Lettre n° 7678

Par la grâce de D.ieu,
24 Sivan 5721,
Brooklyn,

Au jeune Moché Its’hak(1),

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre question : Pourquoi Moché notre maître demanda-t-il au Pharaon de libérer les enfants d’Israël pour trois jours, alors que cette libération devait être définitive ?

A) Tout ce qui concerne la Torah et les Mitsvot reçoit soixante dix explications. C’est également le cas en l’occurrence. Il y a plusieurs interprétations et, selon l’une d’elles, il s’agissait de montrer que les punitions des Egyptiens étaient bien méritées, car ceux-ci étaient mauvais et ils agissaient mal. Ainsi, quand ils demandèrent trois jours de repos, alors qu’ils travaillaient et qu’ils étaient exilés depuis deux cent dix ans, les Egyptiens refusèrent d’accéder à cette requête. Puis, par la suite, ils l’acceptèrent et ils revinrent ainsi sur leur parole. Enfin, lors de la plaie des premiers-nés, ils comprirent qu’il n’y avait pas d’issue. Et, il en découle un enseignement pour chacun, en toutes les générations. Tout doit être basé sur la justice et la droiture, même si l’intellect humain ne peut le comprendre, même si l’on peut, logiquement, formuler plusieurs interrogations(2).

B) Pourquoi plusieurs Justes qui vécurent avant le don de la Torah naquirent-ils d’unions entre proches, lesquelles furent interdites après ce don ? Comme pour la question précédente, la Torah, là encore, reçoit soixante dix interprétations et elle avance plusieurs explications. L’une d’elles, au sens simple, est la suivante. A l’époque, avant le don de la Torah, le monde était particulièrement grossier, embourbé dans l’idolâtrie, dans les opinions corrompues, l’immoralité et les mauvais comportements, au point que, selon les termes du Rambam, à la fin du premier chapitre des lois de l’idolâtrie :

“ Le principe que Avraham avait planté faillit être déraciné. Les fils de Yaakov allaient être entraînés par les erreurs et les égarements du monde. Combien plus en fut-il ainsi avant l’époque d’Avraham. C’est alors que quelques personnes, appartenant à une élite, reconnurent le Créateur, basèrent leur vie sur la justice et la droiture. Leur désir et leur volonté étaient de demander à leur maison et à leurs enfants, après eux, de suivre la voie de D.ieu. Ils ne devaient s’écarter ni à droite ni à gauche. Ils leur fallait donc épouser, eux mêmes et leurs enfants, l’une des personnes appartenant à cette élite, laquelle, bien entendu, était très peu nombreuse. Or, la nature des enfants est identique à celle des parents et elle se renforce par l’éducation que dispensent ces parents. C’est ce qui explique les instructions que Avraham donna à son fils et son propre comportement. Ses fils suivirent son exemple, comme le rapporte le verset : ‘Tu iras dans mon pays et dans ma patrie, afin de prendre femme pour mon fils Its’hak’ ”. Avec ma bénédiction afin de donner de bonnes nouvelles,

Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,

Notes

(1) Le Rav M. I. Forst, de Lod.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “ C’est donc pour cela qu’ils demandèrent trois jours. Il ne s’agissait pas d’un mensonge, pour répondre à votre question. En effet, ils ne firent aucune référence à ce qui se passerait après ces trois jours. Bien entendu, ils ne dirent pas que, passé ce délai, ils reviendraient, comme le souligne le Riva, dans son commentaire de la Torah, au début de la Parchat Bechala’h. La question devait rester en suspens pour être réglée par la suite. Ainsi, on peut comprendre que les Egyptiens virent les enfants d’Israël emporter tous leurs biens avec eux et ne rien leur laisser, sans leur poser la moindre question. Tout cela est bien évident ”.