Lettre n° 7074

Par la grâce de D.ieu,
14 Mar’hechvan 5720,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se
consacre aux besoins communautaires, le Rav Chmouel(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 9 Mar’hechvan, concernant le Kaddish et l’anniversaire du décès d’un enfant, commémoré par son père. Selon votre lettre, les parents du père n’y prêtent, pour leur part, aucune attention. De même, il n’y a pas lieu d’envisager une concurrence avec les autres personnes endeuillées(2). Vous citez vous-même le Choul’han Arou’h, Yoré Déa, au chapitre 376. Vous verrez aussi le Pit’heï Techouva, même chapitre, au paragraphe 3, énonçant la loi qui s’applique à quelqu’un qui est décédé alors qu’il avait moins de vingt ans. Ce sujet est précisé par le Sdeï ‘Hémed, recueil de lois, à l’article : “ deuil ”, paragraphes 151, 162 et 212. Vous verrez aussi le Choul’han Arou’h, chapitre 344, au paragraphe 4. Ces textes indiquent que la récitation du Kaddish et le respect de l’anniversaire du deuil sont utiles dès lors que l’enfant a passé l’âge de trente jours. Vous verrez ce que dit le Sifteï Cohen. Certains font une différence entre le Kaddish faisant suite à l’acceptation du jugement(3) et les autres, permettant l’élévation de l’âme. Peut-être ne faut-il pas le dire pour un enfant de moins de treize ans, qui n’est pas encore astreint à la pratique des Mitsvot. Une telle pratique a déjà été écartée, dans les références citées par le Sdeï ‘Hémed et par le Colbo sur le deuil du Rav Greenwald.

Il est vrai que le Yalkout Dat Va Din, du Rav David Assaf, paru à ‘Haïfa en 5705(4) rapporte une lettre du Rav T. P. Franck(5), selon laquelle, avant l’âge de treize ans, on ne dit pas le Kaddish et l’on ne marque pas la date du décès. Mais, cette affirmation n’est étayée par aucune référence et les livres précédemment cités affirment le contraire. Vous connaissez la question qui est posée, à ce sujet, comme le rapporte le Noda Bihouda, seconde édition, Yoré Déa, au chapitre 8, sur le traité Sanhédrin 104a. Mais, différents textes trouvent une réponse dans les Tossafot, au traité Sotta 10b, affirmant que la prière apporte le salut. A ce propos, on trouve une longue explication dans le testament du Rabbi Rachab, qui est imprimé dans le fascicule ‘Hano’h Le Naar, à la page 19, que vous consulterez attentivement. Ce texte dit aussi que le père a, en la matière(6), une préséance que n’ont pas les autres membres de la famille. C’est bien évident.

Pour passer d’un sujet à un autre(7), vous faites allusion, à la fin de votre lettre, à la fixation de la date anniversaire du décès, au jour de la mort ou bien à celui de l’enterrement(8). Il y a, à ce propos, un enseignement de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, selon lequel on retient le jour de la mort, dès la première année, même si l’enterrement a été retardé, comme le rapporte le Hayom Yom, à la date du 13 Chevat. Puisse D.ieu faire que s’accomplisse prochainement la promesse selon laquelle : “ Il fera revenir le cœur des pères vers les enfants et le cœur des enfants vers leur père ”. Alors, “ Il fera disparaître la mort pour l’éternité ” et “ ils se réveilleront et se réjouiront ceux qui reposent sous terre ”. Vous consulterez les allusions merveilleuses, rapportées à propos du verset : “ Il fera disparaître la mort pour l’éternité ” dans le Dan Yadin, tome 3, du Séfer Karnaïm, dont l’auteur est le Juste divin, versé dans la Kabbala, le Rav C. de Ostropola. Cet ouvrage établit une relation avec Yona, fils d’Amitaï, dont on sait qu’il puisa l’inspiration divine lors de la célébration de Sim’hat Beth Ha Choéva(9). Puisse D.ieu faire que ceci s’accomplisse prochainement, lors de l’édification du troisième Temple, avec la venue de notre juste Machia’h. Avec mes respects et ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles,

Notes

(1) Le Rav C. Yalow. Voir, à son sujet, les lettres n°6353 et 6387.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “ Selon la coutume en vigueur dans ce pays qui veut que tous disent le Kaddish ensemble ”.
(3) Prononcé au moment de l’enterrement.
(4) 1945.
(5) Le Rav Tsvi Pessa’h Franck, qui fut par la suite le grand Rabbin de Tel Aviv.
(6) Pour réciter le Kaddish.
(7) En restant dans le même contexte.
(8) Voir, à ce sujet, la lettre n°4667.
(9) Les réjouissances qui étaient célébrées dans le Temple, quand on puisait l’eau des libations.