Lettre n° 755

Par la grâce de D.ieu,
24 Elloul 5710,

Au Rav, ‘Hassid qui craint D.ieu, ...,

Je vous salue et vous bénis,

Vous avez sûrement reçu, en son temps, le fascicule du 18 Elloul, avec ma lettre(1), qui y était jointe. Vous avez également lu ce qui figurait dans la marge de cette lettre.

Par manque de temps, je n’ai pas développé mon propos, comme il aurait fallu. De plus, je me suis dit que c’était inutile et que quelques mots seraient suffisants pour vous. Or, je constate votre silence. Vous ne m’avez pas répondu, à ce propos et vous savez que le Talmud donne deux interprétations du silence. Il dit que "s’il se tait, c’est qu’il est d’accord". Mais, il dit aussi que "il s’est tu pour contredire ses paroles". Le doute subsiste donc et je voudrais, en conséquence, développer quelque peu mon propos. Voici mon analyse de la situation.

Mon beau-père, le Rabbi vous a choisi, a fait de vous son émissaire pour diriger la communauté juive de votre ville. Or, "l’émissaire d’un homme s’identifie à celui qui le mandate", en particulier parce que celui-ci lui donne toutes les forces nécessaires.

Il en est ainsi pour chacun, mais, combien plus est-ce le cas lorsque l’émissaire sait intérioriser tout cela et que celui-ci qui le mandate lui révèle son essence profonde. Le Baal Chem Tov enseigne que "lorsque l’on détient une partie de l’essence, on la possède en totalité", comme l’explique le discours ‘hassidique de Roch Hachana, au second chapitre. Ainsi, lorsque celui qui mandate accorde ses forces à son émissaire, c’est comme s’il se trouvait lui-même sur place.

Dans quel but mon beau-père, le Rabbi, vous a-t-il délégué ? Il est bien clair qu’il attend de vous que vous conduisiez votre communauté sur le chemin de la Torah et des Mitsvot, lui veniez en aide pour que chacun de ses membres puisse s’élever sur la voie de D.ieu.

Bien évidemment, il est nécessaire pour cela que l’émissaire connaisse personnellement une élévation bien supérieure à celle des membres de la communauté qu’il doit diriger. Comment peut-il l’obtenir? En suivant la voie royale, celle du Roi du monde, indiquée et expliquée par nos Sages, en général, par les maîtres de ‘Habad, en particulier et par notre chef, mon beau-père, le Rabbi, tout particulièrement. Cette voie détermine par quels moyens on peut se préserver des attaques du mauvais penchant, que l’on appelle "le petit malin", mettant ainsi en pratique le Précepte "écarte-toi du mal" et de quelle manière connaître l’élévation, accomplissant ainsi l’Injonction "fais le bien".

Après tout cela, s’il est vrai, ce qu’à D.ieu ne plaise, comme je l’ai entendu, que vous souhaitez vous rendre à l’université, vous pouvez imaginer ce qui en découlera :

A) Vous utiliserez une large part de votre temps, qui, par ailleurs, est déjà limité, pour ce qui ne vous permet pas de mener à bien votre mission, précédemment décrite.

B) Vous consacrerez une partie de votre temps à ce qui contredit votre mission, qui vient d’être définie.

C) Votre exemple sera imité et même dépassé, par les membres de votre communauté, qui diront : "Si l’émissaire du Rabbi de Loubavitch, qui a étudié, pendant plusieurs années, à la Yechiva, doit, pour atteindre sa propre plénitude, se rendre à l’université, pourquoi devrions nous, nous-mêmes, vivre dans l’erreur ? Bien au contraire, donnons d’emblée à nos enfants une telle éducation !".

D) Point le plus important, pourquoi en voulez-vous au Rabbi, au point de le traîner à l’université ? En effet, vous possédez bien les forces de celui qui vous délègue et, lorsque votre corps se rend à l’université, votre âme divine, enfermée dans ce corps, doit l’y accompagner. Dès lors, les forces du Rabbi, investies dans cette âme, en font de même. Nous avons vu, en effet, que "lorsque l’on détient une partie de l’essence, on la possède en totalité". Vous obligez donc bien le Rabbi à vous accompagner, si l’on peut ainsi s’exprimer.

Je ne souhaite pas détailler mon propos, au delà de ce qui vient d’être dit. De plus, je n’en vois pas l’utilité, car ces propos sont bien suffisants.

Je ne sais pas si cette épreuve est, pour vous, si importante. En tout état de cause, j’ai bon espoir et je suis sûr que vous la surmonterez. Dès lors, vous prendrez conscience, comme c’est le cas pour chaque épreuve, que celle-ci n’a pas d’existence réelle. Il y a, en effet, une différence entre l’épreuve et la transformation de la matière.

Vous ajouterez une étude supplémentaire de la Torah, en général et de l’enseignement de mon beau-père, le Rabbi, en particulier. Ceci permettra que vous ne soyez pas troublé par des pensées qui devraient vous être étrangères et que vous assumiez votre mission, celle de votre âme, dans ce monde, avec la tranquillité de l’esprit.

Je ne sais ce que votre épouse, la Rabbanit, pense de tout cela. En tout état de cause, vous pouvez lui transmettre le contenu de ma lettre et il semble que ce soit une bonne chose.

Vous me ferez sans doute connaître la bonne décision que vous avez prise, à ce propos. Je vous en remercie d’avance.

J’aimerais savoir s’il y a eu des conséquences positives de nos discussions, lorsque vous étiez ici, si vous avez fixé une étude avec votre épouse, portant sur l’un des livres de nos Sages qui lui convient.

Je conclus en vous souhaitant d’être inscrit et scellé pour une bonne année, ainsi que votre épouse. Que les désirs de mon beau-père, le Rabbi, s’accomplissent pleinement par votre intermédiaire et que vous puissiez leur donner une application concrète, dans le calme de l’esprit et du corps, dans la largesse matérielle et spirituelle.

Dans l’attente de vos bonnes nouvelles,

Mena’hem Schneerson,

Je vous adresse, avec la présente, le fascicule de Roch Hachana, avec la lettre qui lui est jointe est une lettre s’adressant à tous(2), dans les trois langues(3). Il serait bon que vous diffusiez cette lettre, s’adressant à tous, de la façon qui convient le mieux en fonction des différents publics.

Notes

(1) La lettre n°719.
(2) Voir, à ce propos, la lettre n°749.
(3) En Hébreu, en Yiddish et en anglais.