Lettre n° 6563

Par la grâce de D.ieu,
22 Mar ‘Hechvan 5719,
Brooklyn, New York,

A monsieur Eliézer Steinman(1),

Je vous salue et vous bénis,

A) J’ai bien reçu votre lettre du 5 ‘Hechvan dans laquelle vous m’interrogez sur le fait de marquer sa victoire bruyamment et avec ostentation(2). Vous avez raison de dire que celui qui possède la finesse d’esprit ne peut supporter une telle situation. Et, heureux est celui qui se préserve de tout cela. Pour autant, vous connaissez la conception de notre Torah, en général et de la ‘Hassidout, en particulier, rejetant résolument l’attitude qui consiste à dire : “ J’ai sauvé ma propre personne ”(3). Chaque fois qu’une situation doit être réparée, il n’y a pas le choix, il faut bien prendre position. Bien entendu, on peut le faire sans marquer sa victoire. C’est, du reste, ce que je voulais dire dans la précédente lettre que je vous ai adressée. Il est clair que je ne fais pas référence ici aux moyens d’actions auxquels ont recours ceux qui crient et qui font du bruit, d’autant qu’en la matière, il n’est pas certain qu’une telle manière de procéder aboutira. Je fais plus exactement allusion aux capacités que la divine Providence vous a accordée et qui vous ont permis de vous frayer un chemin vers le cœur de personnes appartenant à différents milieux et de trouver un écho auprès d’elles.

Je préciserai mon propos. Je ne fais pas non plus référence à certaines situations comme les piscines mixtes, le service militaire des femmes, la vente et l’élevage de porcs(4) dans la ville sainte de Jérusalem. A mon sens, toutes ces conjonctures sont la conséquence d’une politique globale de lutte contre la religion. Certaines personnes menant ce combat ont peut-être le désir de lutter contre ceux qui représentent la religion ou encore contre un parti religieux, c’est-à-dire contre des hommes, mais non contre la foi. Mais, au final, pour ceux qui reçoivent tout cela, qui en subissent l’influence, cela ne fait pas réellement de différence.

Si mes informations sont exactes, on assiste, ces dernières années, en Terre Sainte, à une évolution quelque peu réjouissante, en la matière. En effet, il y a quelques temps, les réactions contre la religion étaient constatées “ en bas ”, au sein de la jeunesse, que les dirigeants suivaient, certains de leur plein gré, d’autres ne pouvant faire autrement. Or, ces toutes dernières années, les jeunes recherchent la voie du retour vers la foi et la religion. Ceux qui, pour l’heure, s’opposent encore à l’application concrète des Mitsvot ou à la foi d’Israël, le font, bien souvent, par manque de connaissance, plus que par opposition délibérée. Mais, pour notre grand malheur, ceux qui sont à leur tête et les dirigent ont conservé les anciennes méthodes. Ils luttent encore contre la religion et contre tout ce qui la concerne. De temps à autre, ceci se manifeste par les situations préalablement mentionnées ou bien par d’autres encore. Il n’est pas de mon propre rôle d’énumérer les fautes des…(5). Ceci va à l’encontre de ma volonté, en particulier quand ceux-ci se trouvent en notre Terre Sainte. Mais, les faits sont bien connus et sus de tous. Qui sait ce qu’il en résultera ? Il faut donc faire vite et agir pendant qu’il en est encore temps. Non seulement les manifestations constatées jusqu’à maintenant en seront affaiblies, mais, bien plus, on préviendra les nouvelles.

B) A la fin de votre lettre, vous me dites que vous avez le désir d’étudier la Torah, mais, que faire ? Il vous est impossible de mener de front deux travaux. Ce problème, comme tous ceux qui concernent l’homme, trouve une solution claire dans notre Torah, Torah de vie. En effet, le traité Moéd Katan 9a-b dit que la Mitsva dont on ne peut confier l’accomplissement à quelqu’un d’autre repousse l’étude de la Torah.

Notes

(1) Voir, à son sujet, les lettres n°6472 et 6816.
(2) En proclamant : “ C’est donc bien moi qui avais raison ”.
(3) Sans se préoccuper de ce qu’il advient des autres.
(4) Textuellement, “ d’autres choses ”.
(5) Juifs.