Lettre n° 6506

Par la grâce de D.ieu,
Veille de Roch Hachana 5719,
Brooklyn, New York,

A l’attention du docteur Yossef Goldschmidt, directeur du
du département de l’éducation religieuse de la sainte ville
de Jérusalem, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre du 22 Elloul, qui vient de me parvenir. Je commencerai par vous exprimer ma gratitude pour l’intérêt que vous manifestez, pour votre aide, de par le passé et, plus encore, pour votre promesse d’aide, pour l’avenir, non pas uniquement celui qui est à long terme, mais aussi pour l’avenir immédiat, pour ces mois-ci, au seuil de cette nouvelle année scolaire. Il est sûrement inutile de remercier quelqu’un comme vous. Malgré cela, je vous exprime ma chaleureuse reconnaissance, conformément à l’affirmation de nos Sages selon laquelle “ on conseille l’empressement à ceux qui possèdent naturellement cette qualité ”. Or, l’expression de la gratitude est propice à l’empressement grâce auquel on peut multiplier les actions positives. J’espère que vous constaterez vous-même un tel effet, en particulier dans les domaines où il convient de dépasser la ligne de la Loi et surtout quand il faut la dépasser largement.

S’agissant du point essentiel que vous abordez dans votre lettre, c’est-à-dire la nécessité, pour les enseignants et les enseignantes, de posséder un minimum de connaissances et d’aptitudes à l’éducation et à la pédagogie, il va sans dire que je partage votre avis et la preuve en est, comme vous le constatez vous-même dans votre lettre, que cette conception est mise en application, ici-même, dans les Yechivot Loubavitch et qu’une telle exigence est concrètement formulée dans la vie. Néanmoins, quelqu’un qui vit en Terre Sainte depuis plusieurs années, qui a vu de quelle manière tout a été créé et fait à partir du néant(1), sait que cela a pris du temps, qu’il a fallu, pour obtenir ce résultat, renoncer à plusieurs points essentiels, très importants, parce qu’il fallait introduire des acquis fondamentaux, faire en sorte que ceux-ci soient suivis d’effet. A l’heure actuelle, une décennie après 5708(2), une bonne partie de ce qui est indispensable se trouve encore dans cette situation. Pour autant, on ne regrette pas d’avoir procédé de la sorte, car il est encore plus important et fondamental que la situation se perpétue, même en l’état, avec ses carences et ses déficiences. En conséquence, je suis convaincu que vous adopterez cette approche et cette conception également pour le point que vous abordez dans votre lettre, concernant les écoles ‘Habad. Du reste, aux Etats-Unis également, cette évolution a pris quelques années. En Erets Israël aussi, on se dirige en ce sens, même s’il est, bien entendu, difficile de fixer le jour et l’heure auxquels toutes les requêtes judicieuses seront satisfaites, en matière d’aptitude pédagogique et de connaissances.

Mon espoir est conforté par le fait qu’il s’agisse(3), en l’occurrence, de jeunes gens, faisant preuve d’un grand dévouement dans leur rôle d’enseignants et d’éducateurs. Car, le fait de s’installer dans des endroits éloignés(4) était exclu, non seulement pour eux-mêmes, mais aussi pour le milieu dans lequel ils évoluaient, non pas uniquement pour des motifs économiques, mais surtout pour des raisons religieuses. Malgré cela, ils ont accepté le principe de se rendre là où ils se trouvent relativement seuls, dans un environnement étranger. Au final, ils n’en ont pas tiré des trésors d’argent et d’or, ni même d’immenses acquis religieux, car chacun d’entre eux, dans son entourage(5), diffusait déjà les valeurs juives. Leur abnégation et leur enthousiasme à l’idée de se rendre dans ces endroits éloignés afin d’y éduquer les enfants juifs étaient suffisamment grands pour écarter les aspects négatifs, y compris les plus fondamentaux. Il est donc naturel que cet enthousiasme prenne le dessus sur les difficultés qu’il peut y avoir à acquérir des connaissances et à renforcer sa pédagogie. J’ai la conviction que pratiquement tous possèdent des moyens et des aptitudes, en la matière. Si certains en manquent, c’est parce que, jusqu’à présent, ceci ne leur était d’aucune utilité et ils n’en ressentaient pas le besoin. J’admets que l’acquisition de ces connaissances n’est pas sanctionnée par l’obtention d’un diplôme officiel. Mais, pour quelqu’un comme vous, surtout dans la situation que connaît Erets Israël, ce n’est pas la feuille de papier appelée diplôme qui compte, mais bien les connaissances effectives et, avant tout, le dévouement pour le bien des élèves.

Je me permets de joindre à la présente une copie de la lettre que j’ai adressée à tous, à l’occasion de ce Roch Hachana(6). Il y est question de la confiance qui doit être accordée aux Juifs, en tout ce qui concerne la foi. A mon sens, il en est de même pour la forme de confiance à laquelle vous faites allusion dans votre lettre, dans le domaine de l’éducation et de la pédagogie. De fait, ceci est absolument identique, car votre activité, en la matière, se conçoit uniquement dans la mesure où l’on voit en elle un ordre de notre sainte Torah, Torah de vie.

A l’occasion de la nouvelle année qui approche, pour nous et pour tout Israël, pour le bien et pour la bénédiction, j’adresse mes vœux à vous-même et à tous ceux qui vous suivent, afin que vous soyez inscrits et scellés pour une bonne et douce année, à la fois matériellement et spirituellement, en ce qui vous concerne personnellement et dans vos accomplissements publics, qui sont les canaux et les réceptacles de la bénédiction de D.ieu, apportant la richesse, physique et morale. Avec mes respects et ma bénédiction,

Notes

(1) Lors de la constitution du pays.
(2) 1948, date de la création de l’état.
(3) Les ‘Hassidim enseignant dans le réseau des écoles Ohaleï Yossef Its’hak Loubavitch en Terre Sainte.
(4) De tout communauté religieuse constituée.
(5) Avant de se rendre dans l’endroit reculé où ils enseignent actuellement.
(6) Il s’agit de la lettre n°6499.