Lettre n° 7162

Par la grâce de D.ieu,
20 Tévet 5720,
Brooklyn,

Aux dirigeants de la Yechiva Tom’heï Temimim
à Lod, que D.ieu vous accorde longue vie,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre et à vos questions :

A) Je répète encore une fois ce qui est bien évident. Il est particulièrement douloureux de constater que, il y a déjà plusieurs mois, j’ai demandé(1) que l’on publie un recueil de commentaires rédigés par les élèves. Or, pour l’heure, rien n’a été fait.

B) De même, il est tout aussi évident que, si la Yechiva porte le nom de Tom’heï Temimim, il est nécessaire que l’on y étudie la ‘Hassidout et qu’on la comprenne réellement, comme l’explique longuement le Kountrass Ets ‘Haïm et conformément au souhait de nos maîtres, fondateurs de cette Yechiva, qui la dirigent. Nous nous écartons, en cela, de la conception des ‘Hassidim ‘Hagat(2). Il est bien clair que les élèves se trouvant dans une telle Yechiva pendant un an ou deux, ou même plus que cela, doivent comprendre quelques concepts de ‘Hassidout, au point d’être en mesure de transmettre ce qu’ils en ont perçu, oralement ou par écrit. Différentes références renvoient à des livres, des fascicules ou des discours ‘hassidiques qui sont disponibles. Après un ou deux ans d’étude, ils doivent pouvoir indiquer que tel concept est présenté dans tel ouvrage, qu’il est également traité dans tel autre livre, lequel, bien entendu, apporte une précision complémentaire. Or, on a édité un index des thèmes traités par le saint Tanya, par le Torah Or, par le Likouteï Torah et il est donc désormais possible de le faire sans difficulté particulière et même sans effort spécifique. De ce fait, on peut véritablement se demander pourquoi ce recueil n’a pas encore été édité. Vous précisez, en effet, que le retard en incombe essentiellement à la partie qui porte sur la ‘Hassidout.

C) L’étonnement est d’autant plus grand que, s’agissant des quelques élèves de Lod qui sont venus ici(3), on a pu constaté, dès leur arrivée, qu’ils étaient parfaitement capables de rédiger, avec tous les commentaires conformes à ce qui vient d’être dit. Or, il est clair qu’ils n’ont pas acquis cette capacité pendant leur voyage entre Lod et ici.

D) Peut-être certains mettent-ils en cause le soi-disant fait nouveau que constitue cette demande(4), car une telle pratique n’existait pas, il y a cent cinquante ans. Il faut leur apporter deux réponses :

1. Ceux qui ont vu le recueil Ha Tamim, publié à Varsovie par mon beau-père, le Rabbi, savent qu’une telle rubrique y existait effectivement.

2. Comme on le sait, le critère qu’il convient de retenir, en la matière(5), pour établir l’origine de tels arguments, est exposé dans le calendrier Hayom Yom, à la date du 23 Sivan. Il consiste à examiner ce qui en résulte concrètement. Or, on peut constater que les élèves qui se sont consacrés à cela en ont éprouvé un enthousiasme accru pour les domaines sur lesquels leur étude a porté. Bien plus, ils ont su motiver leurs amis en ce sens. Ainsi, cet usage a été connu par ceux qui, auparavant, n’en avaient pas entendu parler. De même, la nécessité de rédiger a exigé un examen plus attentif, une analyse plus profonde. Et, d’une affirmation on peut déduire une négation(6). Je veux dire que, si l’on dit aux élèves qu’il n’y a pas lieu de s’intéresser à rédiger de tels textes, qu’il ne faut pas rechercher des faits nouveaux et des explications profondes, on observera concrètement ce qui en résultera.

E) Certains s’interrogent et craignent que la rédaction de ces textes ne confère à leurs auteurs une forte conscience d’eux-mêmes(7). Cette réaction est difficile à comprendre car on peut en dire de même pour les explications de la partie révélée de la Torah. En outre, le même risque existe quand on exige des élèves qu’ils récitent des discours ‘hassidiques en public, qu’ils mènent une campagne pour l’étude de la ‘Hassidout, qu’ils en expliquent la nécessité selon leurs propres termes. Il est bien évident que, si l’on ne rédige pas ces textes et qu’on ne les publie pas, on réduit la diffusion des sources(8) à l’extérieur, qu’il s’agisse de l’extérieur qui est personnel à chacun, de l’extérieur se trouvant dans ses quatre coudées ou bien de l’extérieur au sens propre. Chacun d’entre nous est tenu de le faire, conformément à la sainte épître du Baal Chem Tov et, plus près de nous, à l’enseignement de nos maîtres. A n’en pas douter, la direction de la Yechiva a connaissance de tout cela. Avec ma bénédiction,

Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,

E. Kwint,

N. B. : J’ai bien reçu vos lettres des 11, 12 et 13 Tévet, avec ce qui y était joint, de même que les précédentes.

Notes

(1) Voir, à ce sujet, les lettres n°6943 et 7123.
(2) Qui privilégient l’émotion plutôt que l’intellect et ne mettent donc pas l’accent sur l’étude de textes ‘hassidiques.
(3) Afin de poursuivre leurs études dans la Yechiva se trouvant auprès du Rabbi.
(4) La rédaction de ces recueils.
(5) Pour déterminer si cette publication est une bonne initiative ou non.
(6) En l’occurrence, ceux qui n’ont pas participé à la rédaction de ce recueil n’ont pas eu cet examen plus attentif et cette analyse plus profonde.
(7) Ceux-ci pourraient en concevoir de l’orgueil.
(8) De la ‘Hassidout.