Lettre n° 6539
Par la grâce de D.ieu,
3 Mar ‘Hechvan 5719,
Brooklyn,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre
aux besoins communautaires, le Rav Its’hak(1),
Je vous salue et vous bénis,
Après une longue interruption, j’ai reçu votre lettre de l’issue du Chabbat Béréchit. De fait, les ‘Hassidim, quand ils relatent les usages de leurs ancêtres, en Russie, disent que l’on annonçait : “ Et, Yaakov avance sur son chemin ”(2), non seulement à l’issue de Sim’hat Torah, mais aussi à la fin du Chabbat Béréchit. C’est alors une période nouvelle qui commence, dans l’activité des hommes, permettant, en particulier, de mener à bien la mission essentielle et profonde que l’on a reçue, c’est-à-dire, comme le disent nos Sages dans la Michna, celle de “ servir mon Créateur ” et de bâtir pour Lui une demeure ici-bas. Comme l’explique Iguéret Ha Kodech de l’Admour Hazaken, au chapitre 14, cette mission reçoit une élévation, chaque année et, selon sa propre expression, “ se révèle une haute Lumière qui n’a encore jamais éclairé, pour la terre et pour ceux qui y résident comme pour tous les mondes, supérieurs et inférieurs ”. Il appartient donc aux créatures inférieures de mettre en évidence cette lumière cachée, par leurs accomplissements et par leur action.
Vous me faites part du choix qui se présente à vous, puisque vous pouvez soit enseigner à Beer Sheva, soit demeurer là où vous avez toujours été, parmi les jeunes. Vous avez opté pour cette dernière possibilité. Je suis du même avis, comme je vous l’ai déjà écrit. L’action menée auprès des jeunes influence la manière dont ils bâtiront leur foyer par la suite. Toute modification de leur comportement se marquera donc également dans ce foyer, le moment venu, car les jeunes ont l’avenir devant eux. Pour autant, il serait bon de rechercher et de trouver un moyen d’agir également à Beer Sheva. Car, tout est effet de la divine Providence et, quand un Juif a connaissance d’un endroit où il peut exercer son influence, il doit voir en cela la preuve que cette tache lui incombe. Bien plus, vous dites que l’on vous a demandé cette intervention. La relation avec vous est donc si forte qu’une autre personne, possédant également le libre-arbitre, en a pris conscience.
En effet, la ‘Hassidout explique(3) que le libre-arbitre est réservé aux Juifs, possédant une âme qui est une parcelle de Divinité véritable. Celle-ci est le lieu d’un choix véritablement libre, puisque D.ieu possède l’Existence intrinsèque, aucune cause ne Lui étant antérieur, ce qu’à D.ieu ne plaise. Il est l’Existence première et c’est pour cela que Son choix est véritablement libre. Il n’en est pas de même pour les stades ultérieurs, sauf pour ce qui fait partie de l’Essence. En effet, “ lorsque tu en détiens une partie, tu la possèdes en totalité ”(4). C’est une évidence. Même s’il est impossible de donner, en cet endroit, des cours réguliers et fixes, vous trouverez sûrement le moyen de vous y rendre en visite, à des moments définis, par exemple toutes les deux ou trois semaines. Votre conférence aura alors un thème général, afin d’apporter matière à réflexion et à approfondissement, jusqu’à la visite suivante. Avant tout, vous donnerez le moyen de rester en contact avec vous, par écrit ou bien en vous rendant visite. De la sorte vous pourrez les influencer, surtout en ce qui concerne l’action concrète, comme vous dites l’avoir déjà fait.
Vous me dites que vous avez vous-même besoin d’un discernement judicieux. Vous savez sûrement que chacun en éprouve effectivement le besoin, comme le constate une note de mon beau-père, le Rabbi, imprimée sous forme d’un compte-rendu invitant à l’étude du Tanya et du ‘Houmach. En effet, tous, du plus grand au plus petit, sont identiques, de ce point de vue et chacun possède une part, en cette étude. Or, on n’est désormais plus au début et, pour autant, on n’est pas encore parvenu au but final. Il me semble vous avoir déjà écrit que ce principe est érigé en Hala’ha par le Choul’han Arou’h. En effet, chaque Juif est tenu de donner de la Tsédaka. Bien entendu, celle-ci n’est pas uniquement faite d’argent et d’or matériels. Elle comprend également de l’argent et de l’or spirituels, c’est-à-dire de l’amour et de la crainte de D.ieu, de même que tout ce qui y conduit, les sentiments qui en découlent, soit les deux cent quarante huit Injonctions et les trois cent soixante cinq Interdits, comme l’explique le début du chapitre 4 du Tanya.
Vous faites référence au concours biblique. A mon sens, le terrain est déjà prêt pour que vous proposiez que celui-ci porte à la fois sur la Bible et sur la Michna. Il y a tout lieu de penser que ce projet serait accepté, car chacun apprécie un fait nouveau. Un concours biblique a déjà eu lieu. Bien entendu, le sujet n’a pas été pleinement exploité et l’on peut encore faire quelque chose, un ajout en la matière. Mais, si, en outre, on y introduit la Michna, l’un et l’autre seront conformes au principe selon lequel : “ c’est en agissant de manière intéressée…(5) ”. Il faut donc souligner l’importance de la Michna et son caractère immuable, la manière dont elle est appréciée dans les milieux…(6). Il faut rappeler également, comme on l’a dit, qu’il y a bien là un fait nouveau, un ajout. Mon intention profonde, en la matière, peut être déduite, de ce que je disais au début de ma lettre. Il s’agit, en la matière, d’une étape qui est plus proche de l’action concrète. Autre point important, nos Sages précisent la différence entre la Loi écrite et la Loi orale. En effet, c’est par cette dernière que nous nous distinguons de toutes les autres nations, comme l’explique le Midrash Chemot Rabba, chapitre 47, au paragraphe 1. Bien plus, le dernier concours biblique a laissé une très mauvaise impression, du fait de la participation des missionnaires. Vous devez comprendre ce que je veux dire.
A ce propos, il faut ajouter un point à ce qui vient d’être dit. Le premier ordre de la Michna est, pour employer une expression du monde, “ très actuel ”, du fait de l’installation des Juifs en Terre Sainte et du renouveau de l’activité agricole. Comme d’ordinaire, en pareil cas, des prix sont distribués dans un tel concours, en particulier des livres. Bien entendu, cette pratique peut également être le moyen de transmettre un Judaïsme véritable dans les milieux auxquels vous faites allusion. J’ai lu, avec plaisir, dans votre lettre, ce que vous écrivez à propos de votre fils et de votre fille. Puisse D.ieu faire que, toujours et tous les jours, vous conceviez, de l’un et de l’autre à la fois, une satisfaction juive, une satisfaction aussi bien matérielle que spirituelle. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela,
Notes
(1) Monsieur I. Damyel. Voir, à son sujet, les lettres n°6309, 6876, 6898, 6959.
(2) Lorsqu’il convient, à l’issue des fêtes, de retrouver l’existence ordinaire. Voir, à ce sujet, les lettres n°782 et 783.
(3) Voir, à ce propos, les lettres n°5871 et 6549.
(4) Selon les termes de Rabbi Saadya Gaon, dans Emounot Ve Déot.
(5) Qu’on parvient à le faire de manière désintéressée.
(6) Dont la pratique n’est pas parfaite.
3 Mar ‘Hechvan 5719,
Brooklyn,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre
aux besoins communautaires, le Rav Its’hak(1),
Je vous salue et vous bénis,
Après une longue interruption, j’ai reçu votre lettre de l’issue du Chabbat Béréchit. De fait, les ‘Hassidim, quand ils relatent les usages de leurs ancêtres, en Russie, disent que l’on annonçait : “ Et, Yaakov avance sur son chemin ”(2), non seulement à l’issue de Sim’hat Torah, mais aussi à la fin du Chabbat Béréchit. C’est alors une période nouvelle qui commence, dans l’activité des hommes, permettant, en particulier, de mener à bien la mission essentielle et profonde que l’on a reçue, c’est-à-dire, comme le disent nos Sages dans la Michna, celle de “ servir mon Créateur ” et de bâtir pour Lui une demeure ici-bas. Comme l’explique Iguéret Ha Kodech de l’Admour Hazaken, au chapitre 14, cette mission reçoit une élévation, chaque année et, selon sa propre expression, “ se révèle une haute Lumière qui n’a encore jamais éclairé, pour la terre et pour ceux qui y résident comme pour tous les mondes, supérieurs et inférieurs ”. Il appartient donc aux créatures inférieures de mettre en évidence cette lumière cachée, par leurs accomplissements et par leur action.
Vous me faites part du choix qui se présente à vous, puisque vous pouvez soit enseigner à Beer Sheva, soit demeurer là où vous avez toujours été, parmi les jeunes. Vous avez opté pour cette dernière possibilité. Je suis du même avis, comme je vous l’ai déjà écrit. L’action menée auprès des jeunes influence la manière dont ils bâtiront leur foyer par la suite. Toute modification de leur comportement se marquera donc également dans ce foyer, le moment venu, car les jeunes ont l’avenir devant eux. Pour autant, il serait bon de rechercher et de trouver un moyen d’agir également à Beer Sheva. Car, tout est effet de la divine Providence et, quand un Juif a connaissance d’un endroit où il peut exercer son influence, il doit voir en cela la preuve que cette tache lui incombe. Bien plus, vous dites que l’on vous a demandé cette intervention. La relation avec vous est donc si forte qu’une autre personne, possédant également le libre-arbitre, en a pris conscience.
En effet, la ‘Hassidout explique(3) que le libre-arbitre est réservé aux Juifs, possédant une âme qui est une parcelle de Divinité véritable. Celle-ci est le lieu d’un choix véritablement libre, puisque D.ieu possède l’Existence intrinsèque, aucune cause ne Lui étant antérieur, ce qu’à D.ieu ne plaise. Il est l’Existence première et c’est pour cela que Son choix est véritablement libre. Il n’en est pas de même pour les stades ultérieurs, sauf pour ce qui fait partie de l’Essence. En effet, “ lorsque tu en détiens une partie, tu la possèdes en totalité ”(4). C’est une évidence. Même s’il est impossible de donner, en cet endroit, des cours réguliers et fixes, vous trouverez sûrement le moyen de vous y rendre en visite, à des moments définis, par exemple toutes les deux ou trois semaines. Votre conférence aura alors un thème général, afin d’apporter matière à réflexion et à approfondissement, jusqu’à la visite suivante. Avant tout, vous donnerez le moyen de rester en contact avec vous, par écrit ou bien en vous rendant visite. De la sorte vous pourrez les influencer, surtout en ce qui concerne l’action concrète, comme vous dites l’avoir déjà fait.
Vous me dites que vous avez vous-même besoin d’un discernement judicieux. Vous savez sûrement que chacun en éprouve effectivement le besoin, comme le constate une note de mon beau-père, le Rabbi, imprimée sous forme d’un compte-rendu invitant à l’étude du Tanya et du ‘Houmach. En effet, tous, du plus grand au plus petit, sont identiques, de ce point de vue et chacun possède une part, en cette étude. Or, on n’est désormais plus au début et, pour autant, on n’est pas encore parvenu au but final. Il me semble vous avoir déjà écrit que ce principe est érigé en Hala’ha par le Choul’han Arou’h. En effet, chaque Juif est tenu de donner de la Tsédaka. Bien entendu, celle-ci n’est pas uniquement faite d’argent et d’or matériels. Elle comprend également de l’argent et de l’or spirituels, c’est-à-dire de l’amour et de la crainte de D.ieu, de même que tout ce qui y conduit, les sentiments qui en découlent, soit les deux cent quarante huit Injonctions et les trois cent soixante cinq Interdits, comme l’explique le début du chapitre 4 du Tanya.
Vous faites référence au concours biblique. A mon sens, le terrain est déjà prêt pour que vous proposiez que celui-ci porte à la fois sur la Bible et sur la Michna. Il y a tout lieu de penser que ce projet serait accepté, car chacun apprécie un fait nouveau. Un concours biblique a déjà eu lieu. Bien entendu, le sujet n’a pas été pleinement exploité et l’on peut encore faire quelque chose, un ajout en la matière. Mais, si, en outre, on y introduit la Michna, l’un et l’autre seront conformes au principe selon lequel : “ c’est en agissant de manière intéressée…(5) ”. Il faut donc souligner l’importance de la Michna et son caractère immuable, la manière dont elle est appréciée dans les milieux…(6). Il faut rappeler également, comme on l’a dit, qu’il y a bien là un fait nouveau, un ajout. Mon intention profonde, en la matière, peut être déduite, de ce que je disais au début de ma lettre. Il s’agit, en la matière, d’une étape qui est plus proche de l’action concrète. Autre point important, nos Sages précisent la différence entre la Loi écrite et la Loi orale. En effet, c’est par cette dernière que nous nous distinguons de toutes les autres nations, comme l’explique le Midrash Chemot Rabba, chapitre 47, au paragraphe 1. Bien plus, le dernier concours biblique a laissé une très mauvaise impression, du fait de la participation des missionnaires. Vous devez comprendre ce que je veux dire.
A ce propos, il faut ajouter un point à ce qui vient d’être dit. Le premier ordre de la Michna est, pour employer une expression du monde, “ très actuel ”, du fait de l’installation des Juifs en Terre Sainte et du renouveau de l’activité agricole. Comme d’ordinaire, en pareil cas, des prix sont distribués dans un tel concours, en particulier des livres. Bien entendu, cette pratique peut également être le moyen de transmettre un Judaïsme véritable dans les milieux auxquels vous faites allusion. J’ai lu, avec plaisir, dans votre lettre, ce que vous écrivez à propos de votre fils et de votre fille. Puisse D.ieu faire que, toujours et tous les jours, vous conceviez, de l’un et de l’autre à la fois, une satisfaction juive, une satisfaction aussi bien matérielle que spirituelle. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela,
Notes
(1) Monsieur I. Damyel. Voir, à son sujet, les lettres n°6309, 6876, 6898, 6959.
(2) Lorsqu’il convient, à l’issue des fêtes, de retrouver l’existence ordinaire. Voir, à ce sujet, les lettres n°782 et 783.
(3) Voir, à ce propos, les lettres n°5871 et 6549.
(4) Selon les termes de Rabbi Saadya Gaon, dans Emounot Ve Déot.
(5) Qu’on parvient à le faire de manière désintéressée.
(6) Dont la pratique n’est pas parfaite.