Lettre n° 6533

Par la grâce de D.ieu,
29 Tichri 5719,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je me suis rendu, en ce jour(1), près du saint tombeau de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera et c’est alors que j’ai reçu votre lettre de l’issue du Chabbat, avec ce qui y était joint. Vous consulterez, à ce propos, le Yerouchalmi, au traité Bera’hot, fin du chapitre 8, qui dit : “ S’il t’a béni ”, de même que la réponse figurant dans la seconde citation. En effet, on peut s’interroger sur ce qui est rapporté par ce texte. Pourquoi dire : “ une réponse t’a déjà été donnée deux fois ” plutôt que de préciser quelle était cette réponse ? On aurait pu avancer qu’un homme est limité par ce qu’il voit de ses yeux et par ce qu’il entend de ses oreilles. Pour autant, une bénédiction peut aussi être celle de Bilaam(2), selon le traité Sanhédrin 105b. C’est pour cela que l’on en transmet l’autorité au ciel. Et, l’on ne peut pas se demander pourquoi l’on répond Amen à une telle bénédiction. En effet, le terme Amen fait suite à une parole qui est prononcée, alors que “ une réponse t’a déjà été donnée ” se rapporte à l’intention, comme l’indique la lettre. Certes, le texte ne précise pas pourquoi, quand il rencontra quelqu’un d’autre et le maudit, celui-ci lui répondit également : “ une réponse t’a déjà été donnée ”. En effet, il est clair qu’il n’y a pas lieu d’interpréter les propos d’un idolâtre, comme le rapporte le traité Moéd Katan 9b. A cette référence, vous consulterez également le Maharcha, de même que le Likouteï Torah de l’Admour Hazaken, à la Parchat Be’houkotaï, page 48b. On peut, en outre, expliquer qu’il n’est pas bon de punir le Juste, qui qu’il soit. Malgré tout cela, ce passage n’est pas encore parfaitement clair.

On pourrait considérer que la réponse de laquelle il s’agit ici avait pour but d’aiguiser l’esprit des élèves, mais cela est également difficile à accepter. Il me semble donc qu’il faut avancer l’interprétation suivante, comme je l’ai expliqué au cours de la réunion ‘hassidique de ce Chabbat Béréchit, qui bénissait le mois(3). La bénédiction accordée par un homme, qui qu’il soit, est nécessairement limitée. Elle ne l’est plus, en revanche, quand on dit : “ Une réponse t’a déjà été donnée ”. En pareil cas, cette bénédiction émane directement de la Source(4). Il en est de même à l’inverse, quand il s’agit de réaliser pleinement : “ Tu détruiras le mal ”. Mais, l’on peut encore s’interroger à propos de tout cela. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,

Notes

(1) Veille de Roch ‘Hodech et “ petit Yom Kippour ”.
(2) Dite avec une mauvaise intention.
(3) De ‘Hechvan.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ Vous consulterez, à ce sujet, le discours ‘hassidique intitulé : ‘Rabbi Yochoua fils de Lévi enseigne : chaque Cohen qui donne une bénédiction’, dans le Séfer Ha Maamarim 5629, qui vient de paraître ”.