Lettre n° 783

Par la grâce de D.ieu,
‘Hol Hamoéd Soukkot 5711,
Brooklyn, New York,

Au Rav, distingué ‘Hassid, qui craint D.ieu,
le Rav I.(1),

Je vous salue et vous bénis,

Vous trouverez ci-joint le fascicule édité à l’occasion de Chemini Atséret et de Sim’hat Torah. Vous le mettrez sans doute à la disposition de votre entourage afin de provoquer, de renforcer et d’éclairer, dès maintenant et pour tout le reste de l’année, la joie de la Torah, qui se manifestera chez ceux que vous toucherez, se raffermira et illuminera la joie de la Mitsva. Ils pourront donc étudier la Torah et accomplir les Mitsvot d’une manière plus élevée.

En effet, la Torah est considérée comme l’ensemble des Mitsvot et elle conduit à les pratiquer(2). De la même façon, Sim’hat Torah provoque la joie de la Mitsva(3), apporte la force de servir D.ieu avec joie(4) et enthousiasme. Car, la joie brise toutes les limites, là-haut comme ici-bas. Elle éloigne des passions, supprime la rigueur et permet d’avancer "à la Lumière de la face du D.ieu de vie".

A la conclusion des fêtes, après Roch Hachana, Yom Kippour, Soukkot, Chemini Atséret, Sim’hat Torah, un Juif doit réintégrer les jours ouvrables. Bien plus, il pénètre alors dans l’hiver(5) et, pendant près d’une demi année, ne connaîtra plus de fêtes(6). Il doit donc prendre des "provisions" pour le chemin, des forces et des bénédictions qui lui permettront de mettre en pratique l’Injonction "et Yaakov avança sur son chemin", afin qu’il progresse de manière certaine, même si toutes les routes sont réputées dangereuses.

C’est donc à Chemini Atséret que l’on collecte toutes les bénédictions, de portée générale, qui sont obtenues pendant le mois de Tichri. Puis, à Sim’hat Torah, la bénédiction nouvelle commence à se révéler(7). Dès lors, il est plus aisé de mettre en pratique, tout au long de l’année, les bonnes résolutions prises pendant ce mois.

En outre, ce Sim’hat Torah introduira la joie de la Mitsva en tous les jours de l’année. Ainsi, les limites, barrières et obstacles à l’étude de la Torah et à la pratique des Mitsvot disparaîtront définitivement.

En effet, Sim’hat Torah révèle la lumière la plus haute, entourant tout à la fois et collectant toutes les lumières du mois de Tichri.

Ce qui vient d’être dit nous permettra de comprendre deux aspects opposés de Chemini Atséret et de Sim’hat Torah :

A) La coutume juive, qui est partie intégrante de la Torah, est de se réjouir, bien au delà de Sim’hat Beth Hachoéva(8), plus qu’à toute autre fête(9).

B) La joie de la fête est une Mitsva de la Torah, qui occupe une place particulière à Soukkot et pour Sim’hat Beth Hachoéva, comme le verset l’établit clairement. La joie qui accompagne l’accomplissement de la Mitsva est également une Mitsva(10). A l’opposé, la joie des dernières fêtes de Soukkot est uniquement établie par une déduction que l’on fait d’un verset. Bien évidemment, celle-ci ne permet pas de montrer l’intensité de cette joie. Bien plus, selon certains avis(11), cette joie n’est pas instituée par la Torah.

Mais, en réalité, on peut considérer que ces deux points sont liés, l’un justifiant l’autre. Cette joie est particulièrement élevée. Elle a une portée très générale. C’est pour cela qu’on ne peut la compter parmi les Mitsvot, comme le souligne le Rambam(12) à propos des Injonctions qui sont des principes généraux. Bien plus, selon certains, la joie n’est qu’une coutume et ce qui est dit des Hakafot(13) s’applique à elle également(14).

Puisse D.ieu faire que cette joie pénètre la dernière force de l’esprit afin que chacun prenne la ferme résolution de se soumettre pleinement à D.ieu en fixant un temps pour étudier la Torah, en accomplissant les Mitsvot, en priant avec ferveur.

Toutes ces résolutions seront suivies d’effet et, comme le dit mon beau-père, le Rabbi, dans le discours ‘hassidique qui figure dans ce fascicule, "nous obtiendrons la lumière bénéfique dans l’abondance matérielle et spirituelle".

(Pour ne pas contrevenir à la sainteté de la fête, je ne signe pas cette lettre).

Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Cette lettre "collective-personnelle" fut adressée à plusieurs personnes. Voir, à ce propos, la lettre n°481.
(2) Le Rabbi note en bas de page: “Selon le commentaire de la Michna du Rambam, traité Péa 1, 1".
(3) Le Rabbi note en bas de page: "Voir la fin du discours ‘hassidique intitulé "tu feras une fenêtre" de 5702."
(4) Le Rabbi note en bas de page: "Le Likouteï Torah, Parchat Tazrya, fin du discours intitulé "Je me réjouirai" explique longuement tout cela".
(5) Le Rabbi note en bas de page: "Voir la fin du discours ‘hassidique "au huitième jour", prononcé en 5689".
(6) Le Rabbi note en bas de page: "Voir, dans le Likouteï Torah, Parchat Bera’ha, le premier discours intitulé "Cantique d’inauguration", au second chapitre."
(7) Le Rabbi note en bas de page: "Dans la causerie de Chemini Atséret 5703".
(8) Lorsque l’on puisait de l’eau pour les libations, dans le Temple, à la mi-fête de Soukkot.
(9) Le Rabbi note en bas de page: "Voir le commentaire de Rachi sur le traité ‘Houlin 83a et le Choul’han Arou’h Ora’h ‘Haïm, au début du chapitre 339."
(10) Le Rabbi note en bas de page: "Voir le Rambam, à la fin des lois du Loulav".
(11) Le Rabbi note en bas de page: "Commentaire de Rachi sur le traité Pessa’him 71a, Tossafot sur le traité Soukka 42b. Voir le Maharcha sur le traité Soukka, à cette référence et le Tsyoun Lenéfech ‘Haya sur le traité Pessa’him, à cette référence".
(12) Le Rabbi note en bas de page: "Dans son Séfer Hamitsvot, au quatrième Chorech".
(13) Les danses de Sim’hat Torah.
(14) Le Rabbi note en bas de page: "Voir le Likouteï Torah, commentaires de Soukkot, fin du second discours intitulé "et vous puiserez" et le Sidour de l’Admour Hazaken, à la fin de la porte de Soukkot".