Lettre n° 737

Par la grâce de D.ieu,
17 Elloul 5710,

A l’agréable jeune homme, distingué ‘Hassid,
qui craint D.ieu, le Rav ...,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 28 Mena’hem Av, décrivant votre situation et reproduisant ce que vous a dit mon beau-père, le Rabbi, qui vous conseillait d’organiser des cours chez vous et de vous efforcer que le plus grand nombre y participe. Vous m’écrivez également que vous vous employez à réunir des enfants et à organiser des fêtes pour eux, durant le Chabbat et parfois même au milieu de la semaine. Vous avez vous-même personnellement fixé des études, mais vous n’en éprouvez aucune satisfaction et vous sentez que quelque chose vous manque. Vous me demandez mon sentiment, à ce propos.

A mon avis, vous manquez de la soumission qui est à la base même du service de D.ieu. Or, pour l’acquérir, il n’est nul besoin de méditer profondément. Il suffit de penser que le Roi, Roi des rois, le Saint béni soit-Il, a créé le monde, puis insufflé dans vos narines une âme de vie, celle qui fait vivre votre corps. Il se trouve devant vous et vous observe, sonde vos entrailles, votre cœur, vos actions, vos paroles et compte vos pas, selon le chapitre 42 du Tanya.

Pour que cet effort vous soit plus aisé, D.ieu a permis que vous soyez un ‘Hassid, que votre âme soit une parcelle de l’âme collective du Juste. Ainsi, si l’âme personnelle éprouve un quelconque manque, un attachement convenable lui permet d’obtenir de l’âme collective tout ce dont elle a besoin.

Le Rabbi a clairement dit qu’en prenant la direction des ‘Hassidim, il a demandé que cela se passe dans la bonté et la miséricorde(1). Puis, depuis 5680(2) et jusqu'à maintenant, il assume sa mission, insuffle à ses ‘Hassidim et à ceux qui sont liés à lui la force et la vitalité nécessaires pour servir D.ieu, ce qui inclut des actes envers Lui et d’autres envers son prochain.

De plus, le Rabbi vous a personnellement choisi et vous a confié une mission spécifique. La partie révélée de la Torah elle-même établit que "l’émissaire d’un homme s’identifie à lui". Pour que vous puissiez assumer cette mission, le Rabbi vous a donc donné de ses propres forces, comme l’explique le discours ‘hassidique de ce 18 Elloul, précisant que le terme Mitsva est de la même étymologie que Tsavta, le lien. Ce texte développe longuement une image, celle de l’homme qui met en pratique la volonté du sage et du roi, même s’il ne la comprend pas, n’en perçoit pas la grandeur. Sa joie, en conséquence, doit dépasser toutes les limites, puisqu’il reçoit ainsi la possibilité de s’unifier à la quintessence du sage et du roi.

Or, il se trouve que vous possédez effectivement tout cela. Malgré cela, vous dites que vous n’êtes pas satisfait, que vous ne sentez aucune vitalité, éprouvez uniquement le manque.

Si vous m’écoutez, abandonnez toutes ces plaintes, provenant d’une trop forte conscience de votre propre personne, de ce qui vous manque et de ce que vous possédez. Pensez au sort enviable qui est le vôtre. Vous êtes un disciple de notre chef, mon beau-père, le Rabbi. Vous êtes attaché à lui et ceci doit vous inspirer une immense joie, se traduisant par des actions concrètes pour mettre en pratique la mission qu’il vous confie. Vous possédez les forces nécessaires et il ne vous manque que la détermination.

Si vous supprimez votre propre volonté devant celle de notre chef, qui vous a fait connaître la Volonté de D.ieu, vous forgerez le réceptacle qui insufflera la vitalité à toutes les actions que vous menez pour accomplir la mission confiée par mon beau-père, le Rabbi.

En vous souhaitant d’être inscrit et scellé pour une bonne année et en attendant de vos bonnes nouvelles, celles que vous avez raffermi votre service de D.ieu, envers vous-même et envers les autres et que vous mettez en pratique l’Injonction "servez D.ieu dans la joie".

Mena’hem Schneerson,

Vous trouverez ci-joint le fascicule édité à l’occasion du 18 Elloul.

Notes

(1) Voir, à ce propos, la lettre n°655.
(2) 1920, date à laquelle il succéda à son père.