Lettre n° 7052

Par la grâce de D.ieu,
20 Tichri 5720,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre, adressée à la suite de mes vœux pour la nouvelle année, que vous avez sûrement reçus :

A) Vous faites allusion au bicentenaire de la Hilloula du Baal Chem Tov. Le point le plus important à souligner, en la matière, est le suivant(1). Il faut rectifier l’erreur de certains, selon lesquels l’enseignement du Baal Chem Tov se résume à la phrase : “ D.ieu demande le cœur ”, qu’il va donc à l’encontre, ce qu’à D.ieu ne plaise, de l’affirmation de la Michna selon laquelle : “ l’acte est essentiel ”. On en conclut donc…(2). En la matière, il est important de souligner que le Baal Chem Tov n’a pas introduit le moindre allègement de la Loi(3), ce qu’à D.ieu ne plaise, y compris pour de simples pratiques instaurées par les Sages. Bien au contraire, il a montré l’importance de la ferveur, souligné que chaque Juif possède pleinement les moyens de s’unir à son Créateur, grâce à Sa Torah et Ses Mitsvot, qu’il n’en est pas ainsi uniquement pour ceux qui ont reçu des capacités intellectuelles innées, leur permettant d’étudier profondément la Torah. Il a souligné que tous sont tenus de mettre en pratique les Mitsvot, d’une manière concrète, que chacun, “ en fonction de ses prédispositions intellectuelles et de la source de son âme ”, selon l’expression de l’Admour Hazaken, se doit d’étudier le sens simple, le sens allusif, le sens analytique et le sens ésotérique de la Torah.

B) Vous faites état de propositions selon lesquelles les élèves des écoles participeraient à différents défilés et à diverses manifestations. De façon générale, je n’approuve pas de telles pratiques, car on ne doit pas interrompre l’étude des enfants, y compris pour la reconstruction du Temple et combien plus…(4). Une exception peut être faite à ce principe lorsque leur participation reçoit une valeur pédagogique. En effet, l’enseignement dispensé aux élèves n’est pas uniquement oral. Il fait également intervenir la pratique concrète et de telles actions. Bien plus, on peut vérifier concrètement que celles-ci sont profondément dans l’esprit de l’élève et qu’il les retient. Il en résulte qu’avant d’obtenir une participation positive, est nécessaire une explication de la part du professeur ou du moniteur sur sa signification. Vous en déduirez également toutes les précautions qui sont nécessaires, en la matière. En effet, l’élève peut toujours recevoir une explication sur cette participation de quelqu’un d’autre, par exemple de ceux que vous citez dans votre lettre. Et, l’on peut imaginer que cette seconde explication le conduise à une conclusion opposée, comme vous l’écrivez vous-même. En cas de doute, il est donc préférable de s’abstenir. Vous faites valoir que l’on ne peut pas s’écarter de la communauté(5). Bien au contraire, il est parfois nécessaire de souligner plus clairement l’importance d’une certaine conception du monde et, précisément pour cela, de s’écarter de la communauté, sans être abusé par le fait que beaucoup adoptent un avis contraire.

C) Vous me dites que votre fils ne s’est pas totalement libéré de ce qui lui est arrivé, même si la situation est bien meilleure que de par le passé. Le médecin vous a sûrement expliqué l’importance essentielle, ou au moins déterminante, de l’état nerveux. Quand celui-ci s’est amélioré, renforcé, qu’il a retrouvé confiance en lui, il a commencé à se sentir mieux. Mais, pour renforcer cet acquis et pour faire disparaître ce qui s’est passé, il y a plusieurs traitements que les médecins peuvent prescrire, par exemple la réduction de l’alimentation et, bien sûr, de la boisson, avant d’aller dormir.

D) Vous me parlez également de la contraception(6). Notre Torah, de la même étymologie que Horaa, enseignement, est une Torah de vie, non seulement dans le monde futur, mais aussi, et même essentiellement, dans ce monde, car : “ elle ne se trouve pas dans le ciel ”. Or, la tension artérielle change, d’une période à une autre. Elle dépend de l’émotion et de l’état d’esprit. L’oubli la réduit largement. Le médecin leur(7) expliquera donc que des milliers de femmes ayant une tension supérieure à la normale, parviennent, néanmoins, à avoir des enfants, de la manière la plus favorable. L’idée essentielle est, en la matière, la suivante. Toute intervention de l’homme en de tels domaines, dépendant uniquement du Créateur du monde, Qui le dirige, va à l’encontre de la logique première et non uniquement de la conception de la Torah. On pourrait ajouter beaucoup d’autres précisions, à ce sujet, mais je n’en donnerai que deux :
1. En notre génération, chacun est “ un tison sauvé des flammes ”, après les persécutions qui ont été subites, D.ieu fasse qu’elles ne se produisent plus. Il faut donc compléter ce qui n’a pu être accompli par les personnes ayant disparu pour sanctifier le Nom de D.ieu. Avant tout, il est nécessaire de compléter le nombre des Juifs, au sens le plus littéral.
2. A notre époque, chacun recherche des prétextes, bâtit des règles générales à partir de situations spécifiques, parfois même d’une manière curieuse, pourvu que l’on puisse ainsi se simplifier la vie. On peut donc craindre qu’une telle attitude conduise d’autres femmes à en faire de même(8). En effet, il n’est pas connu de tous qu’en la matière, la raison d’une telle attitude est une tension artérielle élevée. Bien plus, on ne se demande même pas quelle est la raison et l’explication. On ne cite pour preuve que l’action concrète.

Puisse donc D.ieu faire que vous me donniez de bonnes nouvelles de tout cela, de votre réussite en votre mission sacrée, l’éducation basée sur les valeurs sacrées et “ à quiconque ajoute(9), on ajoute(10) ”. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles et pour une joyeuse fête(11),

Du fait de la sainteté de la fête, le Rabbi Chlita n’a pas signé cette lettre et je le fais donc en son nom,

Le secrétaire,

Notes

(1) Voir, à ce sujet, les lettres n°7114, 7226, 7328, 7333, 7356 et 7403.
(2) Que la pratique des Mitsvot n’est pas essentielle.
(3) Textuellement : “ pour la pointe se trouvant au-dessus du Youd ”.
(4) Pour de telles pratiques.
(5) Qu’il faut donc permettre la participation des élèves à ces activités, si les autres écoles le font.
(6) Pour une femme qui craint une grossesse du fait d’une tension artérielle élevée.
(7) Vraisemblablement à cette femme et à son mari.
(8) A avoir recours à la contraception.
(9) Des efforts.
(10) Des bénédictions.
(11) De Soukkot, cette lettre étant datée de son sixième jour, soit le quatrième de ‘Hol Ha Moéd.