Lettre n° 6148
Par la grâce de D.ieu,
2 Nissan 5718,
Brooklyn,
Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, se consacre
aux besoins communautaires, aux multiples réalisations,
le Rav Yochoua Chnéor Zalman(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre de l’issue du Chabbat. Sans doute avez-vous déjà reçu ma réponse à vos précédents courriers. Toutefois, j’observe, dans votre lettre, une contradiction entre le début et la fin. En effet, vous commencez par me parler des rassemblements, des réunions ‘hassidiques, des discours, de la proximité des cœurs qui en a résulté. Puis, vous concluez en me disant que rien ne va. Or, depuis plusieurs années déjà, on est habitué à l’obscurité intense et profonde de cette période du talon du Machia’h. Pour autant, cette situation doit elle-même rester limitée, car l’infini existe uniquement dans le domaine du bien et de la sainteté. Il n’a pas son équivalent de l’autre côté. Je veux dire que vous devez prendre une feuille de papier, y décrire la situation difficile dans laquelle vous vous trouviez, il y a deux ou trois ans et celle que connaît cette institution(2), à l’heure actuelle. Vous constaterez une évolution qui, selon les voies de la nature, n’avait pas lieu d’être. Et, je ne mentionnerai que deux points survenus dernièrement :
A) Une subvention de quatre mille cinq cents livres a été accordée pour la construction, lors de la réunion de la conférence de Rome, alors qu’ici, il avait été décidé de ne pas donner un cent, pour ce projet. En outre, à Rome, aucune démarche n’a été faite, selon les voies de la nature, pour qu’un accord soit donné à une position diamétralement opposée à la précédente.
B) Vous dites, dans votre lettre, que la famille Lieber a donné tout le montant dont la Yechiva avait besoin pour financer la construction. Or, même dans votre situation actuelle de découragement, qui n’a pas lieu d’être, je me demande si vous pouvez trouver une explication naturelle à la manière dont cela s’est passé.
En fait, ces preuves ne sont données qu’à titre complémentaire. En effet, un enseignement clair a déjà été énoncé, selon lequel tout ce qui affaiblit l’action liée à la Torah et aux Mitsvot trouve sûrement sa source dans le mauvais penchant, comme l’établit le Hayom Yom, à la date du 23 Sivan, c’est-à-dire en ce qui est l’opposé de la volonté du Roi suprême, le Saint béni soit-Il. Or, comme l’expliquent le Kountrass Ou Mayan et de nombreux textes, celui qui refuse de s’abuser lui-même sait qu’il existe une alternative : “ Etes-vous à nous…(3) ? ”. Du point de vue de la volonté, à la différence de l’intellect, le fait qu’une réalisation soit ardue ou bien qu’elle soit aisée d’un bout à l’autre n’entre nullement en ligne de compte. Bien entendu, mon but n’est pas de vous faire un discours, mais bien de clarifier la situation. Le découragement prend sa source dans les avances et les stratagèmes du mauvais penchant. Or, tout comme on lutte contre lui et contre ses attaques, quand celles-ci portent sur une Mitsva de la Torah, au sens littéral, ce qui doit être une évidence pour vous, il doit en être strictement de même pour ce qui fait l’objet de notre propos.
Bien évidemment, cela ne signifie pas que le fonctionnement des institutions ‘Habad en Australie soit parfait, qu’il ne soit pas possible d’améliorer ou d’ajouter. Une telle perfection n’est pas concevable, dans notre monde, après la faute de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Et, comme vous le savez, il est demandé non seulement de faire un effort, mais aussi que celui-ci prenne la forme qui convient. On doit donc, en permanence, rechercher les carences et s’employer à les combler, à y remédier. A l’opposé, le découragement et l’abattement ne sont d’aucune utilité et ils ne vous sauveront pas, pas plus que ce que vous m’écrivez.
Votre présente lettre et la précédente semblent indiquer que vous avez désormais adopté une position extrême, selon laquelle vous ne pouvez vous en remettre à personne, pour l’action la plus accessoire comme pour la plus fondamentale. Or, si vous ne parvenez pas à tout accomplir, c’est la preuve la plus tangible que vous ne pouvez assumer toutes ces tâches. Et, il est, bien entendu, exclu de confier les tâches les plus secondaires ou bien celles qui font appel à la langue du pays à d’autres personnes. Ainsi, votre conception a la conséquence immédiate suivante. Vous ne sollicitez le conseil de personne, car, l’alternative est telle que si vous savez ce qu’il y a lieu de faire, vous n’avez pas besoin du conseil des autres et si votre compréhension ne vous permet pas d’aboutir à une conclusion, à quoi vous servirez leur raisonnement ? Il est clair que tout cela n’a pas de sens. En effet, la Michna établit que “ Il n’en est qu’Un Qui puisse juger seul ”. Il n’est nul besoin de le démontrer, tant cela est évident et se vérifie concrètement, à chaque pas.
Puisse D.ieu faire que vous reconnaissiez la vérité, que vous compreniez que vous pouvez exister sans remettre en cause l’existence des autres, que l’un complète l’autre, que nul ne doit être découragé parce qu’il a besoin d’être conseillé ou orienté, parce qu’il lui faut parfois corriger une erreur. Il n’y a pas du tout lieu d’abandonner le travail à cause de cela, bien au contraire. J’attends de bonnes nouvelles de tout cela. Vous me direz qu’au final, vous mettrez tout cela en pratique, avec joie et enthousiasme. Et, vous redoublerez d’ardeur dans la bonne part qui vous a été confiée par la divine Providence, puisque vous êtes l’un de ceux qui dirigent la diffusion des sources(4) dans votre pays, l’Australie. Puisse D.ieu faire que ceci s’accomplisse, avec une joie et un enthousiasme profonds et véritables, en bonne santé. Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse, pour me donner de bonnes nouvelles au plus vite,
M. Schneerson,
Notes
(1) Le Rav Y. C. Z. Serebrianski, de Melbourne, Australie. Voir, à son sujet, la lettre n°5961.
(2) La Yechiva Ohaleï Yossef Its’hak Loubavitch de Melbourne.
(3) Ou bien appartenez-vous à l’autre côté ?
(4) De la ‘Hassidout.
2 Nissan 5718,
Brooklyn,
Au Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, se consacre
aux besoins communautaires, aux multiples réalisations,
le Rav Yochoua Chnéor Zalman(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre de l’issue du Chabbat. Sans doute avez-vous déjà reçu ma réponse à vos précédents courriers. Toutefois, j’observe, dans votre lettre, une contradiction entre le début et la fin. En effet, vous commencez par me parler des rassemblements, des réunions ‘hassidiques, des discours, de la proximité des cœurs qui en a résulté. Puis, vous concluez en me disant que rien ne va. Or, depuis plusieurs années déjà, on est habitué à l’obscurité intense et profonde de cette période du talon du Machia’h. Pour autant, cette situation doit elle-même rester limitée, car l’infini existe uniquement dans le domaine du bien et de la sainteté. Il n’a pas son équivalent de l’autre côté. Je veux dire que vous devez prendre une feuille de papier, y décrire la situation difficile dans laquelle vous vous trouviez, il y a deux ou trois ans et celle que connaît cette institution(2), à l’heure actuelle. Vous constaterez une évolution qui, selon les voies de la nature, n’avait pas lieu d’être. Et, je ne mentionnerai que deux points survenus dernièrement :
A) Une subvention de quatre mille cinq cents livres a été accordée pour la construction, lors de la réunion de la conférence de Rome, alors qu’ici, il avait été décidé de ne pas donner un cent, pour ce projet. En outre, à Rome, aucune démarche n’a été faite, selon les voies de la nature, pour qu’un accord soit donné à une position diamétralement opposée à la précédente.
B) Vous dites, dans votre lettre, que la famille Lieber a donné tout le montant dont la Yechiva avait besoin pour financer la construction. Or, même dans votre situation actuelle de découragement, qui n’a pas lieu d’être, je me demande si vous pouvez trouver une explication naturelle à la manière dont cela s’est passé.
En fait, ces preuves ne sont données qu’à titre complémentaire. En effet, un enseignement clair a déjà été énoncé, selon lequel tout ce qui affaiblit l’action liée à la Torah et aux Mitsvot trouve sûrement sa source dans le mauvais penchant, comme l’établit le Hayom Yom, à la date du 23 Sivan, c’est-à-dire en ce qui est l’opposé de la volonté du Roi suprême, le Saint béni soit-Il. Or, comme l’expliquent le Kountrass Ou Mayan et de nombreux textes, celui qui refuse de s’abuser lui-même sait qu’il existe une alternative : “ Etes-vous à nous…(3) ? ”. Du point de vue de la volonté, à la différence de l’intellect, le fait qu’une réalisation soit ardue ou bien qu’elle soit aisée d’un bout à l’autre n’entre nullement en ligne de compte. Bien entendu, mon but n’est pas de vous faire un discours, mais bien de clarifier la situation. Le découragement prend sa source dans les avances et les stratagèmes du mauvais penchant. Or, tout comme on lutte contre lui et contre ses attaques, quand celles-ci portent sur une Mitsva de la Torah, au sens littéral, ce qui doit être une évidence pour vous, il doit en être strictement de même pour ce qui fait l’objet de notre propos.
Bien évidemment, cela ne signifie pas que le fonctionnement des institutions ‘Habad en Australie soit parfait, qu’il ne soit pas possible d’améliorer ou d’ajouter. Une telle perfection n’est pas concevable, dans notre monde, après la faute de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Et, comme vous le savez, il est demandé non seulement de faire un effort, mais aussi que celui-ci prenne la forme qui convient. On doit donc, en permanence, rechercher les carences et s’employer à les combler, à y remédier. A l’opposé, le découragement et l’abattement ne sont d’aucune utilité et ils ne vous sauveront pas, pas plus que ce que vous m’écrivez.
Votre présente lettre et la précédente semblent indiquer que vous avez désormais adopté une position extrême, selon laquelle vous ne pouvez vous en remettre à personne, pour l’action la plus accessoire comme pour la plus fondamentale. Or, si vous ne parvenez pas à tout accomplir, c’est la preuve la plus tangible que vous ne pouvez assumer toutes ces tâches. Et, il est, bien entendu, exclu de confier les tâches les plus secondaires ou bien celles qui font appel à la langue du pays à d’autres personnes. Ainsi, votre conception a la conséquence immédiate suivante. Vous ne sollicitez le conseil de personne, car, l’alternative est telle que si vous savez ce qu’il y a lieu de faire, vous n’avez pas besoin du conseil des autres et si votre compréhension ne vous permet pas d’aboutir à une conclusion, à quoi vous servirez leur raisonnement ? Il est clair que tout cela n’a pas de sens. En effet, la Michna établit que “ Il n’en est qu’Un Qui puisse juger seul ”. Il n’est nul besoin de le démontrer, tant cela est évident et se vérifie concrètement, à chaque pas.
Puisse D.ieu faire que vous reconnaissiez la vérité, que vous compreniez que vous pouvez exister sans remettre en cause l’existence des autres, que l’un complète l’autre, que nul ne doit être découragé parce qu’il a besoin d’être conseillé ou orienté, parce qu’il lui faut parfois corriger une erreur. Il n’y a pas du tout lieu d’abandonner le travail à cause de cela, bien au contraire. J’attends de bonnes nouvelles de tout cela. Vous me direz qu’au final, vous mettrez tout cela en pratique, avec joie et enthousiasme. Et, vous redoublerez d’ardeur dans la bonne part qui vous a été confiée par la divine Providence, puisque vous êtes l’un de ceux qui dirigent la diffusion des sources(4) dans votre pays, l’Australie. Puisse D.ieu faire que ceci s’accomplisse, avec une joie et un enthousiasme profonds et véritables, en bonne santé. Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse, pour me donner de bonnes nouvelles au plus vite,
M. Schneerson,
Notes
(1) Le Rav Y. C. Z. Serebrianski, de Melbourne, Australie. Voir, à son sujet, la lettre n°5961.
(2) La Yechiva Ohaleï Yossef Its’hak Loubavitch de Melbourne.
(3) Ou bien appartenez-vous à l’autre côté ?
(4) De la ‘Hassidout.