Lettre n° 8258

Par la grâce de D.ieu,
12 Kislev 5722,
Brooklyn,

Au distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se consacre
aux besoins communautaires, le Rav Meïr Aryé(1),

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre du 9 Kislev, dans laquelle vous m’écrivez à propos d’une certaine Mitsva(2). Or, il est évident, y compris selon les termes de votre lettre, qu’il y a une controverse pour déterminer s’il s’agit d’une Mitsva de la Torah, d’une disposition des Sages ou bien d’une… En revanche, ce qui est effectivement une évidence(3), selon tous les avis, est que l’Injonction : “ Tu aimeras ton prochain comme toi-même ” est : “ un grand principe de la Torah ”. Il est aussi une règle importante de la Torah, possédant une portée générale et qui n’est pas uniquement une Mitsva spécifique. Le traité Chabbat 54b dit, en effet, que : “ celui qui a les moyens d’empêcher(4) et ne le fait pas… ”. En effet, nos Sages savaient que le mauvais penchant pouvait venir troubler un homme et le convaincre qu’une protestation de sa part serait inutile. En effet, celle-ci ne serait pas acceptée, selon son affirmation. Or, le traité Chabbat 55a nous souligne que de telles choses sont connues uniquement du Maître du monde(5). Comment le seraient-elles aux fils de l’homme ? Or, ce texte fait référence à ceux qui, malheureusement, servirent les idoles pendant de nombreuses années, à l’époque du Temple. Malgré cela, nos Sages formulèrent une telle remarque(6).

Bien plus, ils ne se contentèrent pas de nous le faire savoir. Ils nous signifièrent clairement qu’une telle protestation est une obligation, ainsi qu’il est dit : “ Tu feras des reproches ”. Or, selon tous(3) les avis, il y a là une disposition de la Torah, pouvant même prendre la forme d’un coup, d’une malédiction, d’une réprimande. Et, de quel coup s’agit-il ici ? Cela aussi est précisé clairement(3). Il appartient à la catégorie décrite par le verset : “ Chaoul leva la dague sur lui pour le frapper ” et, à ce propos, vous consulterez soigneusement le traité Ara’hin 16b. Or, pouvez-vous affirmer, sur votre propre compte, d’un cœur entier, que vous êtes l’un de ceux auxquels nos Sages reconnaissent la capacité de déterminer si un reproche s’avèrera utile ou encore si celui-ci a déjà été formulé, en tout cas au point d’être considéré comme une réprimande ou comme une malédiction. Mais, cela n’est pas suffisant non plus et il est, en outre, nécessaire de frapper, selon la décision hala’hique du Rambam, précédemment citée. Et, l’on consultera l’avis des derniers Décisionnaires sur le Choul’han Arou’h, Ora’h ‘Haïm, au début du chapitre 608.

Puisse D.ieu faire que, dans la joie et l’enthousiasme, vous vous serviez de vos capacités et des possibilités que vous a accordées la divine Providence en l’endroit où vous vous trouvez actuellement. Il est, en effet, un fait établi et une décision hala’hique(3) du Choul’han Arou’h(7) affirmant que : “ les pauvres de ta ville sont prioritaires ”. Ce principe, selon tous(3) les avis, est également établi par la Torah. Vous parlez aussi, dans votre lettre, de transgresser les paroles de… Or, que suis-je et qui suis-je pour m’exprimer sur un tel sujet ? Je me suis contenté de reproduire(3) des décisions hala’hiques qui ont été clairement énoncées par notre sainte Torah(3), laquelle a été donnée à chaque Juif, depuis l’époque du mont Sinaï et jusqu’à nos jours. On sait, en effet, que les dix Commandements affirment : “ Je suis l’Eternel ton D.ieu ”, précisément au singulier. Et, j’en ai indiqué la référence ci-dessus. Vous pouvez donc consulter vous-même ce texte et vérifier tout cela. Je vous adresse ma bénédiction afin de vous servir de vos capacités pour ce qui sera bon pour vous et de la façon qui sera bonne pour vous, conformément à l’enseignement des jours de ‘Hanouka, pour lesquels la Hala’ha retient l’avis de Beth Hillel(8), en ajoutant, en avançant et en éclairant.

Notes

(1) Le Rav M. A. Mozeson, de Plimota.
(2) La Mitsva de résider en Erets Israël, à laquelle le destinataire de cette lettre disait ne pas pouvoir renoncer. Voir, à ce propos, les lettres n°8398 et 8404.
(3) Le Rabbi souligne les mots : “ évidence ”, “ tous ”, “ clairement ”, “ décision hala’hique ”, “ tous ”, “ seulement reproduit ” et “ clairement énoncées par notre sainte Torah ”.
(4) Quelqu’un d’autre de commettre une faute.
(5) Lui seul peut savoir si la protestation sera utile ou non et l’homme se doit donc de la formuler, en tout état de cause.
(6) Même dans un cas aussi extrême, il est envisageable qu’une remontrance s’avère efficace.
(7) ‘Hochen Michpat, chapitre 97, au paragraphe 1 et Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, lois du prêt, chapitre 1, au paragraphe 1.
(8) Selon lequel on allume les bougies de la fête en ordre croissant.