Lettre n° 8006

Par la grâce de D.ieu,
25 Adar Richon 5714,
Brooklyn,

Au jeune …,

Je vous salue vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre dans laquelle vous me dites que vous n’êtes pas satisfait par certains aspects de la Yechiva. Selon vous, ceux-ci troublent votre ardeur à l’étude la Torah, de la manière qui convient. Vous envisagez donc de vous rendre dans la Yechiva Tom’heï Temimim de Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie et vous me demandez ce que j’en pense. Il est inutile de préciser ce qui est bien connu et évident : tout ce qui fait obstacle à la Torah, au service de D.ieu, aux bonnes actions, émane du levain de la pâte(1), c’est-à-dire du mauvais penchant, qui trouble l’homme de différentes manières et de diverses façons. Certes, il est qualifié de “ fou ”. Il n’en est pas moins expert pour mener à bien sa mission et l’on connaît le dicton de mon beau-père, le Rabbi, dont le mérite nous protégera, selon lequel le mauvais penchant sait trouver les arguments adaptés aux traits de caractère de chacun. Il peut même prendre parfois l’apparence d’un érudit, empli de crainte de D.ieu. Chacun se doit donc d’examiner scrupuleusement ce qui lui vient à l’esprit, chaque fois qu’il s’agit de modifier son attitude, dans le service de D.ieu. Il faut savoir qui est à l’origine de tels arguments. Et, vous connaissez sûrement le récit(2) du Juste, le Rabbi de Tchernobyl, imprimé dans la causerie de Pessa’h 5703(3), selon lequel un des critères, en la matière, est, en particulier, le suivant : ce changement aura-t-il pour effet d’affaiblir la Torah et le service de D.ieu ou non ?

Pour ce qui vous concerne, vous vous trouvez dans une Yechiva fondée par des Justes, chefs de la génération et dirigée selon leur esprit, ce qui veut dire que l’on y étudie la Torah avec la crainte de D.ieu. On peut donc penser, sans même rechercher des informations plus précises, qu’une telle étude a effectivement un apport important. En conséquence, il est légitime que le mauvais penchant se mobilise, faisant usage de différents stratagèmes pour empêcher et troubler une attitude conforme en tout point aux exigences de la Yechiva. Bien entendu, si le mauvais penchant vient révéler son intention, en déclarant qu’il désire vous empêcher d’étudier, avec ardeur, la partie révélée de la Torah et la ‘Hassidout, il est bien clair que vous ne l’écouterez pas. Mais, il est dit que : “ le serpent était rusé ” et lui-même a donc recours à la ruse. Il affirme, en conséquence, que, bien au contraire, la Yechiva vous empêche de vous consacrer à l’étude avec ardeur et au service de D.ieu, en Le craignant, de la manière qui convient. De la sorte, il peut espérer que ses arguments soient acceptés, qu’il troublera votre étude et votre prière. Certes, le mauvais penchant doit vous promettre que, si vous vous rendez dans une autre Yechiva, il ne vous dérangera plus. Vous pourrez donc y étudier la Torah avec ardeur et y prier de la meilleure façon. Néanmoins, il sait que vous avez écouté sa voie une première fois, même si : “ tous les débuts sont difficiles ”. Il est donc certain qu’il trouvera le moyen, par la suite, de vous attraper encore une fois dans son filet.

En effet, l’homme reçoit le libre-arbitre et l’alternative suivante se présente à lui, ainsi qu’il est dit : “ Vois, J’ai placé devant toi la vie et le bien… ”. Pour autant, cet homme reçoit aussi un soutien particulier lui permettant de faire le bon choix, ainsi qu’il est dit : “ Et, tu choisiras le bien ”. Sans doute en est-il ainsi pour ce qui vous concerne. Même si votre mauvais penchant est particulièrement rusé, vous n’en avez pas moins la force de contrer ses arguments, de vous concentrer, avec élan et constance, en oubliant totalement ses troublantes avances, tendant à vous persuader que l’environnement ne vous convient pas, que tous sont responsables de votre négligence de la Torah et de la prière, mais en aucune façon vous-même. Il est évident également que différents points concernant vos amis, à la Yechiva, doivent être rectifiés. En effet, la perfection absolue n’existe que chez le Saint béni soit-Il, Créateur du monde. Mais, une solution existe. Vous devez influencer vos amis afin qu’ils corrigent ce qui doit l’être, plutôt que subir leur influence. De la sorte, vos propres défauts seront également rectifiés par vos amis. Il est dit, en effet et l’on explique que : “ tous les Juifs partagent une responsabilité collective ”. En effet, tous ne forment qu’un seul corps et chacun possède une qualité que l’autre n’a pas. Grâce à l’amour de son prochain, chacun peut compléter l’autre.

Il découle de tout ce qui vient d’être dit que vous devez oublier complètement ces pensées qui vous détournent de la Torah et du service de D.ieu. Investissez-vous en l’étude de la partie révélée de la Torah et de la ‘Hassidout, en la prière fervente, selon le programme de la Yechiva et ses exigences. Et, que s’accomplisse en vous l’assurance de nos Sages selon laquelle celui qui fait des efforts les voit couronnés de succès. Vous ne me précisez pas si votre ami est troublé par les mêmes arguments que ce que vous décrivez sur votre propre compte. Si c’est le cas, il est clair que cette réponse le concerne également. Avec ma bénédiction pour étudier la Torah avec la crainte de D.ieu,

Pour le Rabbi Chlita,

Notes

(1) De ce qui conduit l’homme à l’orgueil.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°998.
(3) 1943, du précédent Rabbi.