Lettre n° 6542

Par la grâce de D.ieu,
7 Mar ‘Hechvan 5719,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre et à ce qui y était joint. Vous me dites que vous avez abandonné votre synagogue avant l’été. Vous voulez dire, vraisemblablement, que vous avez abandonné vos fonctions rabbiniques. Cela est surprenant, surtout pour quelqu’un qui se trouve aux Etats Unis depuis plusieurs années déjà. Comme en attestent vos articles, que vous avez joints à votre lettre, vous vous êtes intéressé à la situation du Judaïsme, dans ce pays et vous formulez des propositions susceptibles de l’améliorer. Tout ceci rend votre initiative, la cessation de vos fonctions rabbiniques, inexplicable. Pensez-vous réellement que vous améliorerez, de cette façon, la situation du Judaïsme aux Etats-Unis, surtout dans l’optique de l’empressement manifesté par le comité, comme vous l’indiquez ? En effet, une telle opportunité élargit vos capacités d’agir et elle rend encore plus grave l’abandon de votre poste, plus exactement votre fuite du champ d’action.

Vous écrivez, semble-t-il pour motiver votre décision, que vous deviez vous soumettre à la volonté des membres de la communauté. Il est bien clair que cette raison n’est nullement suffisante car, au final, il faudra bien que ces personnes changent d’attitude envers leur Rav. Cette évolution ne pourra donc pas émaner de ceux qui ne voient pas d’inconvénient à se soumettre à leurs volontés. Elle ne peut être le fait que de ceux qui luttent contre une telle situation. Et, il y a peu de chances que ces personnes luttent elles-mêmes pour ne plus imposer leur volonté au Rav. L’initiative, en la matière, ne peut donc provenir que du Rav lui-même. Et, nos Grands, en particulier parmi les ‘Hassidim, ont déjà condamné l’attitude qui consiste à ne rechercher que son propre salut.

Ce qui vient d’être dit, est, en outre, d’actualité, puisque le commentaire du Zohar sur la Paracha que nous avons lue cette semaine, celle de Noa’h, rapporte un fait étonnant. Il dit que les eaux du déluge sont appelées “ eaux de Noa’h ”, bien que celui-ci “ était un Juste, intègre en sa génération ”. Et, le Zohar, tome 1, à la page 67b, en donne la raison : “ Dès lors que le Saint béni soit-Il lui dit qu’il serait sauvé, avec ses enfants, Noa’h cessa d’implorer que le monde ne soit pas perdu. C’est pour cela que les eaux du déluge portent son nom ”. Ainsi, même si l’on reçoit du Créateur du monde, Qui le dirige, une Injonction clairement exprimée, en l’occurrence : “ Tu te rendras dans l’arche et Je supprimerai tout ce qui existe ”, on n’en est pas dispensé pour autant de rejeter la position qui consisterait à ne rechercher que son propre salut. Or, s’il en était ainsi avant le don de la Torah, combien plus cela doit-il être le cas après ce don, alors que : “ Tu aimeras ton prochain comme toi-même ” est devenu “ un grand principe de la Torah ”, surtout après l’engagement pris à Arvot Moav selon lequel chaque Juif est garant pour tous les autres. C’est une évidence.

Bien entendu, celui qui n’exerce pas de fonction rabbinique peut également agir pour le bien du Judaïsme, peut-être même d’une manière beaucoup plus large, mais, malheureusement, si l’on observe les rabbins ayant abandonné leurs fonctions, pour quelque raison que ce soit, on peut constater qu’ils ne se sont pas distingués par le don de leur propre personne. C’est une évidence également. Vous envisagez d’entrer dans le monde du commerce et des affaires, si une bonne opportunité se présente. La solution, en pareil cas, est la suivante : “ ton ami a un ami ”, ce qui veut dire que vous devez faire part de vos intentions à vos amis et à vos proches, leur demander d’effectuer une recherche auprès de leurs propres connaissances. C’est sans doute ce que vous faites déjà. Bien entendu, si j’ai vent d’une bonne proposition, je vous la communiquerai ou bien je ferai part de vos intentions à celui qui la formule. Naturellement, ce qui est dit au début de ma lettre n’interviendra pas, dans ce domaine.

Je saisis cette occasion pour vous souligner la nécessité de fixer un temps pour l’étude de la ‘Hassidout. A notre époque, en particulier, cela est une nécessité, s’ajoutant à l’obligation globale d’étudier la Torah, c’est-à-dire, bien entendu, toutes les parties qui la constituent. Vous consulterez, à ce sujet, les propos enflammés du Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, lois de l’étude de la Torah, chapitre 2, au paragraphe 10, sur la manière de mettre en pratique l’Injonction de la Torah : “ Garder, vous garderez toute la Mitsva ”, d’après les propos des premiers Sages, qui sont comparables à des anges, en particulier le Séfer Mitsvot Gadol, comme le rapportent les paragraphes précédents, à la même référence. Je vous adresse donc ma bénédiction pour bien gagner votre vie, conformément à vos capacités et pour assumer votre mission, au sein de tout Israël, en accorde avec l’affirmation de la Michna selon laquelle : “ J’ai été créé pour servir mon Créateur ”. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela,