Lettre n° 6179
Par la grâce de D.ieu,
11 Nissan 5718,
Brooklyn, New York,
A nos frères les enfants d’Israël, partout où ils se trouvent,
que D.ieu leur accorde longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
Chaque fête possède un contenu spécifique et délivre, en conséquence, des enseignements, une leçon, concernant, d’une part, tous ceux qui ont reçu cette fête, à titre personnel et de par leur appartenance au peuple d’Israël et d’autre part, tout le peuple d’Israël en tant qu’entité. Le caractère de chaque fête se reflète et s’exprime dans son nom, ses Mitsvot, ses lois, les coutumes qui lui sont attachées. Or, l’un des moments forts de Pessa’h est défini par le nom que les membres de la grande Assemblée ont assigné à cette fête : “ Temps de notre liberté ”. La Torah, qui est appelée Torah de vie car elle est un guide sur le chemin de la vie, demande à chaque Juif de se remémorer, de revivre la sortie d’Egypte, chaque jour de sa vie.
Selon les termes de nos Sages(1), “ en chaque génération, chaque jour, un Juif doit considérer qu’il a quitté l’Egypte, le jour-même ”. Cette Injonction et cette requête s’appliquent à chaque époque, aussi bien lorsque nous possédions, depuis longtemps déjà, la royauté de la maison de David, lorsque le Temple était construit, que dans les obscures périodes de persécution, ce qu’à D.ieu ne plaise. Elles s’appliquent également à chaque Juif, chaque jour. Même si l’on a revécu la sortie d’Egypte hier, on doit le faire encore aujourd’hui(2), puis recommencer demain(3).
En effet, le contenu de la sortie d’Egypte est la libération des entraves, des limites qui se trouvent sur le chemin et qui empêchent d’être ce que l’on doit et de faire ce qui convient. C’est la raison pour laquelle la sortie d’Egypte de la veille n’est pas suffisante, eu égard à la situation et au niveau du jour même, de même que la sortie d’Egypte du jour ne sera pas suffisante pour le lendemain.
* * *
Un réflexion, basée sur les éléments constitutifs du monde qui nous entoure, nous permettra de clarifier et d’affiner ce qui vient d’être dit. Lorsque l’on réunit, positivement, tout ce qui est nécessaire pour pousser, la terre, l’eau, l’air, un végétal se trouve alors “ libéré ” de tous ses “ tracas ” et de ses entraves. Même s’il ne peut quitter l’endroit où il se trouve, même s’il est “ contraint ” d’y demeurer pendant toutes les années de son existence, il n’en possède pas moins la liberté, telle qu’elle est concevable pour un végétal. En tant que tel, il est réellement libre. Un animal, en revanche, même s’il obtient la satisfaction de tous ses besoins, sa nourriture et sa boisson, considérera qu’il est prisonnier dès lors qu’il ne pourra quitter l’endroit où il se trouve. Il se dira que sa situation est terrible, car l’essentiel lui manquera.
Un homme possède un intellect. Même s’il a une totale liberté de mouvement, il sera littéralement emprisonné, si on le prive de sa vie intellectuelle. En pareil cas, il aura perdu l’aspect essentiel de son existence. Et, il en est de même également, dans le monde de la pensée. Celui qui peut atteindre les plus hauts niveaux et qu’on limite à l’univers intellectuel d’un petit enfant, considérera que son ego véritable se trouve dans une amère prison. En consacrant ses années, son intellect, ses capacités, à manger, à boire, à recevoir les moyens de manger et de boire, sans avoir la possibilité de connaître l’élévation, on se place soi-même dans une prison qui est, par différents aspects, beaucoup plus amère et qui a des conséquences beaucoup plus dommageables.
* * *
Chaque Juif possède une âme divine, “ parcelle de Divinité véritable ”. Même si celle-ci s’introduit dans une âme animale et dans un corps, elle reste liée à D.ieu, à l’En Sof. Elle aspire donc à la liberté véritable, à sortir d’Egypte, en permanence et sans fin. De ce fait, elle ne peut rester en place. Chaque jour, grâce à l’élévation qu’elle a reçue par la Torah et les Mitsvot, elle se rapproche de l’En Sof et, dès lors, elle ressent profondément que le niveau qu’elle avait atteint hier est, aujourd’hui, déjà l’Egypte, qu’il est donc nécessaire de se libérer(4) et de s’élever(5).
* * *
D.ieu fasse que le temps de notre liberté, qui approche, apporte à chacun et à chacune la libération de tous les obstacles et de tous les écueils, physiques, matériels et moraux. Et, que l’on s’élève, dans la joie et l’enthousiasme, de plus en plus haut, jusqu’à connaître, de la manière la plus pleine, ce temps de notre liberté, avec la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h, très bientôt et de nos jours. Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Le Rabbi note, en bas de page : “ Tanya chapitre 47 ”.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “ Le discours ‘hassidique intitulé : ‘Comme aux jours’, de 5708, explique : ‘Il est dit : ‘comme aux jours de ta sortie d’Egypte’, au pluriel. Depuis la sortie d’Egypte jusqu’à la délivrance future, très bientôt et de nos jours, Amen, nous vivons les jours de ta sortie d’Egypte’. On consultera également le Likouteï Torah, au second discours intitulé : ‘Voici les étapes’. ”
(3) Voir une explication, à ce sujet, dans le Likouteï Si’hot, tome 2, page 544.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ L’importance d’y parvenir peut être déduite de la punition infligée à celui qui s’y soustrait. Nos Sages disent, à propos de Nakdimon Ben Gouryon dans le traité Ketouvot 66b et à propos de Rabbi ‘Hanina Ben Teradyon dans le traité Avoda Zara 17b : ‘Il n’a pas fait autant qu’il l’aurait fallu’. ”
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir la fin du traité Bera’hot, le Zohar, tome 2, page 134b, le discours ‘hassidique intitulé ‘Si vous marchez dans Mes Décrets’ de 5700, au chapitre 5, qui dit : ‘l’avancement, qui fait la qualité des enfants d’Israël par rapport aux anges, est véritablement infini’. ”
11 Nissan 5718,
Brooklyn, New York,
A nos frères les enfants d’Israël, partout où ils se trouvent,
que D.ieu leur accorde longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
Chaque fête possède un contenu spécifique et délivre, en conséquence, des enseignements, une leçon, concernant, d’une part, tous ceux qui ont reçu cette fête, à titre personnel et de par leur appartenance au peuple d’Israël et d’autre part, tout le peuple d’Israël en tant qu’entité. Le caractère de chaque fête se reflète et s’exprime dans son nom, ses Mitsvot, ses lois, les coutumes qui lui sont attachées. Or, l’un des moments forts de Pessa’h est défini par le nom que les membres de la grande Assemblée ont assigné à cette fête : “ Temps de notre liberté ”. La Torah, qui est appelée Torah de vie car elle est un guide sur le chemin de la vie, demande à chaque Juif de se remémorer, de revivre la sortie d’Egypte, chaque jour de sa vie.
Selon les termes de nos Sages(1), “ en chaque génération, chaque jour, un Juif doit considérer qu’il a quitté l’Egypte, le jour-même ”. Cette Injonction et cette requête s’appliquent à chaque époque, aussi bien lorsque nous possédions, depuis longtemps déjà, la royauté de la maison de David, lorsque le Temple était construit, que dans les obscures périodes de persécution, ce qu’à D.ieu ne plaise. Elles s’appliquent également à chaque Juif, chaque jour. Même si l’on a revécu la sortie d’Egypte hier, on doit le faire encore aujourd’hui(2), puis recommencer demain(3).
En effet, le contenu de la sortie d’Egypte est la libération des entraves, des limites qui se trouvent sur le chemin et qui empêchent d’être ce que l’on doit et de faire ce qui convient. C’est la raison pour laquelle la sortie d’Egypte de la veille n’est pas suffisante, eu égard à la situation et au niveau du jour même, de même que la sortie d’Egypte du jour ne sera pas suffisante pour le lendemain.
* * *
Un réflexion, basée sur les éléments constitutifs du monde qui nous entoure, nous permettra de clarifier et d’affiner ce qui vient d’être dit. Lorsque l’on réunit, positivement, tout ce qui est nécessaire pour pousser, la terre, l’eau, l’air, un végétal se trouve alors “ libéré ” de tous ses “ tracas ” et de ses entraves. Même s’il ne peut quitter l’endroit où il se trouve, même s’il est “ contraint ” d’y demeurer pendant toutes les années de son existence, il n’en possède pas moins la liberté, telle qu’elle est concevable pour un végétal. En tant que tel, il est réellement libre. Un animal, en revanche, même s’il obtient la satisfaction de tous ses besoins, sa nourriture et sa boisson, considérera qu’il est prisonnier dès lors qu’il ne pourra quitter l’endroit où il se trouve. Il se dira que sa situation est terrible, car l’essentiel lui manquera.
Un homme possède un intellect. Même s’il a une totale liberté de mouvement, il sera littéralement emprisonné, si on le prive de sa vie intellectuelle. En pareil cas, il aura perdu l’aspect essentiel de son existence. Et, il en est de même également, dans le monde de la pensée. Celui qui peut atteindre les plus hauts niveaux et qu’on limite à l’univers intellectuel d’un petit enfant, considérera que son ego véritable se trouve dans une amère prison. En consacrant ses années, son intellect, ses capacités, à manger, à boire, à recevoir les moyens de manger et de boire, sans avoir la possibilité de connaître l’élévation, on se place soi-même dans une prison qui est, par différents aspects, beaucoup plus amère et qui a des conséquences beaucoup plus dommageables.
* * *
Chaque Juif possède une âme divine, “ parcelle de Divinité véritable ”. Même si celle-ci s’introduit dans une âme animale et dans un corps, elle reste liée à D.ieu, à l’En Sof. Elle aspire donc à la liberté véritable, à sortir d’Egypte, en permanence et sans fin. De ce fait, elle ne peut rester en place. Chaque jour, grâce à l’élévation qu’elle a reçue par la Torah et les Mitsvot, elle se rapproche de l’En Sof et, dès lors, elle ressent profondément que le niveau qu’elle avait atteint hier est, aujourd’hui, déjà l’Egypte, qu’il est donc nécessaire de se libérer(4) et de s’élever(5).
* * *
D.ieu fasse que le temps de notre liberté, qui approche, apporte à chacun et à chacune la libération de tous les obstacles et de tous les écueils, physiques, matériels et moraux. Et, que l’on s’élève, dans la joie et l’enthousiasme, de plus en plus haut, jusqu’à connaître, de la manière la plus pleine, ce temps de notre liberté, avec la délivrance véritable et complète, par notre juste Machia’h, très bientôt et de nos jours. Avec ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Le Rabbi note, en bas de page : “ Tanya chapitre 47 ”.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “ Le discours ‘hassidique intitulé : ‘Comme aux jours’, de 5708, explique : ‘Il est dit : ‘comme aux jours de ta sortie d’Egypte’, au pluriel. Depuis la sortie d’Egypte jusqu’à la délivrance future, très bientôt et de nos jours, Amen, nous vivons les jours de ta sortie d’Egypte’. On consultera également le Likouteï Torah, au second discours intitulé : ‘Voici les étapes’. ”
(3) Voir une explication, à ce sujet, dans le Likouteï Si’hot, tome 2, page 544.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ L’importance d’y parvenir peut être déduite de la punition infligée à celui qui s’y soustrait. Nos Sages disent, à propos de Nakdimon Ben Gouryon dans le traité Ketouvot 66b et à propos de Rabbi ‘Hanina Ben Teradyon dans le traité Avoda Zara 17b : ‘Il n’a pas fait autant qu’il l’aurait fallu’. ”
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir la fin du traité Bera’hot, le Zohar, tome 2, page 134b, le discours ‘hassidique intitulé ‘Si vous marchez dans Mes Décrets’ de 5700, au chapitre 5, qui dit : ‘l’avancement, qui fait la qualité des enfants d’Israël par rapport aux anges, est véritablement infini’. ”