Lettre n° 7199
Par la grâce de D.ieu,
19 Chevat 5720,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se
consacre aux besoins communautaires, aux multiples
connaissances, le Rav C. Y.(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre du jeudi soir, avant-veille du Chabbat Chira(2), qui faisait suite à une interruption inhabituelle de vos correspondances et j’en étais déjà inquiet. Peut-être la raison en est-elle ce que vous mentionnez à la fin de votre lettre, le décès de votre frère, qui reposera en paix. Puisse D.ieu faire qu’à l’avenir, vous ne m’annonciez que de bonnes nouvelles, d’un bien visible et tangible, toujours et tous les jours. Vous faites référence à la question du grand Rabbinat(3). Bien entendu, je suis d’accord avec votre décision, pour la raison que vous m’écrivez et pour bien d’autres encore. Je vous remercie pour les détails que vous me communiquez, à ce sujet.
Hier, quelques heures avant de recevoir votre lettre, j’ai reçu la visite d’un représentant de la “ claims conference ”(4) et du Rav Yochoua Hutner(5). Ils sont venus séparément, chacun n’ayant pas été prévenu de la visite de l’autre. Bien entendu, j’ai parlé, avec l’un et l’autre, de l’Encyclopédie talmudique. Ce représentant a expliqué que son institution a, encore une fois, changé de position. Elle apprécie cette œuvre et désire lui apporter sa contribution. Elle a émis le vœu que sa parution soit plus fréquente, comme si cela faisait obstacle à l’octroi de cette subvention. J’ai exposé cet argument au Rav Yochoua qui m’a répondu que ces deux éléments ne sont pas liés, car pour préparer les différents articles de l’Encyclopédie, il est très important de disposer d’une subvention plus large. En effet, plus l’équipe de rédaction sera nombreuse, plus l’édition sera prête rapidement. J’ai demandé pourquoi il devait en être ainsi, puisqu’il s’agissait uniquement d’une première version de ces articles. Vous-même m’écrivez que la cadence de parution des volumes est suffisamment rapide, compte tenu de vos possibilités. Il m’a répondu qu’il espérait pouvoir réduire les délais de corrections, d’amélioration du texte ou même de sa réécriture, lorsque les rédacteurs des articles s’habitueront à leur travail et s’investiront plus encore dans leur tâche. Il a ajouté que la première version de ces articles est prête jusqu’à la lettre Aïn et, si la subvention est suffisante, on peut espérer qu’en quatre ou cinq ans, soit la période de fonctionnement de cette “ conference ”, vous pourrez achever entièrement cette première édition.
Bien entendu, je ne sais pas ce qu’il en est réellement, mais je lui ai aussitôt répondu que, connaissant les conceptions des membres de la “ conference ”, cette nouvelle sera pour eux du meilleur effet. Il faut donc les informer de ces deux points, l’existence d’une première version jusqu’à la lettre Aïn, d’une part, ce qu’il faudra sûrement pouvoir justifier et, plus encore, l’existence d’un programme pour achever cette première version en trois ou quatre ans, d’autre part. Nous avons conclu qu’à l’approche du moment de formuler ces requêtes, vous me ferez part de la situation et peut-être même enverrez-vous ici une copie de la demande que vous présentez à la “ claims ”. Je vous serais reconnaissant si vous-même, de votre côté, me décriviez la situation actuelle. Vous me direz aussi, discrètement, si, parmi les membres de cette organisation se trouvant dans la ville sainte de Jérusalem, certains connaissent l’avancement en ce sens, de temps à autre, de sorte que votre travail en soit facilité et que les volumes paraissent plus fréquemment.
Vous m’interrogez sur le fait que : “ le dixième sera sacré ” en tout état de cause(6), ce qui veut dire que, quand neuf éléments sont réunis, le dixième est désigné par une révélation céleste. Il semble que vous souhaitiez comparer cette situation au fait que : “ Vous compterez cinquante jours ”, alors que concrètement, on n’en compte que quarante neuf(7). Néanmoins, on ne parle de révélation s’effectuant d’elle-même que pour le chiffre cinquante, correspondant à la Sefira de Bina, de l’analyse raisonnée, mais non pour le chiffre dix, lié à la Sefira de Mal’hout, de la royauté. Comme pour toute idée de l’enseignement profond de la Torah, on trouve, là aussi, une équivalence dans sa partie révélée. En effet, la sainteté du cinquantième jour provient totalement de ce niveau lui-même. Et, il est bien question ici de sainteté et non de temps, lequel s’écoule de lui-même. De ce point de vue, il n’y a donc pas de différence entre le cinquantième jour et tous les précédents. Il n’en est pas de même, en revanche, pour le prélèvement de la dîme, qui implique, tout au moins une action. Mais, en tout état de cause,
A) celle-ci n’émane pas de l’homme, mais bien de l’objet lui-même qui est ainsi consacré, ou bien(8)
B) celle-ci n’émane pas de l’homme, mais de l’animal, qui sort de l’étable et change ainsi l’endroit où il se trouve, ou encore s’écarte des autres du fait du compte établi par l’homme.
Selon les notions développées par la ‘Hassidout, on peut expliquer : “ le dixième sera sacré ” par le fait que le Séfer Yetsira mentionne uniquement trois éléments fondamentaux de la matière(9), mais non la terre(10), laquelle est incluse dans les trois précédents. Ainsi, si l’on fait bouillir de l’eau sur le feu, le vent les sépare et les rejoint à la fois, de sorte que l’action conjointe de ces trois éléments fait apparaître dans l’eau un peu de poussière, mais tout cela ne sera pas développé ici, d’autant que, pour l’heure, je n’ai pas trouvé de texte exposant clairement tout cela. Je conclus par la manière dont vous-même introduisez votre lettre. J’observe, en effet, que vous écrivez 5720, Tav, Chin, Kaf, avec un Kaf allongé. Or, il se trouve que j’ai déjà répondu, à ce sujet, à quelqu’un qui m’interrogeait(11). Puis, j’ai entendu dire qu’il y avait une controverse, en Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, à propos du Kaf allongé et du Kaf recourbé. Vous consulterez donc le Likouteï Torah, Chir Hachirim, à la page 35c et les responsa Héchiv Moché, au paragraphe 1. Je vous joins une copie de la lettre que j’ai dernièrement écrite à quelqu’un. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela, à la fois de vos réalisations communautaires et de vos préoccupations personnelles,
M. Schneerson,
Notes
(1) Le Rav Chlomo Yossef Zevin, de Jérusalem. Voir, à son sujet, la lettre n°7066.
(2) Le Chabbat Parchat Bechala’h.
(3) D’Erets Israël. Voir, à ce propos, la lettre n°6967.
(4) Chargé du dédommagement des victimes de la barbarie nazie et, qui, au titre des réparations, finança également l’édition de l’Encyclopédie talmudique, du Rav Zevin.
(5) Collaborateur du Rav Zevin pour la rédaction de l’Encyclopédie talmudique.
(6) Voir, à ce sujet, les lettres n°7186, 7333 et 7356.
(7) Jours de l’Omer, le cinquantième étant une révélation céleste.
(8) Selon qu’il s’agit de la dîme des objets ou de celle des animaux.
(9) Voir, à ce sujet, la lettre n°6903.
(10) Généralement définie comme le quatrième, les trois premiers étant le feu, le vent et l’eau.
(11) Voir la lettre n°7190.
19 Chevat 5720,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se
consacre aux besoins communautaires, aux multiples
connaissances, le Rav C. Y.(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre du jeudi soir, avant-veille du Chabbat Chira(2), qui faisait suite à une interruption inhabituelle de vos correspondances et j’en étais déjà inquiet. Peut-être la raison en est-elle ce que vous mentionnez à la fin de votre lettre, le décès de votre frère, qui reposera en paix. Puisse D.ieu faire qu’à l’avenir, vous ne m’annonciez que de bonnes nouvelles, d’un bien visible et tangible, toujours et tous les jours. Vous faites référence à la question du grand Rabbinat(3). Bien entendu, je suis d’accord avec votre décision, pour la raison que vous m’écrivez et pour bien d’autres encore. Je vous remercie pour les détails que vous me communiquez, à ce sujet.
Hier, quelques heures avant de recevoir votre lettre, j’ai reçu la visite d’un représentant de la “ claims conference ”(4) et du Rav Yochoua Hutner(5). Ils sont venus séparément, chacun n’ayant pas été prévenu de la visite de l’autre. Bien entendu, j’ai parlé, avec l’un et l’autre, de l’Encyclopédie talmudique. Ce représentant a expliqué que son institution a, encore une fois, changé de position. Elle apprécie cette œuvre et désire lui apporter sa contribution. Elle a émis le vœu que sa parution soit plus fréquente, comme si cela faisait obstacle à l’octroi de cette subvention. J’ai exposé cet argument au Rav Yochoua qui m’a répondu que ces deux éléments ne sont pas liés, car pour préparer les différents articles de l’Encyclopédie, il est très important de disposer d’une subvention plus large. En effet, plus l’équipe de rédaction sera nombreuse, plus l’édition sera prête rapidement. J’ai demandé pourquoi il devait en être ainsi, puisqu’il s’agissait uniquement d’une première version de ces articles. Vous-même m’écrivez que la cadence de parution des volumes est suffisamment rapide, compte tenu de vos possibilités. Il m’a répondu qu’il espérait pouvoir réduire les délais de corrections, d’amélioration du texte ou même de sa réécriture, lorsque les rédacteurs des articles s’habitueront à leur travail et s’investiront plus encore dans leur tâche. Il a ajouté que la première version de ces articles est prête jusqu’à la lettre Aïn et, si la subvention est suffisante, on peut espérer qu’en quatre ou cinq ans, soit la période de fonctionnement de cette “ conference ”, vous pourrez achever entièrement cette première édition.
Bien entendu, je ne sais pas ce qu’il en est réellement, mais je lui ai aussitôt répondu que, connaissant les conceptions des membres de la “ conference ”, cette nouvelle sera pour eux du meilleur effet. Il faut donc les informer de ces deux points, l’existence d’une première version jusqu’à la lettre Aïn, d’une part, ce qu’il faudra sûrement pouvoir justifier et, plus encore, l’existence d’un programme pour achever cette première version en trois ou quatre ans, d’autre part. Nous avons conclu qu’à l’approche du moment de formuler ces requêtes, vous me ferez part de la situation et peut-être même enverrez-vous ici une copie de la demande que vous présentez à la “ claims ”. Je vous serais reconnaissant si vous-même, de votre côté, me décriviez la situation actuelle. Vous me direz aussi, discrètement, si, parmi les membres de cette organisation se trouvant dans la ville sainte de Jérusalem, certains connaissent l’avancement en ce sens, de temps à autre, de sorte que votre travail en soit facilité et que les volumes paraissent plus fréquemment.
Vous m’interrogez sur le fait que : “ le dixième sera sacré ” en tout état de cause(6), ce qui veut dire que, quand neuf éléments sont réunis, le dixième est désigné par une révélation céleste. Il semble que vous souhaitiez comparer cette situation au fait que : “ Vous compterez cinquante jours ”, alors que concrètement, on n’en compte que quarante neuf(7). Néanmoins, on ne parle de révélation s’effectuant d’elle-même que pour le chiffre cinquante, correspondant à la Sefira de Bina, de l’analyse raisonnée, mais non pour le chiffre dix, lié à la Sefira de Mal’hout, de la royauté. Comme pour toute idée de l’enseignement profond de la Torah, on trouve, là aussi, une équivalence dans sa partie révélée. En effet, la sainteté du cinquantième jour provient totalement de ce niveau lui-même. Et, il est bien question ici de sainteté et non de temps, lequel s’écoule de lui-même. De ce point de vue, il n’y a donc pas de différence entre le cinquantième jour et tous les précédents. Il n’en est pas de même, en revanche, pour le prélèvement de la dîme, qui implique, tout au moins une action. Mais, en tout état de cause,
A) celle-ci n’émane pas de l’homme, mais bien de l’objet lui-même qui est ainsi consacré, ou bien(8)
B) celle-ci n’émane pas de l’homme, mais de l’animal, qui sort de l’étable et change ainsi l’endroit où il se trouve, ou encore s’écarte des autres du fait du compte établi par l’homme.
Selon les notions développées par la ‘Hassidout, on peut expliquer : “ le dixième sera sacré ” par le fait que le Séfer Yetsira mentionne uniquement trois éléments fondamentaux de la matière(9), mais non la terre(10), laquelle est incluse dans les trois précédents. Ainsi, si l’on fait bouillir de l’eau sur le feu, le vent les sépare et les rejoint à la fois, de sorte que l’action conjointe de ces trois éléments fait apparaître dans l’eau un peu de poussière, mais tout cela ne sera pas développé ici, d’autant que, pour l’heure, je n’ai pas trouvé de texte exposant clairement tout cela. Je conclus par la manière dont vous-même introduisez votre lettre. J’observe, en effet, que vous écrivez 5720, Tav, Chin, Kaf, avec un Kaf allongé. Or, il se trouve que j’ai déjà répondu, à ce sujet, à quelqu’un qui m’interrogeait(11). Puis, j’ai entendu dire qu’il y avait une controverse, en Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, à propos du Kaf allongé et du Kaf recourbé. Vous consulterez donc le Likouteï Torah, Chir Hachirim, à la page 35c et les responsa Héchiv Moché, au paragraphe 1. Je vous joins une copie de la lettre que j’ai dernièrement écrite à quelqu’un. Avec ma bénédiction pour donner de bonnes nouvelles de tout cela, à la fois de vos réalisations communautaires et de vos préoccupations personnelles,
M. Schneerson,
Notes
(1) Le Rav Chlomo Yossef Zevin, de Jérusalem. Voir, à son sujet, la lettre n°7066.
(2) Le Chabbat Parchat Bechala’h.
(3) D’Erets Israël. Voir, à ce propos, la lettre n°6967.
(4) Chargé du dédommagement des victimes de la barbarie nazie et, qui, au titre des réparations, finança également l’édition de l’Encyclopédie talmudique, du Rav Zevin.
(5) Collaborateur du Rav Zevin pour la rédaction de l’Encyclopédie talmudique.
(6) Voir, à ce sujet, les lettres n°7186, 7333 et 7356.
(7) Jours de l’Omer, le cinquantième étant une révélation céleste.
(8) Selon qu’il s’agit de la dîme des objets ou de celle des animaux.
(9) Voir, à ce sujet, la lettre n°6903.
(10) Généralement définie comme le quatrième, les trois premiers étant le feu, le vent et l’eau.
(11) Voir la lettre n°7190.