Lettre n° 6748

Par la grâce de D.ieu,
5 Adar Chéni 5719,
Brooklyn, New York,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu,
le Rav Moché Aryé Leïb(1),

Je vous salue et vous bénis,

Vous me faites savoir que votre petit-fils Mena’hem atteint l’âge de la pratique des Mitsvot. Puisse D.ieu faire que, de l’âge de treize ans, il accède à celui de quinze ans, selon les critères définis par la Michna, au chapitre 5 d’Avot. Il redoublera d’élan et d’ardeur en son étude de la Torah, de sa partie révélée et également de la ‘Hassidout. Il accomplira les Mitsvot de la meilleure façon. D.ieu lui accordera la réussite d’être un ‘Hassid, qui craint D.ieu et qui est un érudit de la Torah. Vous concevrez, de lui et de tous vos descendants, une large satisfaction ‘hassidique. Avec mes respects et ma bénédiction de réussite en votre mission sacrée à Torat Emeth(2) et pour la diffusion des sources(3),

A) Vous m’interrogez sur le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, partie Ora’h ‘Haïm, chapitre 128, au paragraphe 10. Selon ce texte, lorsque le service de D.ieu était effectué par les premiers-nés, ceux-ci pouvaient également posséder cette qualité uniquement par leur père. Or, d’où établir qu’il en est ainsi, puisque la sainteté de cet état s’applique spécifiquement à celui qui est le premier-né de sa mère ? La réponse la plus satisfaisante à cette question peut être trouvée dans la formulation de la Michna, au traité Zeva’him 112b et dans la description du service des premiers-nés, de même que dans les Targoumim sur le verset Chemot 24, 5. On peut, toutefois, s’interroger sue le traité Be’horot 4b, qui établit un lien avec le verset : “ sanctifie pour Moi tout premier-né ”, précisant que l’on est premier-né par sa mère. La question se pose donc.

B) Le Midrash Béréchit Rabba, chapitre 98, au paragraphe 4, dit que la prêtrise fut, d’emblée, accordée à Reouven. Puis, quand celui-ci commit la faute, elle lui fut ôtée et confiée à Lévi. Or, s’il fallait être un premier-né pour l’obtenir, elle aurait dû revenir également à Dan, Gad et Yossef. En outre, pourquoi leur fut-elle retirée ? Mais, l’on notera que le Midrash Tan’houma et le Targoum Yerouchalmi disent : “ grand prêtre ”, fonction qui ne peut être confiée simultanément à deux personnes.

C) Les maîtres des Tossafot, dans le Séfer Hadar Zekénim, au début de la Parchat Toledot, commentent le verset : “ Et, Yaakov donna ” de la manière suivante : “ En échange de l’héritage, Yaakov donna beaucoup d’argent à Essav ”. Et, le verset : “ Vends-moi, comme aujourd’hui, ton droit d’aînesse ” fait allusion au service de D.ieu. Le Be’hayé, à la fin de la Parchat Toledot, précise : “ Et, si tu te demandes comment Yaakov se permit de le berner, sache que Yaakov était, en fait, lui-même l’aîné, issu de la première goutte séminale ”. Pour autant, le premier-né, d’une manière concrète, fut effectivement Essav. Et, de ce fait, il fallut que celui-ci vende son droit d’aînesse, faute de quoi qui aurait cru que Yaakov était effectivement issu de la première goutte séminale ? Il y eut donc là une grande merveille. Et, vous consulterez, à ce propos, le traité Yebamot 98a. En la matière, les maîtres des Tossafot ont un avis qui s’écarte de celui du Midrash, cité par le commentaire de Rachi, au verset : “ Et, par la suite, sortit son frère ”.

D) Le Midrash Bamidbar Rabba, chapitre 4, paragraphe 8, précise que l’expression “ par les premiers-nés ”, qui est employée à propos du service de D.ieu, désigne, en réalité, “ des hommes grands et importants ”, mais qui ne sont pas nécessairement des premiers-nés, a fortiori pas systématiquement par leur mère. En tout état de cause, on peut s’interroger sur tout cela en consultant le Or Ha Torah du Tséma’h Tsédek, à la Parchat Béréchit, à partir de la page 343b, aux pages 157a et 166a. Mais, peut-être est-il possible de dire que ce passage du Or Ha Torah commente le Midrash cité par Rachi. Vous consulterez également le Korban Ha Eda, sur le Yerouchalmi, traité Meguila, chapitre 1, au paragraphe 11 et le Séfer Ha Guilgoulim, chapitre 23, au paragraphe 34.

Notes

(1) Le Rav M. A. L. Shapiro, de Jérusalem. Voir, à son sujet, la lettre n°3062.
(2) La Yechiva Loubavitch de Jérusalem.
(3) De la ‘Hassidout.