Lettre n° 7441

Par la grâce de D.ieu,
jours de Seli’hot 5720,
bicentenaire de la Hilloula du Baal
Chem Tov, Brooklyn, New York,

Aux fils et filles d’Israël, en tout endroit,
que D.ieu vous accorde longue vie,

Je vous salue grandement et vous bénis,

Les jours de Seli’hot concluent l’année et les dix jours de Techouva l’introduisent. Les uns et les autres soulignent la grande importance de la Techouva, qui achèvent et commencent une année. Comme on le sait, la Techouva comporte deux aspects(1), un profond regret du passé, d’une part un ferme engagement pour l’avenir, d’autre part. La finalité de la Techouva est le retour vers la situation précédente, “ afin d’être agréé devant D.ieu, accepté et chéri devant Lui comme avant la faute ”(2). Cela veut dire, tout d’abord, que la Techouva doit être accomplie de telle façon qu’elle ne laisse pas de trace de ce qui s’est passé, non seulement dans l’action, dans le comportement, mais aussi dans la parole et dans la pensée.

Par ailleurs, et tel est précisément l’aspect nouveau que présente la Techouva, celle-ci supprime toutes les taches du passé, bien que celui-ci n’appartienne plus au champ d’action de l’homme. En effet, D.ieu n’est nullement soumis au temps. Il est, a été et sera(3) au même instant. Il accorde donc une force particulière, une propriété spécifique à la Techouva, qui devient elle-même le “ maître ” du passé, qui le transforme, ne fait pas que le neutraliser, mais le rectifie, l’inscrit dans le bien. Selon les termes de nos Sages, “ les fautes intentionnellement commises se transforment en bienfaits ”.

* * *

Ce pouvoir de la Techouva, qui rend l’homme maître de son passé, est possible, d’une part, comme on l’a dit, parce que celle-ci prend sa source à une dimension transcendant le temps. Mais, d’autre part, un Juif doit se servir de ce pouvoir pour en pénétrer son existence, jusqu’à atteindre la partie de son âme qui est plus haute que le temps et ses manifestations, la dimension profonde et l’essence de l’âme divine, qui Lui reste toujours fidèle(4), étant une “ parcelle de Divinité véritable ”.

C’est sur la base de ce lien entre un Juif et son Créateur que l’Admour Hazaken, auteur du Tanya et du Choul’han Arou’h, formula l’affirmation suivante : “ Un Juif ne veut pas et ne peut pas se séparer de la Divinité ”. De même, D.ieu dit : “ Je vous aime, Parole de l’Eternel ”, sans que rien ne puisse modifier cette situation(5).

* * *

Tout comme la Techouva pénètre l’homme totalement, depuis l’essence de son âme jusqu’à son comportement concret, au quotidien, elle conduit également l’homme, “ mesure pour mesure ”(6), vers les stades les plus hauts et les plus profonds. Un tel homme est alors attaché à la Présence divine, aimé, agréable, proche, ami(7). Il est inscrit et scellé pour une bonne et douce année, reçoit enfants, santé, prospérité matérielle, en tous ses besoins, au quotidien. Avec ma bénédiction afin que vous soyez inscrits et scellés pour une bonne et douce année, à la fois matériellement et spirituellement,

Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Le Rabbi note, en bas de page : “ Rambam, lois de la Techouva, chapitre 2, au paragraphe 2. Iguéret Ha Techouva de l’Admour Hazaken, au chapitre 1. Néanmoins, le regret du passé doit être non seulement par la pensée, mais aussi par la parole, par la confession. Et, l’on consultera, à ce sujet, la Mitsva de la confession et de la Techouva, dans le Séfer Ha Mitsvot du Tséma’h Tsédek, de même que le Min’hat ‘Hinou’h, à la Mitsva n°364. S’agissant de l’avenir, la Mitsva de la Techouva n’est qu’un abandon de la faute. C’est ainsi qu’il faut lire, en particulier, le Rambam, à la même référence, début du chapitre 1 et le Chaareï Techouva, de Rabbénou Yona, au chapitre 19. C’est aussi ce qu’indique, entre autres, le ‘Hochen Michpat, à la fin du chapitre 34. On consultera, en outre, le traité Kiddouchin 49b. Mais l’on peut encore s’interroger, à ce propos ”.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “ Iguéret Ha Techouva, au chapitre 2. Voir aussi le Rambam, lois de la Techouva, chapitre 7, au paragraphe 4 ”.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ Zohar, tome 3, à la page 257b. Choul’han Arou’h, Ora’h ‘Haïm, au chapitre 5. Chaar Ha I’houd Ve Ha Emouna, au chapitre 7 ”.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ Tanya, à la fin du chapitre 24. Voir aussi le Rambam, lois du divorce, fin du chapitre 2 ”.
(5) Le Rabbi note en bas de page : “ Mala’hi 1, 2, selon l’interprétation qui en donnée par nos Sages, dans le Midrash Vaykra Rabba, au début du chapitre 7 ”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “ On verra l’enseignement du Baal Chem Tov, à propos du verset : ‘L’Eternel est ton ombre’, dans les causeries de mon beau-père, le Rabbi, reproduites dans le To’hen Inyanim, à la Parchat Haazinou ”, dont le texte figure également dans le Likouteï Si’hot, tome 2, à la page 421.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “ Rambam, lois de la Techouva, chapitre 7, aux paragraphes 6 et 7. Voir le traité Bera’hot 34b ”.