerez de le mettre, partiellement ou intégralement, à la disposition du plus grand nombre. En effet, le coeur de chaque Juif et de chaque Juive reste toujours sensible à ce qui concerne la Torah et les Mitsvot.

Nos Sages ont porté témoignage, dans la Pessikta de Rav Kahana, au paragraphe Ha’hodech(2), que, même si "je dors" en exil, "mon coeur est en éveil", dans les synagogues, pour prier et dans les maisons d’étude, pour avoir accès à la Torah et pratiquer les Mitsvot et les bonnes actions.

Combien plus en est-il ainsi pendant la période qui va du 1er au 12 Sivan, celle de la préparation au don de la Torah, de son don proprement dit et des jours de complément.

L’étude de la Torah présente différents aspects:

Du point de vue des obligations de l’homme:

A) L’étude de la Torah est une des 248 Injonctions. Elle est même la plus importante.

B) L’étude de la Torah est, à elle seule, considérée comme l’ensemble des Préceptes, dans la mesure où elle conduit à l’action. De fait, c’est là la conséquence des deux Mitsvot que cumule l’étude, celle de "tu te consacreras à elle(3)" et celle de posséder la connaissance de la Torah(4). C’est précisément cette dernière qui est à l’origine de l’action.

Vous consulterez, à ce propos, les lois de l’étude de la Torah, de l’Admour Hazaken, chapitre 4, paragraphes 2 et suivants, de même que le Kountrass A’haron sur le début du troisième chapitre et les références qu’il cite. Vous verrez également le discours intitulé "Rabbi dit: Quiconque possède la Torah" de 5702(5).

Du point de vue de l’influence que la Torah exerce sur l’homme:

A) Les 248 Injonctions vivifient les 248 membres de l’âme, qui, sans elles, ne peuvent se perpétuer ni exister. De ce point de vue, la Mitsva de "tu te consacreras à elle" est identique à toutes les autres. En fait, elle les dépasse même et peut, en ce sens, être comparée aux membres vitaux de l’organisme.

B) La Mitsva de connaître la Torah est celle de la sagesse, liée au cerveau, qui surpasse tous les autres membres du corps. De ce fait, l’âme, qui fait vivre les 248 membres de ce corps, réside essentiellement dans le cerveau.

Vous consulterez, à ce propos, le Likouteï Torah, Parchat Nitsavim, au second chapitre du discours intitulé "Car cette Mitsva", Parchat Balak, à la fin du troisième chapitre du discours intitulé "Il n’a pas vu", le discours ‘hassidique intitulé "la source des jardins" de 5702(5) et le début du chapitre 51 du Tanya.

Au delà de tout ce qui vient d’être exposé, le verset dit “vous serez attachés à l’Eternel votre D.ieu" et, de cette façon, "tous vivants aujourd’hui". Nos Sages expliquent que les Juifs sont liés à la Torah et celle-ci au Saint béni soit-Il, Qui est à l’origine de la vitalité de l’âme, à la fois de sa parcelle, qui s’introduit dans le corps et de sa source, qui reste là-haut. Ce lien se révèle par l’intermédiaire de la Torah.

Le chef du peuple juif en est également la tête, le cerveau, l’âme collective, portant en elle toutes les âmes particulières. Toutes les bénédictions et toutes les influences sont donc obtenues par son intermédiaire. Et, comme on l’a dit, celles-ci sont exprimées par la Torah.

Vous consulterez, à ce propos, la fin du chapitre 34 des Avot de Rabbi Nathan, le Likouteï Torah Parchat Bamidbar, au troisième chapitre du discours intitulé "et D.ieu dit", le discours ‘hassidique intitulé "Rabbi Akiva dit: Soyez heureux, enfants d’Israël", dans la séquence de discours de 5666(6), le discours "Il se revêt de lumière" de 5700(7) et le second chapitre du Tanya.

Ce qui vient d’être dit nous permettra de comprendre ce qu’écrit mon beau-père, le Rabbi(8), à propos du "profond désir de se lier (à lui qui) ne peut être assouvi qu’en étudiant les discours ‘hassidiques que le maître prononce et rédige". Ainsi, "l’attachement véritable passe par l’étude de la Torah".

Il en résulte que, même s’il est conseillé d’apprendre plus particulièrement un texte envers lequel on éprouve une attirance, il reste indispensable d’étudier régulièrement l’enseignement du chef, de mon beau-père, le Rabbi. On le fera tout particulièrement:
1. comme entrée en matière à chaque événement de portée générale,
2. dans les moments importants.

Puisse D.ieu faire que nous soyons réellement attachés à l’arbre de vie et qu’à Chavouot, temps du don de la Torah, dans sa globalité, pour toute l’année, nous recevions la Torah joyeusement et profondément.

M. Schneerson,

* * *

J’ai bien reçu votre lettre du 25 Iyar.

Vous consulterez les propos du Rabbi, dans l’introduction du fascicule ci-joint et vous verrez à quel point il est important de ne pas relâcher les temps d’étude, les réunions ‘hassidiques, ce qu’à D.ieu ne plaise.

* * *

J’ai reçu, avec quelque retard, votre lettre du 10 Iyar(9).

Comme vous me l’avez demandé, j’ai lu, au jour dit, votre lettre auprès du tombeau. Le fascicule édité à l’occasion de la fête de Pessa’h vous a été envoyé, il y a quelques temps.

Vous continuerez sans doute à assumer votre mission d’émissaire des sages. Vous donnerez également des nouvelles de vos élèves et des études(10).

* * *

J’ai bien reçu votre lettre, qui n’était pas datée.

Je vous remercie de m’avoir donné des nouvelles de l’organisation féminine, de la diffusion du fascicule et de l’observation faite sur le livre du Rav Avraham Stern(11). Vous consulterez également les responsa ‘Hatam Sofer, tome 6, chapitre 98.

Je vous remercie également de m’avoir fait savoir que votre père, le Rav, va mieux.

* * *

La coutume est de dire Bare’hou après la prière d’Arvit du vendredi soir. En conséquence, si l’on prie seul, on lira le paragraphe Velomar(12), même si l’on a déjà dit Bare’hou auparavant(13).

Vous consulterez, à ce propos, le Zohar, tome 2, page 135b, qui dit: "Il faut introduire cette prière par une bénédiction(14)".

* * *

J’ai bien reçu votre lettre du 21 Iyar(15). Vous continuerez sans doute la rédaction de vos mémoires(16).

Vous m’écrivez que vous avez peur de dire "qu’il soit en bonne santé"(17), car tel n’est pas l’usage. Mais, pourquoi cette peur?

Igueret Hakodech, au chapitre 28, affirme que la vie du Juste est faite de foi, d’amour et de crainte. Son état de santé est donc encore meilleur. C’est bien évident.

Notes

(1) Cette lettre fut adressée à plusieurs personnes. Voir, à ce propos, la lettre n°481.
(2) Commentant le verset Chir Hachirim 5, 12.
(3) Jour et nuit, faisant obligation de l’étudier à chaque instant libre.
(4) Indépendamment du temps consacré à son étude.
(5) 1942, du précédent Rabbi.
(6) 1906, du Rabbi Rachab.
(7) 1940, du précédent Rabbi.
(8) Voir, à ce propos, la lettre n°561.
(9) Ce paragraphe a été ajouté à la lettre destinée au Rav Chlomo ‘Haïm Kasselman, de Terre Sainte. Voir, à son propos, la lettre n°425.
(10) Dans les Yechivot dont le Rav Kasselman était le guide spirituel.
(11) Voir, à ce propos, la lettre n°510.
(12) Dans lequel le Bare’hou est mentionné.
(13) Dans un office qui a eu lieu plus tôt.
(14) Bare’hou signifie bénissez.
(15) Ce paragraphe a été ajouté à la lettre destinée au Rav Chnéor Zalman Duchman. Voir, à son propos, la lettre n°414.
(16) Voir, à ce propos, les lettres n°566, 575, 594.
(17) A propos du précédent Rabbi, depuis son décès. Voir, à ce propos, la lettre suivante.