Lettre n° 657

Par la grâce de D.ieu,
3 Mena’hem Av 5710,

Au Rav, distingué ‘Hassid, qui craint D.ieu,
le Rav M. Z.(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai reçu, en leur temps, vos deux lettres, les six pages de lois usuelles(2), la lettre du Rav R. I. H. Halévi et le Mekor ‘Haïm, que je dois vous restituer. Je vous remercie pour tout cela.

Concernant le Merkaz Leïnyaneï ‘Hinou’h et le Ma’hané Israël(3), si votre action, dans ce domaine, peut diminuer celle qui concerne le Maamad(4), il est clair qu’il vaut mieux être prudent.

S’agissant du recueil de lois usuelles, il est, à mon avis, difficile d’adopter une position tranchée, pour déterminer ce qu’il convient d’y faire figurer. De fait, le contenu doit vraisemblablement varier en fonction de l’endroit où l’on se trouve. Pour autant, même si ce fascicule ne répond pas à ces critères, il peut avoir une utilité, dès lors qu’il empêche de commettre les interdictions qu’il expose et engage à mettre en pratique ce que l’on doit faire.

J’ai demandé au Rav H. M. A. Hadakov de le lire et de formuler des remarques, que vous trouverez ci-jointes.

A mon avis, les références doivent être placées en bas de page, afin de ne pas gêner le simple lecteur. A titre de proposition et à l’issue d’une réflexion sommaire, ce fascicule pourrait s’intituler "recueil de lois, tome 1" ou bien "indications utiles pour le quotidien, premier recueil".

Il y a quelques temps, l’une de mes connaissances m’a fait remarquer que les ‘Hassidim ne se préservent pas toujours de la médisance. Peut-être serait-il bon d’évoquer ce sujet, même brièvement, dans ce recueil.

Vous me dites que, n’ayant pas été satisfait, vous ne prendrez pas part à... Comment pouvez-vous mettre en parallèle ces deux éléments? Il y a, d’une part, une insatisfaction passagère et individuelle, d’autre part, comme vous le reconnaissez vous-même, ce qui peut causer du tort à un élève pendant plusieurs années, peut-être même pour toute sa vie, de même qu’à d’autres personnes encore. Je suis particulièrement surpris de votre attitude.

Concernant le jardin d’enfants, je me suis longuement entretenu ici avec des invités venus de Montréal. Ceux-ci vous ont sans doute transmis le contenu de notre discussion, dont voici la synthèse. Les ‘Hassidim de Loubavitch se distinguent de ceux de Hongrie, par le fait que ces derniers souhaitent se séparer des autres Juifs, ce qui n’a jamais été la conception de Loubavitch.

Bien évidemment, cela ne signifie pas qu’il faille être avec les autres, en tout ce qu’ils font. En fait, il s’agit plutôt d’entraîner les autres, même si cela a pour conséquence d’avancer à leur rythme. Lorsque les eaux supérieures ont été séparées des eaux inférieures, on a bien parlé de dispute(5). Dès lors, il était impossible d’écrire que c’était bien(6). Or, nos Sages, dans le Midrach Béréchit Rabba 4, 6, établissent clairement qu’il s’agissait d’une "séparation réalisée pour la perfection du monde et pour qu’il soit habitable". La Torah elle-même porte témoignage qu’il en fut bien ainsi. Malgré cela, elle ne dit pas le mot bon.

Nos Sages disent, au traité Erouvin 32b, que le sage sait commettre une petite faute pour se préserver d’une grande. Vous consulterez aussi les Tossafot, à la même référence et le Sdeï ‘Hémed, principes, 6, 26. De fait, un ‘Hassid est celui qui sait se mettre en danger pour le bien de son prochain. Ce sujet pourrait être largement développé.

Je leur ai donc demandé que le ‘Héder fonctionne après les heures d’ouverture du jardin d’enfants(7). Et l’on en fera de même dans tous les autres domaines, de sorte que les enfants du Canada ne subissent pas la contrainte.

Je n’ai rien entendu de particulier à propos du Nichmat ‘Haïm. Son auteur possède un mérite particulier puisqu’il a renforcé la croyance en la réincarnation. Néanmoins, dans son livre, il mélange le blé et la paille, comme peut le vérifier celui qui le consulte.

Je possède le Likouteï Maharya’h, duquel j’ai appris quelques références et l’origine de certaines pratiques.

Il y a longtemps, une brochure présentant les lois de la pureté familiale en Yiddish a été publiée, me semble-t-il à Varsovie, par l’union rabbinique. Vous pourrez sans doute vous en procurer un exemplaire et le rééditer, en y introduisant quelques modifications, selon les conditions de l’endroit et les pratiques des ‘Hassidim de Hongrie.

En vous souhaitant tout le bien et une bonne santé à tous les membres de votre famille, dont vous voudrez bien me donner des nouvelles, de temps en temps,

Rav Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Le Rav Mena’hem Zeev Gringlass, de Montréal. Voir, à son propos, la lettre n°419.
(2) Publié en 5711-1951, par les éditions Kehot, sous le titre "recueil de lois, différent principes en relation directe avec l’action courante".
(3) Voir, à ce propos, la lettre n°633.
(4) Voir, à ce propos, les lettres n°513, 520, 548, 557, 566, 575, 577, 598, 608 et 653.
(5) Le mot Ma’hloket signifie à la fois séparation et dispute.
(6) C’est la raison pour laquelle le mot Tov, bon, n’est pas dit, au second jour de la création, lorsque cette séparation fut faite.
(7) Plutôt que de le remplacer, ce qui aurait pour effet d’écarter les enfants que les parents ne souhaitent pas envoyer au ‘Héder.