Lettre n° 6693
Par la grâce de D.ieu,
20 Chevat 5719,
Brooklyn,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et assume
une mission sacrée, le Rav Alexander(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 25 Tévet, dans laquelle vous me faites part de votre état de santé et surtout de votre enrouement. Vous avez consulté des médecins, qui n’en ont pas trouvé la cause. Ils vous ont demandé de vous reposer ou, en tout cas, de parler moins. Vous me détaillez les difficultés qui en résultent, dans votre comportement et pour assumer votre fonction. En pareil cas, il faut dire, pour reprendre la formulation de nos Sages : “ l’inconvénient est contrebalancé par l’avantage ”(2). Ainsi, même si vous subissez une prétendue perte momentanée en vous conformant à cette prescription, votre gain sera d’autant plus important par la suite. On ne vous demandera sûrement pas de cesser de parler ou peut-être devrez-vous le faire seulement pendant très peu de temps. De même, il serait bon d’interroger le médecin que vous avez consulté sur la manière d’avoir un parler superficiel, bien entendu uniquement au sens physique, mais non, ce qu’à D.ieu ne plaise, moralement et profondément. Depuis quelques décennies, en effet, les orateurs et, plus généralement, tous ceux qui font un large usage de la parole tentent d’apprendre à s’exprimer de cette façon, y compris quand ils sont en bonne santé. Globalement, cela signifie que l’on parle à haute voix et avec entrain, tout en ne faisant intervenir que les organes les plus extérieurs de la parole, comme les lèvres et la langue. A n’en pas douter, cette technique peut être d’une grande utilité, y compris dans votre cas et peut-être même le sera-t-elle encore quand vous guérirez et que vous recouvrirez la santé.
Vous me dites que vous vous insurgez, que vous vous demandez pourquoi il en est ainsi(3). Je comprends votre peine et vos difficultés, mais, de façon générale, de tels arguments n’ont pas grand intérêt, bien au contraire. Ils provoquent la colère et donc la tristesse et le découragement, ce qui ralentit le rythme de la guérison. Et, si l’on veut trouver une interprétation, une explication à tout cela, on peut dire, même s’il ne s’agit que d’une supposition, que l’on désigne ainsi du doigt à celui qui subit cette situation ce qui est la finalité de l’éducation, même si certains n’y prêtent pas attention. En effet, l’objectif premier et essentiel de chaque éducateur est bien de faire acquérir une autonomie à son élève, y compris dans le domaine pour lequel il reçoit une éducation. Il doit, en outre, obtenir ce résultat au plus vite et, bien entendu, sans remettre en cause le caractère fondamental de l’éducation.
Pour ce qui vous concerne, en particulier, tout cela est bien évident. Vous devez faire en sorte que vos élèves prient avec enthousiasme, qu’ils parlent des valeurs juives avec chaleur, après s’être trouvés, pendant quelques temps, sous votre influence. Ils “ s’humecteront au point d’humecter les autres ”(4) et ils guideront les élèves arrivés dans cette école après eux. Vous-même, vous vous tiendrez de côté et vous les observerez, globalement(5). C’est une évidence. Bien entendu, tout cela n’a pas pour but de justifier ce qui s’est passé(6). Bien au contraire, il faut espérer que vous recouvrerez vos forces au plus vite et que vous influencerez vos élèves de la manière qui vient d’être décrite, sans remettre en cause leur libre arbitre et avec une véritable largesse d’esprit. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles et pour une prompte guérison,
M. Schneerson,
N. B. : Sans doute avez-vous organisé une réunion ‘hassidique, de la manière qui convient, afin de marquer le jour propice, la Hilloula de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, chef d’Israël, qui a été célébrée le 10 Chevat.
Notes
(1) Le Rav A. Bunin Bin Noun, de Raanana. Voir, à son sujet, la lettre n°6668.
(2) L’inactivité imposée par le repos se justifie par ce qu’il sera possible d’accomplir par la suite.
(3) Alors que la parole est si nécessaire pour mener à bien la mission confiée.
(4) Influenceront leurs amis en ce sens.
(5) Ce qui justifie la réduction de la parole.
(6) Les problèmes de santé.
20 Chevat 5719,
Brooklyn,
Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et assume
une mission sacrée, le Rav Alexander(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je fais réponse à votre lettre du 25 Tévet, dans laquelle vous me faites part de votre état de santé et surtout de votre enrouement. Vous avez consulté des médecins, qui n’en ont pas trouvé la cause. Ils vous ont demandé de vous reposer ou, en tout cas, de parler moins. Vous me détaillez les difficultés qui en résultent, dans votre comportement et pour assumer votre fonction. En pareil cas, il faut dire, pour reprendre la formulation de nos Sages : “ l’inconvénient est contrebalancé par l’avantage ”(2). Ainsi, même si vous subissez une prétendue perte momentanée en vous conformant à cette prescription, votre gain sera d’autant plus important par la suite. On ne vous demandera sûrement pas de cesser de parler ou peut-être devrez-vous le faire seulement pendant très peu de temps. De même, il serait bon d’interroger le médecin que vous avez consulté sur la manière d’avoir un parler superficiel, bien entendu uniquement au sens physique, mais non, ce qu’à D.ieu ne plaise, moralement et profondément. Depuis quelques décennies, en effet, les orateurs et, plus généralement, tous ceux qui font un large usage de la parole tentent d’apprendre à s’exprimer de cette façon, y compris quand ils sont en bonne santé. Globalement, cela signifie que l’on parle à haute voix et avec entrain, tout en ne faisant intervenir que les organes les plus extérieurs de la parole, comme les lèvres et la langue. A n’en pas douter, cette technique peut être d’une grande utilité, y compris dans votre cas et peut-être même le sera-t-elle encore quand vous guérirez et que vous recouvrirez la santé.
Vous me dites que vous vous insurgez, que vous vous demandez pourquoi il en est ainsi(3). Je comprends votre peine et vos difficultés, mais, de façon générale, de tels arguments n’ont pas grand intérêt, bien au contraire. Ils provoquent la colère et donc la tristesse et le découragement, ce qui ralentit le rythme de la guérison. Et, si l’on veut trouver une interprétation, une explication à tout cela, on peut dire, même s’il ne s’agit que d’une supposition, que l’on désigne ainsi du doigt à celui qui subit cette situation ce qui est la finalité de l’éducation, même si certains n’y prêtent pas attention. En effet, l’objectif premier et essentiel de chaque éducateur est bien de faire acquérir une autonomie à son élève, y compris dans le domaine pour lequel il reçoit une éducation. Il doit, en outre, obtenir ce résultat au plus vite et, bien entendu, sans remettre en cause le caractère fondamental de l’éducation.
Pour ce qui vous concerne, en particulier, tout cela est bien évident. Vous devez faire en sorte que vos élèves prient avec enthousiasme, qu’ils parlent des valeurs juives avec chaleur, après s’être trouvés, pendant quelques temps, sous votre influence. Ils “ s’humecteront au point d’humecter les autres ”(4) et ils guideront les élèves arrivés dans cette école après eux. Vous-même, vous vous tiendrez de côté et vous les observerez, globalement(5). C’est une évidence. Bien entendu, tout cela n’a pas pour but de justifier ce qui s’est passé(6). Bien au contraire, il faut espérer que vous recouvrerez vos forces au plus vite et que vous influencerez vos élèves de la manière qui vient d’être décrite, sans remettre en cause leur libre arbitre et avec une véritable largesse d’esprit. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles et pour une prompte guérison,
M. Schneerson,
N. B. : Sans doute avez-vous organisé une réunion ‘hassidique, de la manière qui convient, afin de marquer le jour propice, la Hilloula de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, chef d’Israël, qui a été célébrée le 10 Chevat.
Notes
(1) Le Rav A. Bunin Bin Noun, de Raanana. Voir, à son sujet, la lettre n°6668.
(2) L’inactivité imposée par le repos se justifie par ce qu’il sera possible d’accomplir par la suite.
(3) Alors que la parole est si nécessaire pour mener à bien la mission confiée.
(4) Influenceront leurs amis en ce sens.
(5) Ce qui justifie la réduction de la parole.
(6) Les problèmes de santé.