Lettre n° 6733
Par la grâce de D.ieu,
28 Adar Richon 5719,
Brooklyn, New York,
A l’attention de monsieur Avraham Its’hak Ha Cohen,
que l’on appelle le professeur Kats(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je vous remercie d’avoir pensé à m’envoyer une copie de votre article intitulé : “ Un Juif non affilié ”, de même que son résumé qui a été publié dans le Jewish Forum. Je vous demande de m’excuser pour ce qui va suivre, même si je pense que mes propos ne vous étonneront pas. En effet, je suis obligé de vous dire que je ne suis pas d’accord avec vous et ma position émane d’une profonde conscience de la nécessité de préserver l’unité de notre peuple. Bien entendu, vous conviendrez également que cet objectif doit être privilégié. Car, si, de tout temps, il a été nécessaire de maintenir l’unité de notre nation, combien plus est-ce le cas, en la période actuelle que tous s’accordent pour définir comme un moment de crise et donc de confusion des esprits, de perte des valeurs. En pareil cas, le danger des compromis et de tout ce qui leur ressemble est largement accru. C’est selon cette optique qu’il faut appréhender également les idées et les conceptions qui font leur apparition en une seule nuit.
Comme c’est systématiquement le cas, quand on veut se faire une opinion sur une idée, on doit observer ses formes les plus extrêmes. Même si celles-ci ne sont adoptées que par une minorité, en apparence peu significative, elles n’en reflètent pas moins la direction, l’objectif d’une telle conception ou, en tout état de cause, ce qui peut en découler, si l’on n’intervient pas à temps. Je fais allusion à un slogan qui était répandu dans certains milieux, selon lequel : “ le Judaïsme d’Erets Israël et celui de la diaspora sont deux mondes différents ”. L’aspect extrême de cette conception a été mis en avant par le mouvement des cananéens(2). Dans ce contexte, la proposition de mettre le titre de “ Juif ”, même s’il est pris à un quelconque sens figuré, à la disposition des autres nations(3), que notre Tradition plusieurs fois millénaires a clairement identifié comme des non Juifs, ayant donc le droit de transgresser toutes les Mitsvot de la Torah à l’exception des Commandements transmis aux descendants de Noa’h sans que nul ne cherche à les en empêcher, avec lesquels aucune union valable ne peut être contractée, est un terrible drame, une déchirure dont on ne mesure même pas les conséquences. Même si l’on accole au titre “ Juif ” l’adjectif “ non affilié ”, quelqu’un retiendra l’adjectif alors qu’un autre se contentera du titre. Mais, en tout état de cause, le nom “ Juif ” quittera le domaine privé de notre peuple pour être placé dans le domaine public, n’appartenant plus à personne.
Bien plus, même si l’on remplace le mot “ juif ” par un terme profane correspondant, ce même danger subsiste, car tout ce qui devient public ne peut être le fait de personne. Il en découle ceci. A quiconque est chère l’unité d’Israël, y compris parmi ceux qui n’ont pas de lien avec la foi, il incombe de la défendre de toutes ses forces, sans permettre aucune faiblesse, aucun compromis, en la matière. Bien plus, si l’on médite sincèrement à tout cela, on devra reconnaître qu’un compromis, dans ce domaine n’est pas le moyen de faire régner la paix et l’unité. Bien au contraire, on suscite ainsi une situation dans laquelle il y aura des frictions permanentes, incessantes, qui iront croissant. A ce propos, on fait, à mon sens, une grande injustice en parlant d’Israël, d’Israéliens et en accordant ce titre également à des arabes et à des chrétiens. Ceux-ci, dès lors qu’ils sont citoyens d’Israël, deviennent donc des Israéliens. Vous pouvez comprendre ma position d’après ce qui est dit plus haut.
Il convient de souligner également un autre point. Il est une erreur de penser que la religion est nécessaire uniquement pour maintenir la pérennité d’Israël en diaspora, alors que, dès qu’on s’installe en Erets Israël, on peut se contenter de la langue et de la culture du pays. A mon sens, c’est le contraire qui est vrai. La religion est plus nécessaire en Erets Israël qu’à l’extérieur de ce pays. Car si, en diaspora, il y a un risque d’assimilation, du fait de laquelle un Juif sera perdu pour la communauté, ce qu’à D.ieu ne plaise, on peut craindre, tout autant, que des chrétiens et des musulmans, en Terre Sainte, se présentent malheureusement comme des enfants d’Israël, dès lors qu’ils résident dans ce pays, qu’ils parlent l’hébreu, qu’ils reçoivent leur éducation dans les mêmes écoles, qu’ils partagent la même culture. Et, l’expérience a montré, déjà à l’époque du Temple, que “ ceux qui te détruisent et ceux qui te démantèlent ” proviennent de l’intérieur. Si vous souhaitez formuler des remarques sur tout ce qui vient d’être dit, je serai heureux d’en prendre connaissance.
Puisse D.ieu faire que s’accomplisse enfin la promesse selon laquelle : “ Ils ne se rendront plus impurs par leurs souillures, par leurs abominations et par leurs fautes… Ils seront Mon peuple et Je serai leur D.ieu… Ils suivront Mes Jugements, garderont Mes Décrets et les feront ”. Tout ceci est l’introduction du verset qui est énoncé par la suite : “ Ils reviendront dans le pays… eux-mêmes, leurs enfants et leurs petits-enfants, pour l’éternité… Et, les nations sauront que Je suis l’Eternel, Qui sanctifie Israël ” (Yé’hezkel, au chapitre 37). A cette occasion, je voudrais vous exprimer ma chaleureuse reconnaissance pour m’avoir donné la possibilité de consulter le manuscrit intitulé : “ Recueil sur Vaykra ”. En signe de reconnaissance, je vous joins une liste des discours ‘hassidiques qu’il contient et qui sont déjà imprimés par ailleurs. Avec mes respects et ma bénédiction,
Notes
(1) Voir, à son sujet, les lettres n°5616 et 6806.
(2) Prônant la formation d’une culture israélienne spécifique, qui couperait toute relation avec le Judaïsme de diaspora.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°6714.
28 Adar Richon 5719,
Brooklyn, New York,
A l’attention de monsieur Avraham Its’hak Ha Cohen,
que l’on appelle le professeur Kats(1),
Je vous salue et vous bénis,
Je vous remercie d’avoir pensé à m’envoyer une copie de votre article intitulé : “ Un Juif non affilié ”, de même que son résumé qui a été publié dans le Jewish Forum. Je vous demande de m’excuser pour ce qui va suivre, même si je pense que mes propos ne vous étonneront pas. En effet, je suis obligé de vous dire que je ne suis pas d’accord avec vous et ma position émane d’une profonde conscience de la nécessité de préserver l’unité de notre peuple. Bien entendu, vous conviendrez également que cet objectif doit être privilégié. Car, si, de tout temps, il a été nécessaire de maintenir l’unité de notre nation, combien plus est-ce le cas, en la période actuelle que tous s’accordent pour définir comme un moment de crise et donc de confusion des esprits, de perte des valeurs. En pareil cas, le danger des compromis et de tout ce qui leur ressemble est largement accru. C’est selon cette optique qu’il faut appréhender également les idées et les conceptions qui font leur apparition en une seule nuit.
Comme c’est systématiquement le cas, quand on veut se faire une opinion sur une idée, on doit observer ses formes les plus extrêmes. Même si celles-ci ne sont adoptées que par une minorité, en apparence peu significative, elles n’en reflètent pas moins la direction, l’objectif d’une telle conception ou, en tout état de cause, ce qui peut en découler, si l’on n’intervient pas à temps. Je fais allusion à un slogan qui était répandu dans certains milieux, selon lequel : “ le Judaïsme d’Erets Israël et celui de la diaspora sont deux mondes différents ”. L’aspect extrême de cette conception a été mis en avant par le mouvement des cananéens(2). Dans ce contexte, la proposition de mettre le titre de “ Juif ”, même s’il est pris à un quelconque sens figuré, à la disposition des autres nations(3), que notre Tradition plusieurs fois millénaires a clairement identifié comme des non Juifs, ayant donc le droit de transgresser toutes les Mitsvot de la Torah à l’exception des Commandements transmis aux descendants de Noa’h sans que nul ne cherche à les en empêcher, avec lesquels aucune union valable ne peut être contractée, est un terrible drame, une déchirure dont on ne mesure même pas les conséquences. Même si l’on accole au titre “ Juif ” l’adjectif “ non affilié ”, quelqu’un retiendra l’adjectif alors qu’un autre se contentera du titre. Mais, en tout état de cause, le nom “ Juif ” quittera le domaine privé de notre peuple pour être placé dans le domaine public, n’appartenant plus à personne.
Bien plus, même si l’on remplace le mot “ juif ” par un terme profane correspondant, ce même danger subsiste, car tout ce qui devient public ne peut être le fait de personne. Il en découle ceci. A quiconque est chère l’unité d’Israël, y compris parmi ceux qui n’ont pas de lien avec la foi, il incombe de la défendre de toutes ses forces, sans permettre aucune faiblesse, aucun compromis, en la matière. Bien plus, si l’on médite sincèrement à tout cela, on devra reconnaître qu’un compromis, dans ce domaine n’est pas le moyen de faire régner la paix et l’unité. Bien au contraire, on suscite ainsi une situation dans laquelle il y aura des frictions permanentes, incessantes, qui iront croissant. A ce propos, on fait, à mon sens, une grande injustice en parlant d’Israël, d’Israéliens et en accordant ce titre également à des arabes et à des chrétiens. Ceux-ci, dès lors qu’ils sont citoyens d’Israël, deviennent donc des Israéliens. Vous pouvez comprendre ma position d’après ce qui est dit plus haut.
Il convient de souligner également un autre point. Il est une erreur de penser que la religion est nécessaire uniquement pour maintenir la pérennité d’Israël en diaspora, alors que, dès qu’on s’installe en Erets Israël, on peut se contenter de la langue et de la culture du pays. A mon sens, c’est le contraire qui est vrai. La religion est plus nécessaire en Erets Israël qu’à l’extérieur de ce pays. Car si, en diaspora, il y a un risque d’assimilation, du fait de laquelle un Juif sera perdu pour la communauté, ce qu’à D.ieu ne plaise, on peut craindre, tout autant, que des chrétiens et des musulmans, en Terre Sainte, se présentent malheureusement comme des enfants d’Israël, dès lors qu’ils résident dans ce pays, qu’ils parlent l’hébreu, qu’ils reçoivent leur éducation dans les mêmes écoles, qu’ils partagent la même culture. Et, l’expérience a montré, déjà à l’époque du Temple, que “ ceux qui te détruisent et ceux qui te démantèlent ” proviennent de l’intérieur. Si vous souhaitez formuler des remarques sur tout ce qui vient d’être dit, je serai heureux d’en prendre connaissance.
Puisse D.ieu faire que s’accomplisse enfin la promesse selon laquelle : “ Ils ne se rendront plus impurs par leurs souillures, par leurs abominations et par leurs fautes… Ils seront Mon peuple et Je serai leur D.ieu… Ils suivront Mes Jugements, garderont Mes Décrets et les feront ”. Tout ceci est l’introduction du verset qui est énoncé par la suite : “ Ils reviendront dans le pays… eux-mêmes, leurs enfants et leurs petits-enfants, pour l’éternité… Et, les nations sauront que Je suis l’Eternel, Qui sanctifie Israël ” (Yé’hezkel, au chapitre 37). A cette occasion, je voudrais vous exprimer ma chaleureuse reconnaissance pour m’avoir donné la possibilité de consulter le manuscrit intitulé : “ Recueil sur Vaykra ”. En signe de reconnaissance, je vous joins une liste des discours ‘hassidiques qu’il contient et qui sont déjà imprimés par ailleurs. Avec mes respects et ma bénédiction,
Notes
(1) Voir, à son sujet, les lettres n°5616 et 6806.
(2) Prônant la formation d’une culture israélienne spécifique, qui couperait toute relation avec le Judaïsme de diaspora.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°6714.