Lettre n° 642

Par la grâce de D.ieu,
14 Tamouz 5710,

Au grand Rav, ‘Hassid qui craint D.ieu, grand érudit,
issu d’une illustre lignée, aux multiples réalisations et
connu pour ses bonnes actions, qui rend le jugement
et conduit sa communauté dans le calme, le grand Rav
Raphaël Barou’h(1), guide spirituel de la sainte com-
munauté de Meknès et dont l’influence s’étend sur
tout le pays,

Je vous salue et vous bénis largement,

J’ai bien reçu votre télégramme, que vous avez signé conjointement avec notre ami, le grand Rav, distingué et érudit ‘Hassid qui craint D.ieu, aux multiples réalisations, comparables à celles de Rabbi ‘Hya(2), le Rav M. Lipsker(3). Ce télégramme exprimait votre bénédiction, à l’occasion de la fête de la libération de mon beau-père, le Rabbi.

Quiconque accorde une bénédiction en reçoit une lui-même, celle du Saint béni soit-Il, dont l’intérêt dépasse le capital. Le Rabbi(4), père de mon beau-père, explique, dans son testament, intitulé "éduque l’enfant", qu’une telle bénédiction émane de la Lumière divine qui transcende l’enchaînement des mondes.

Ainsi, non seulement tout ce qui existe à la source, là-haut, peut se révéler ici-bas, mais, bien plus, toutes les barrières et tous les obstacles sont supprimés.

Tout ceci s’ajoute au fait qu’une Volonté nouvelle de D.ieu est suscitée ainsi, vous permettant d’obtenir une vitalité accrue, la bénédiction et la paix en tout ce qui vous concerne, Amen.

Vous m’annoncez également une nouvelle réjouissante. Vous promettez de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour obtenir un visa d’entrée dans votre pays pour le grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu, proche disciple de mon beau-père, le Rabbi et son fondé de pouvoir, le Rav Binyamin Gorodetski(5).

Il est sûrement inutile d’expliquer à quelqu’un comme vous à quel point il est important que ceci se fasse au plus vite.

Pour l’accomplissement de chaque Mitsva, l’Admour Hazaken souligne longuement l’importance de l’empressement. Il le déduit du fait que cette qualité, que possédait notre père Avraham, nous protège et protège nos enfants, pour l’éternité. En effet, le sacrifice proprement dit ne constituait pas réellement une difficile épreuve, si l’on tient compte de la grandeur d’Avraham, comme l’explique Igueret Hakodech, au chapitre 21.

Combien plus l’empressement est-il important et déterminant, lorsqu’il s’agit de l’éducation des enfants, surtout des plus jeunes et tout particulièrement en une période aussi difficile, en la génération du talon du Machia’h, lorsque "il n’est pas de jour(6)". La pénombre est intense. L’exil est de plus en plus noir. Mon beau-père, le Rabbi, a expliqué que, juste avant le lever du jour, l’obscurité est la plus opaque.

Seule la Torah est notre vie et l’on doit donc l’étudier le plus largement, quantitativement et qualitativement. On doit apprendre, en particulier, son enseignement profond, son luminaire et sa splendeur, qui est un élixir de vie.

Il faut donc renforcer ceux qui l’étudient, ceux qui s’occupent de cela et s’y consacrent, jusqu’à ce que l’Eternel, avec bonté et miséricorde, brise le joug de l’exil. Alors, Israël sera libéré par la Tsédaka, y compris par celle qui consiste à faire revivre l’âme des pauvres. Or, "n’est pauvre que(7)". Et l’obscurité de la nuit fait que certains ne voient nullement en cela de la pauvreté. Ainsi, nous serons conduits, la tête haute, vers notre terre, par notre juste Machia’h, très bientôt et de nos jours, Amen.

Je conclurai en commentant la Torah et j’évoquerai la possibilité de donner de la Tsédaka pendant la nuit, puisqu’il en a été question. On m’a interrogé, il y a quelques temps, sur ce que dit le Naguid Oumetsavé, au chapitre sur la prière du matin: "Il n’est pas bon de donner de la Tsédaka pendant la nuit". Or, le contraire semble plus logique puisque l’Attribut de sévérité se dévoile, pendant la nuit. Il pourrait donc paraître judicieux de donner de la Tsédaka pour l’adoucir(8).

Vous consulterez également la fin du Chaareï Tefila, du Rav Yaakov Rokéa’h, édité à Livourne en 5630(9).

Je vous salue. Que votre Torah se fructifie et que vous assumiez longtemps votre fonction, votre mission sacrée, avec bonheur.

En vous souhaitant tout le bien et dans l’attente de vos bonnes nouvelles,

Rav Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Le Rav Raphaël Barou’h Tolédano, de Meknès. Voir, à son propos, les lettres n°677 et 758.
(2) Qui enseigna la Torah aux enfants et fit ainsi qu’elle ne soit pas oubliée par le peuple juif.
(3) Qui s’était installé au Maroc et se consacrait à l’éducation des enfants. Voir la lettre n°559.
(4) Rachab.
(5) Voir, à ce propos, la lettre n°620.
(6) Dont la malédiction ne soit plus forte que celle de la veille.
(7) Celui qui manque de connaissances.
(8) La fin de cette explication, répondant à la question posée, se trouve dans la lettre n°238, de laquelle ce passage a été recopié ici.
(9) 1870.