Lettre n° 7110
Par la grâce de D.ieu,
9 Kislev 5720,
Brooklyn, New York,
A monsieur Chalom Lewin(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai reçu, avec plaisir, votre lettre du début de ‘Hechvan, dont l’acheminement a été retardé. En outre, j’en ai moi-même retenu la réponse, pensant que vous visiteriez bientôt Kfar ‘Habad. Il semble, toutefois, que cette visite ait été retardée. Or, le mois de Kislev a commencé et je ne retarderai donc pas plus la présente, d’autant que je souhaite vous exprimer ma satisfaction, en observant que notre conversation a porté ses fruits, que vous avez bien lancé un appel aux enseignants, afin qu’ils soient volontaires pour diriger les jeunes. Or, vous avez rencontré un écho favorable et nombre d’entre eux se sont effectivement portés volontaires pour cette activité. J’ai bon espoir que ce commencement fructueux attirera d’autres volontaires, en nombre beaucoup plus large et que cette forme d’éducation en introduira une autre, qui sera plus complète, comme nous en avons parlé. En effet, chaque Juif possède en lui un point de Judaïsme et il y a donc nécessairement une idée qui peut prendre son cœur, lui suggérer la motivation qui convient. Je fais allusion au Judaïsme traditionnel, tel qu’il est depuis des millénaires, dont l’expression véritable, selon l’expression de la Michna, est : “ l’acte (qui) est essentiel ”, dans l’existence concrète et quotidienne. Chez l’un, ce point de Judaïsme se marquera à l’évidence par la Tsédaka, alors que, pour l’autre, il s’agira d’un autre domaine, mais, en tout état de cause, le cœur de tous est en éveil pour D.ieu. J’espère donc que cette forme d’éducation se développera, jusqu’à inclure un Judaïsme intègre. Or, vous êtes celui qui a commencé à accomplir cette Mitsva. Sans doute la poursuivrez-vous donc jusqu’à sa conclusion, dans la mesure où l’on peut employer ce terme en matière d’éducation. En effet, celui qui est un homme se doit de recevoir, et il reçoit effectivement, une éducation chaque jour de sa vie. Bien plus, le Baal Chem Tov, commentant la Michna : “ Qui est le sage ? C’est celui qui apprend de chacun ”, précisa que tout ce que D.ieu créa dans Son monde à pour but d’enseigner à l’homme le comportement qu’il doit adopter. Ceci est rapporté dans les additifs, se trouvant à la fin du livre des mémoires de mon beau-père, le Rabbi, dans le tome 1.
J’ai bon espoir que vous me ferez l’amitié de me prévenir de votre visite à Kfar ‘Habad et, en outre, ce qui est essentiel, de la poursuite de vos actions dans les domaines dont nous avons traités et que vous mentionnez au début de votre lettre, c’est-à-dire l’éducation de la jeunesse ayant dépassé l’enseignement élémentaire. Puisse D.ieu faire qu’en la matière également, la situation se développe, comme l’indique la fin de ce mois, les jours de ‘Hanouka, qui sont placés sous le signe de l’ajout(2), d’une lumière accrue, d’une bougie supplémentaire chaque jour, car “ la bougie de D.ieu est l’âme d’un homme ” et “ la bougie est une Mitsva et la Torah, une lumière ”. Je vous adresse mes respects, ma bénédiction et je me permets de saluer également tous ceux qui ont été volontaires pour réaliser cet objectif, comme vous l’écrivez dans votre lettre. On m’a adressé également un extrait de votre article intitulé : “ Il réprimande et il aime ”, dans lequel vous faites état du contenu de notre entretien. Je vous remercie d’avoir attiré l’attention des participants sur la réunion des enfants et, plus généralement, sur le milieu qui est peut-être le seul à pouvoir être le canal, véhiculant le message dont nous avons parlé.
Simultanément, je me dois d’exprimer ma peine, concernant un élément qui ne convient pas, bien qu’il soit essentiel. Et, je suis surpris qu’il émane de vous. Vous comprenez sûrement, je l’espère, que je fais allusion à l’extrait suivant de votre article(3) : “ Son service et son abnégation… lui conféreront un mérite, grâce auquel il ne sera pas puni pour les fautes qu’il aura commises par inadvertance ”. Selon ce que je me souviens, j’ai dit ceci : celui qui a acquis de nombreux mérites n’en a pas pour autant le droit de commettre la moindre transgression, y compris la plus infime. Ma surprise est d’autant plus grande que vous devez admettre, y compris selon votre propre conception, que la formulation, telle que la vous rapportez, n’est pas exacte, “ ou bien d’après le verset, ou bien d’après la logique ”, selon l’expression de nos Sages. Pourtant, il s’agit bien ici de votre domaine, celui de l’éducation. En effet, la raison d’être de la scolarité obligatoire, qui fut l’un des premiers acquis du ministère de l’éducation instauré en Terre Sainte, est basée sur l’idée que les parents, même s’ils ont mis un enfant au monde, lui donnent à manger et à boire, le vêtissent, satisfont tous ses besoins, n’en ont pas pour autant le droit de lui dispenser l’éducation que bon leur semble. Bien au contraire, il appartient à ceux qui sont chargés de veiller au bien de la collectivité et de l’individu à la fois d’en établir le programme, au moins minimal, sur lequel les parents n’ont en aucune façon leur mot à dire.
Combien plus en est-il ainsi pour ce qui fait l’objet de notre propos. Les fautes commises par inadvertance, pour reprendre votre expression, ont entaché des milliers, des dizaines de milliers de nos frères, les fils et filles d’Israël. Et, l’on peut en dire de même pour l’homme en tout ce qui le concerne, “ ou bien d’après le verset ”, car nombreux sont les versets qui énoncent ce principe, en particulier les propos du prophète Yé’hezkel 18, 24 : “ Lorsque le Juste revient sur sa droiture… ”. Tout comme vous le faites remarquer, à la fin de votre lettre, j’espère que nous aurons encore l’occasion de poursuivre notre conversation et je ne peux me retenir de mentionner, à ce sujet, cette année propice, la deux centième depuis la Hilloula du Baal Chem Tov. Je vous joins une copie de ma lettre, à ce propos. J’espère qu’elle vous intéressera.
Notes
(1) Voir, à son sujet, la lettre n°7226.
(2) Du nombre de lumières allumées.
(3) Extrait de l’entrevue accordée par le Rabbi au destinataire de cette lettre.
9 Kislev 5720,
Brooklyn, New York,
A monsieur Chalom Lewin(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai reçu, avec plaisir, votre lettre du début de ‘Hechvan, dont l’acheminement a été retardé. En outre, j’en ai moi-même retenu la réponse, pensant que vous visiteriez bientôt Kfar ‘Habad. Il semble, toutefois, que cette visite ait été retardée. Or, le mois de Kislev a commencé et je ne retarderai donc pas plus la présente, d’autant que je souhaite vous exprimer ma satisfaction, en observant que notre conversation a porté ses fruits, que vous avez bien lancé un appel aux enseignants, afin qu’ils soient volontaires pour diriger les jeunes. Or, vous avez rencontré un écho favorable et nombre d’entre eux se sont effectivement portés volontaires pour cette activité. J’ai bon espoir que ce commencement fructueux attirera d’autres volontaires, en nombre beaucoup plus large et que cette forme d’éducation en introduira une autre, qui sera plus complète, comme nous en avons parlé. En effet, chaque Juif possède en lui un point de Judaïsme et il y a donc nécessairement une idée qui peut prendre son cœur, lui suggérer la motivation qui convient. Je fais allusion au Judaïsme traditionnel, tel qu’il est depuis des millénaires, dont l’expression véritable, selon l’expression de la Michna, est : “ l’acte (qui) est essentiel ”, dans l’existence concrète et quotidienne. Chez l’un, ce point de Judaïsme se marquera à l’évidence par la Tsédaka, alors que, pour l’autre, il s’agira d’un autre domaine, mais, en tout état de cause, le cœur de tous est en éveil pour D.ieu. J’espère donc que cette forme d’éducation se développera, jusqu’à inclure un Judaïsme intègre. Or, vous êtes celui qui a commencé à accomplir cette Mitsva. Sans doute la poursuivrez-vous donc jusqu’à sa conclusion, dans la mesure où l’on peut employer ce terme en matière d’éducation. En effet, celui qui est un homme se doit de recevoir, et il reçoit effectivement, une éducation chaque jour de sa vie. Bien plus, le Baal Chem Tov, commentant la Michna : “ Qui est le sage ? C’est celui qui apprend de chacun ”, précisa que tout ce que D.ieu créa dans Son monde à pour but d’enseigner à l’homme le comportement qu’il doit adopter. Ceci est rapporté dans les additifs, se trouvant à la fin du livre des mémoires de mon beau-père, le Rabbi, dans le tome 1.
J’ai bon espoir que vous me ferez l’amitié de me prévenir de votre visite à Kfar ‘Habad et, en outre, ce qui est essentiel, de la poursuite de vos actions dans les domaines dont nous avons traités et que vous mentionnez au début de votre lettre, c’est-à-dire l’éducation de la jeunesse ayant dépassé l’enseignement élémentaire. Puisse D.ieu faire qu’en la matière également, la situation se développe, comme l’indique la fin de ce mois, les jours de ‘Hanouka, qui sont placés sous le signe de l’ajout(2), d’une lumière accrue, d’une bougie supplémentaire chaque jour, car “ la bougie de D.ieu est l’âme d’un homme ” et “ la bougie est une Mitsva et la Torah, une lumière ”. Je vous adresse mes respects, ma bénédiction et je me permets de saluer également tous ceux qui ont été volontaires pour réaliser cet objectif, comme vous l’écrivez dans votre lettre. On m’a adressé également un extrait de votre article intitulé : “ Il réprimande et il aime ”, dans lequel vous faites état du contenu de notre entretien. Je vous remercie d’avoir attiré l’attention des participants sur la réunion des enfants et, plus généralement, sur le milieu qui est peut-être le seul à pouvoir être le canal, véhiculant le message dont nous avons parlé.
Simultanément, je me dois d’exprimer ma peine, concernant un élément qui ne convient pas, bien qu’il soit essentiel. Et, je suis surpris qu’il émane de vous. Vous comprenez sûrement, je l’espère, que je fais allusion à l’extrait suivant de votre article(3) : “ Son service et son abnégation… lui conféreront un mérite, grâce auquel il ne sera pas puni pour les fautes qu’il aura commises par inadvertance ”. Selon ce que je me souviens, j’ai dit ceci : celui qui a acquis de nombreux mérites n’en a pas pour autant le droit de commettre la moindre transgression, y compris la plus infime. Ma surprise est d’autant plus grande que vous devez admettre, y compris selon votre propre conception, que la formulation, telle que la vous rapportez, n’est pas exacte, “ ou bien d’après le verset, ou bien d’après la logique ”, selon l’expression de nos Sages. Pourtant, il s’agit bien ici de votre domaine, celui de l’éducation. En effet, la raison d’être de la scolarité obligatoire, qui fut l’un des premiers acquis du ministère de l’éducation instauré en Terre Sainte, est basée sur l’idée que les parents, même s’ils ont mis un enfant au monde, lui donnent à manger et à boire, le vêtissent, satisfont tous ses besoins, n’en ont pas pour autant le droit de lui dispenser l’éducation que bon leur semble. Bien au contraire, il appartient à ceux qui sont chargés de veiller au bien de la collectivité et de l’individu à la fois d’en établir le programme, au moins minimal, sur lequel les parents n’ont en aucune façon leur mot à dire.
Combien plus en est-il ainsi pour ce qui fait l’objet de notre propos. Les fautes commises par inadvertance, pour reprendre votre expression, ont entaché des milliers, des dizaines de milliers de nos frères, les fils et filles d’Israël. Et, l’on peut en dire de même pour l’homme en tout ce qui le concerne, “ ou bien d’après le verset ”, car nombreux sont les versets qui énoncent ce principe, en particulier les propos du prophète Yé’hezkel 18, 24 : “ Lorsque le Juste revient sur sa droiture… ”. Tout comme vous le faites remarquer, à la fin de votre lettre, j’espère que nous aurons encore l’occasion de poursuivre notre conversation et je ne peux me retenir de mentionner, à ce sujet, cette année propice, la deux centième depuis la Hilloula du Baal Chem Tov. Je vous joins une copie de ma lettre, à ce propos. J’espère qu’elle vous intéressera.
Notes
(1) Voir, à son sujet, la lettre n°7226.
(2) Du nombre de lumières allumées.
(3) Extrait de l’entrevue accordée par le Rabbi au destinataire de cette lettre.