Lettre n° 6247

Par la grâce de D.ieu,
15 Iyar 5718,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, le Rav Mena’hem(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre de ce lundi, dans laquelle vous évoquez les points suivants :

A) Il semble qu’une des synagogues de votre ville construise actuellement un édifice nouveau pour la prière. On dit qu’il est question de faire figurer dans les plans de cette construction l’absence de séparation(2), au sein de la synagogue, de sorte que celle-ci sera mixte. Vous me demandez si vous devez lutter ou bien ne rien faire. En effet, certains disent qu’un combat pourrait empirer la situation. Vous soulignez, cependant, qu’il n’y a pas de décision finale sur cette mixité. Il est donc clair que l’on ne peut pas rester les bras croisés. Nos Sages disent qu’en pareil cas, il faut être rusé dans sa crainte. Le but est qu’il y ait effectivement une telle séparation. Bien souvent, on obtient ce résultat quand on fait en sorte que la question ne soit pas résolue par la lutte, mais plutôt par une intervention informelle, en s’adressant à tous ceux qui peuvent influencer la décision. Il faut faire attention qu’ils ne recherchent pas la victoire, ce qui est une démarche très dommageable. Bien entendu, la décision quant à la manière de procéder qui convient pour cette synagogue dépend de la personnalité de ses dirigeants, des relations qu’ils entretiennent avec vous et avec ceux qui sont susceptibles de les convaincre qu’une synagogue doit être bâtie en conformité avec la volonté du Créateur.

Il est lamentable et contraire à la logique première de prier et de solliciter une faveur à qui que ce soit en allant à l’encontre de la volonté de celui que l’on implore. Il en ainsi également pour une personne de chair et d’os. Quand quelqu’un formule une demande en précisant aussitôt qu’il transgressera sa volonté, bien plus qu’il le fera dans sa maison, mais qu’il lui demande, néanmoins, d’accéder à cette requête, celui qui adopte une telle attitude sera considéré comme un fou. Vous dites que, selon certains, une telle séparation n’est qu’une coutume. Vous savez sans doute qu’ont été édités, y compris en langue anglaise, des articles et des brochures expliquant ce qu’est une telle séparation et quelle est précisément l’interdiction, en la matière. Vous pourrez vous les procurer auprès des organismes rabbiniques centraux de New York.

B) Vous faites allusion à votre état de santé et aux douleurs que vous aviez auparavant. Le médecin vous dit que vous devez vous maîtriser, vous libérer des tracas et de la tension. Vous savez quelle est la solution pour ne pas se faire de soucis. Il faut avoir confiance en D.ieu. Et, vous trouverez une longue explication, à ce propos, dans le ‘Hovat Ha Levavot, à la “ Porte de la confiance ”. En fait, il y a là une conséquence directe de la foi des enfants d’Israël, qui sont “ croyants, fils de croyants ”. La foi établit que D.ieu accorde à chacun Sa Providence. Il est l’Essence du bien et, selon l’expression de nos Sages, “ tout ce que D.ieu fait est pour le bien ”. Dès lors, pourquoi se faire du souci ? Cela est possible uniquement quand on oublie le principe même de la foi.

Il est à noter qu’il en est ainsi pour tout ce qui dépend de D.ieu, car, disent nos Sages, “ tout est dans les mains de D.ieu, sauf la crainte de D.ieu ”. Pour tout ce qui concerne la Torah et les Mitsvot, il appartient donc à l’homme d’améliorer son comportement, conformément à la finalité de la création, comme l’affirment les termes de la Michna selon lesquels : “ J’ai été créé pour servir mon Créateur ”. Bien que vous ne le disiez pas clairement, j’espère que vous avez un temps fixé pour étudier la partie révélée de la Torah et la ‘Hassidout, que vous augmentez même régulièrement ce temps. En effet, nous avons reçu l’Injonction de connaître l’élévation dans le domaine de la sainteté. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela,

N. B. : Mon secrétaire qui rédige en anglais n’est pas ici en ce moment. C’est la raison pour laquelle ma réponse est formulée dans la Langue sacrée. Pour autant, vous pouvez continuer à m’écrire en anglais.

Notes

(1) Le Rav M. Feldman, d’Atlanta.
(2) Entre les hommes et les femmes. Voir, à ce sujet, la lettre n°5521.