Lettre n° 6552

Par la grâce de D.ieu,
12 Mar ‘Hechvan 5719,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre du 3 ‘Hechvan, dans laquelle vous m’interrogez sur la coutume de la famille de votre épouse, à laquelle D.ieu accordera longue vie, qui consiste à se rendre au bain rituel lors du commencement du neuvième mois de la grossesse. Je n’ai pas connaissance d’un tel usage, parmi les ‘Hassidim ‘Habad. Néanmoins, puisque c’est celui de la famille de votre épouse, il n’y a pas lieu de l’en empêcher, bien entendu dans la mesure où le médecin le permet.

Je vous réitère ma bénédiction afin que D.ieu lui accorde une grossesse convenable et aisée, qu’elle enfante en son temps et facilement. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,

M. Schneerson,

N. B. : Vous me dites que personne ne veut prendre la responsabilité de la Yechiva du soir. Cela est effrayant et il faut donc que vous la repreniez en mains. Après la campagne menée, les nombreuses lettres écrites(1), est-il réellement impossible de la faire fonctionner ? Un autre point est également surprenant. Il a déjà été écrit, il y a quelques temps, que les hommes mariés poursuivant leurs études à la Yechiva Torat Emet(2) doivent faire en sorte, pour différentes raisons, qu’une partie de leur temps soit consacré aux activités de ‘Habad, en particulier dans le domaine de l’enseignement et de l’éducation. Or, votre lettre semble indiquer qu’en la matière également, rien ne se passe. On considérera qu’il s’agit, en ce domaine, de diffuser les sources(3) à l’extérieur et j’ai déjà écrit, à maintes reprises, que, selon la ‘Hassidout, l’extérieur commence par les sentiments(4) définis, dans le service de D.ieu, comme “ ce qui est révélé pour nous et pour nos enfants ” par l’âme divine. Il est clair que ceci inclut également l’intellect et les sentiments de l’âme animale ou, plus généralement, les pensées, les paroles et les actions de l’homme. Vous comprenez sûrement ce qui en découle.

Vous me dites que l’on ne fréquente pas les réunions(5). On peut accorder les circonstances atténuantes à ceux qui le font pour la raison suivante. Une telle situation est la conséquence du défaut constaté lors des réunions précédentes. En effet, il n’en est rien sorti de concret. Il est d’usage, en pareil cas, qu’un comité restreint écrive à ceux qui ont été invités, leur propose de mener une action ou une autre. Lorsque ces personnes répondent en analysant ces propositions ou bien en en formulant d’autres, cet échange remplace avantageusement la réunion qui n’a pas eu lieu. C’est une évidence.

Vous concluez votre lettre par la phrase suivante : “ les premières et les dernières pensées s’unissent pour constituer une plainte ”. Vous déduirez de ce qui vient d’être dit que la réponse à votre question se trouve dans le dicton bien connu(6) de nos maîtres selon lequel “ une action est préférable à mille plaintes ”. Bien entendu, plusieurs actions sont, combien plus, préférables à une seule plainte. Or, les ‘Hassidim sont prêts pour de tels actions, mais ce caractère se trouve en sommeil, au sein de leur personnalité. La ‘Hassidout définit le sommeil. L’homme qui dort est en pleine possession de toutes ses forces, de tous ses membres, mais il ne peut pas agir. Heureux est donc celui qui réveille les endormis et les assoupis. Et, un commentaire bien connu du Rambam, maintes fois cité dans la ‘Hassidout, définit ce réveil : “ Vous qui dormez, réveillez-vous de votre sommeil. Vous qui êtes assoupis, sortez de votre torpeur. Examinez vos actions et repentez-vous. Souvenez-vous de votre Créateur : Tout ceci fait allusion à ceux qui oublient la vérité, du fait des vaines occupations de la période  ”. Vous consulterez ce texte dans les lois de la Techouva, chapitre 3, au paragraphe 4. Quiconque refuse d’assumer de telles actions, même s’il s’abuse lui-même en pensant qu’il exerce des activités de la plus haute importance, qu’il n’a donc pas le temps nécessaire, qu’il n’est pas capable, doit donc savoir que la raison véritable de son refus est, en fait celle qui a été dite au préalable. Un tel homme oublie la vérité, les paroles de la Michna selon lesquelles : “ J’ai été créé pour servir mon Créateur ”, la Hala’ha soulignant que l’accomplissement d’une Mitsva est prioritaire chaque fois que l’on ne peut pas le confier à quelqu’un d’autre et que l’on interrompt son étude de la Torah pour la réaliser, même si cette étude est particulièrement élevée, comme l’indiquent les Tossafot, au traité Moéd Katan 9b. Bien plus, on oublie la vérité non pas parce que l’on est naturellement attiré par la réflexion, comme le veut la nature de l’intellect, mais bien, pour reprendre les termes du Rambam, “ du fait des vaines occupations du monde ”.

Cette analyse devrait être détaillée, mais vous connaissez le principe de la ‘Hassidout selon lequel il convient de développer non pas ce qui permet de mettre en pratique : “ écarte-toi du mal ”, mais plutôt ce qui appartient au domaine de : “ fais le bien ”. Ceci est exprimé, dans les termes de nos Sages et selon la formulation du Tséma’h Tsédek, par : “ Nous sommes les travailleurs du jour ”(7). Notre rôle est d’éclairer. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,

Notes

(1) Par le Rabbi, à ce sujet.
(2) La Yechiva Loubavitch de Jérusalem.
(3) De la ‘Hassidout.
(4) Qui sont “ extérieurs ” par rapport à l’intellect.
(5) Ceux qui devraient y participer.
(6) Voir, à ce propos, les lettres n°5412, 5434 et 6329.
(7) Voir, à ce sujet, les lettres n°6408, 6472 et 6686.