Lettre n° 8400
Par la grâce de D.ieu,
11 Nissan 5722,
Brooklyn, New York,
A nos frères, les enfants d’Israël, en tout endroit,
que D.ieu vous accorde longue vie,
Je vous salue largement et vous bénis,
La fête des Matsot, temps de notre liberté, fête de notre délivrance, une partie de la Torah, de la même étymologie que Horaa, enseignement(1), nous définit, de façon lumineuse, cette notion de liberté, un concept que l’on peut interpréter de manières diverses et variées. La fête de Pessa’h rappelle et explique ce qu’est la véritable(2) liberté(3). Celle-ci doit être pleine et entière, dans les trois domaines qui constituent l’homme et son existence :
A) le domaine de l’âme(2),
B) le domaine du corps(2),
C) le monde(2) qui l’entoure(4),
à la fois en chacun de ces domaines et en tous les trois ensemble(2).
Cela veut dire qu’en chacun de ces trois domaines, un Juif doit être réellement libre. En outre, il ne doit pas y avoir de lutte, de conflit entre eux. Bien au contraire, ils doivent se compléter et se parfaire. C’est uniquement dans ce cas que la liberté est véritable(2). Naturellement, il est impossible qu’une telle harmonie, qu’une liberté aussi parfaite soient atteintes si l’âme, “ parcelle de Divinité céleste véritable ”(5), partie de D.ieu que l’homme porte en lui, se soumet au corps ou bien si l’une et l’autre, l’âme et le corps, se soumettent au monde. Le stade le plus haut ne peut pas servir le plus bas et s’en satisfaire. L’aspect le plus élevé de l’existence humaine, l’âme, ne peut jamais accepter de s’abaisser vers le corps. Il en résulte, très clairement, que l’on obtient la plus grande liberté uniquement lorsque les parties les plus basses de la vie humaine, le corps et le monde qui l’entoure, s’élèvent jusqu’au stade le plus élevé de proximité de l’âme et de ce qui la concerne. Puis, cette âme, à son tour, se libérera de tout ce qui fait obstacle à son ascension.
* * *
Il en fut bien ainsi pour l’exil, puis pour la sortie de l’Egypte. L’exil d’Egypte(2) imposa une servitude totale(2) dans les trois domaines, définis ci-dessus, de l’existence humaine :
A) La servitude fut également morale(6), dans et pour un pays impur, qui était spirituellement tombé très bas, ce qui justifie qu’il ait été appelé : “ abomination de la terre ”.
B) Les conditions matérielles de cette servitude furent les plus âpres, “ un dur esclavage ”.
C) La part du monde qui leur revenait, en tant qu’hommes, en général et que Juifs, en particulier, leur fut totalement déniée(7).
La sortie d’Egypte(2), la libération, se marqua aussi dans ces trois domaines, de la façon la plus pleine et la plus entière :
A) Tout d’abord, l’âme elle-même devait être pleinement libérée. C’est pour cela qu’il est dit : “ retirez et prenez pour vous un agneau, sacrifiez le Pessa’h ”(8), car il fallait non seulement nier l’idole de l’Egypte, mais aussi affirmer ouvertement qu’elle n’était rien.
B) De même, le corps devait aussi être totalement libéré de la servitude. Ils quittèrent donc l’Egypte “ la main haute ”(2), la tête haute, fièrement et en paradant(9).
C) Pour ce qui est de la part du monde qui leur revenait, ils reçurent “ un large butin ”(2), une immense richesse.
* * *
Certains prétendent se contenter de la libération de l’âme. Ils prient, étudient la Torah, mais, quand ils doivent manger ou boire, ils restent les esclaves de l’animal qu’ils portent au sein de leur personnalité. Il est, en outre, une autre conception, admettant que le corps et ce qui le concerne doivent être libérés, de sorte qu’il soit évident que celui qui mange ou boit est un Juif. En revanche, quand on quitte la maison pour agir dans le monde et y accomplir(2) quelque chose, y obtenir un butin(10), il convient de rester l’esclave du pays de l’Egypte. En effet, on laissera alors à la maison la Torah, le Choul’han Arou’h, sa propre sortie(2) d’Egypte et on les y enfermera.
C’est donc là ce qui est rappelé et ce que l’on attend de chacun : “ Tu te souviendras du jour de ta sortie d’Egypte, tous les jours de ta vie ”. Un Juif conservera ce souvenir en permanence : “ Rappelle-toi que tu as été libéré(2) ”, que l’âme l’a été, que le corps l’a été, que l’âme et le corps libres ont transformé les biens de l’Egypte en “ large butin ”, un large butin juif(2).
* * *
Il est dit que : “ J’exige uniquement en fonction de leurs possibilités ”(11). D.ieu, Qui a créé l’homme, affirme que ce qu’Il demande aux Juifs, ce qu’Il exige de leur part, est en fonction de leurs forces et de leurs capacités. Il suffit donc d’avoir la ferme volonté de mettre en pratique Sa requête. C’est, en outre, le moyen, le seul moyen, d’obtenir “ notre liberté ”(12), notre libération véritable, libération de l’exil intérieur et aussi de l’exil, au sens littéral, par notre juste Machia’h(13). Avec ma bénédiction pour un Pessa’h cacher et joyeux,
Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Zohar, tome 3, à la page 53b ”.
(2) Le Rabbi souligne les mots : “véritable”, “âme”, “corps”, “monde”, “ensemble”, “liberté véritable”, “l’exil d’Egypte”, “servitude totale”, “sortie d’Egypte”, “la main haute”, “un large butin”, “accomplir”, “sortie”, “libéré”, “juif” et “notre liberté”.
(3) Le Rabbi note en bas de page : “On consultera le Midrash Chemot Rabba, chapitre 41, au paragraphe 7, dit : ‘libération des exils, de l’ange de la mort, des souffrances’. On verra aussi les Tikouneï Zohar, au Tikoun 57”.
(4) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Tanya, au chapitre 37, à la page 48a : ‘Chaque aspect inclut en lui…’. Voir aussi le verset Kohélet 3, 11, le Zohar, tome 1, à la page 195b et le Likouteï Torah, Parchat Bamidbar, à la page 5b ”.
(5) Le Rabbi note en bas de page : “ Selon le début du chapitre 2 du Tanya. On verra aussi la fin du chapitre 24, qui dit : ‘y compris au moment de la faute…’ ”.
(6) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Zohar ‘Hadach, au début de la Parchat Yethro et le Midrash Chemot Rabba, chapitre 3, au paragraphe 4 ”.
(7) Le Rabbi note en bas de page : “ On ne leur donna même pas de paille, selon le verset Chemot 5, 16 et l’on verra le Sifri sur le verset Beaalote’ha 11, 5, cité par le commentaire de Rachi, à cette référence ”.
(8) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Midrash Chemot Rabba, chapitre 16, aux paragraphes 2 et 3, de même que le verset Yé’hezkel 20, 7 ”.
(9) Le Rabbi note en bas de page : “ Selon le Me’hilta sur le verset Bechala’h 14, 8 ”.
(10) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Rambam, lois des opinions, chapitre 3, au paragraphe 2 ”.
(11) Le Rabbi note en bas de page : “ Selon le Midrash Tan’houma, Parchat Pin’has, au chapitre 14, avec une formulation légèrement modifiée. On verra aussi le traité Avoda Zara 3a ”.
(12) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Tanya, au chapitre 37 ”.
(13) Le Rabbi note en bas de page : “ Comme le disent nos Sages, dans le Midrash Tehilim sur le Psaume 61 : ‘Ils L’invoquèrent en Egypte et Il leur répondit. Il en est de même à l’heure actuelle, alors que nous nous trouvons à l’extrémité de la terre. C’est Toi que nous invoquons’. Ce passage se conclut en citant le verset : ‘Que des jours soient ajoutés aux jours du roi… afin de m’acquitter de mes vœux chaque jour’. Le Targoum voit dans ce verset une allusion à la venue du roi Machia’h ”.
11 Nissan 5722,
Brooklyn, New York,
A nos frères, les enfants d’Israël, en tout endroit,
que D.ieu vous accorde longue vie,
Je vous salue largement et vous bénis,
La fête des Matsot, temps de notre liberté, fête de notre délivrance, une partie de la Torah, de la même étymologie que Horaa, enseignement(1), nous définit, de façon lumineuse, cette notion de liberté, un concept que l’on peut interpréter de manières diverses et variées. La fête de Pessa’h rappelle et explique ce qu’est la véritable(2) liberté(3). Celle-ci doit être pleine et entière, dans les trois domaines qui constituent l’homme et son existence :
A) le domaine de l’âme(2),
B) le domaine du corps(2),
C) le monde(2) qui l’entoure(4),
à la fois en chacun de ces domaines et en tous les trois ensemble(2).
Cela veut dire qu’en chacun de ces trois domaines, un Juif doit être réellement libre. En outre, il ne doit pas y avoir de lutte, de conflit entre eux. Bien au contraire, ils doivent se compléter et se parfaire. C’est uniquement dans ce cas que la liberté est véritable(2). Naturellement, il est impossible qu’une telle harmonie, qu’une liberté aussi parfaite soient atteintes si l’âme, “ parcelle de Divinité céleste véritable ”(5), partie de D.ieu que l’homme porte en lui, se soumet au corps ou bien si l’une et l’autre, l’âme et le corps, se soumettent au monde. Le stade le plus haut ne peut pas servir le plus bas et s’en satisfaire. L’aspect le plus élevé de l’existence humaine, l’âme, ne peut jamais accepter de s’abaisser vers le corps. Il en résulte, très clairement, que l’on obtient la plus grande liberté uniquement lorsque les parties les plus basses de la vie humaine, le corps et le monde qui l’entoure, s’élèvent jusqu’au stade le plus élevé de proximité de l’âme et de ce qui la concerne. Puis, cette âme, à son tour, se libérera de tout ce qui fait obstacle à son ascension.
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Il en fut bien ainsi pour l’exil, puis pour la sortie de l’Egypte. L’exil d’Egypte(2) imposa une servitude totale(2) dans les trois domaines, définis ci-dessus, de l’existence humaine :
A) La servitude fut également morale(6), dans et pour un pays impur, qui était spirituellement tombé très bas, ce qui justifie qu’il ait été appelé : “ abomination de la terre ”.
B) Les conditions matérielles de cette servitude furent les plus âpres, “ un dur esclavage ”.
C) La part du monde qui leur revenait, en tant qu’hommes, en général et que Juifs, en particulier, leur fut totalement déniée(7).
La sortie d’Egypte(2), la libération, se marqua aussi dans ces trois domaines, de la façon la plus pleine et la plus entière :
A) Tout d’abord, l’âme elle-même devait être pleinement libérée. C’est pour cela qu’il est dit : “ retirez et prenez pour vous un agneau, sacrifiez le Pessa’h ”(8), car il fallait non seulement nier l’idole de l’Egypte, mais aussi affirmer ouvertement qu’elle n’était rien.
B) De même, le corps devait aussi être totalement libéré de la servitude. Ils quittèrent donc l’Egypte “ la main haute ”(2), la tête haute, fièrement et en paradant(9).
C) Pour ce qui est de la part du monde qui leur revenait, ils reçurent “ un large butin ”(2), une immense richesse.
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Certains prétendent se contenter de la libération de l’âme. Ils prient, étudient la Torah, mais, quand ils doivent manger ou boire, ils restent les esclaves de l’animal qu’ils portent au sein de leur personnalité. Il est, en outre, une autre conception, admettant que le corps et ce qui le concerne doivent être libérés, de sorte qu’il soit évident que celui qui mange ou boit est un Juif. En revanche, quand on quitte la maison pour agir dans le monde et y accomplir(2) quelque chose, y obtenir un butin(10), il convient de rester l’esclave du pays de l’Egypte. En effet, on laissera alors à la maison la Torah, le Choul’han Arou’h, sa propre sortie(2) d’Egypte et on les y enfermera.
C’est donc là ce qui est rappelé et ce que l’on attend de chacun : “ Tu te souviendras du jour de ta sortie d’Egypte, tous les jours de ta vie ”. Un Juif conservera ce souvenir en permanence : “ Rappelle-toi que tu as été libéré(2) ”, que l’âme l’a été, que le corps l’a été, que l’âme et le corps libres ont transformé les biens de l’Egypte en “ large butin ”, un large butin juif(2).
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Il est dit que : “ J’exige uniquement en fonction de leurs possibilités ”(11). D.ieu, Qui a créé l’homme, affirme que ce qu’Il demande aux Juifs, ce qu’Il exige de leur part, est en fonction de leurs forces et de leurs capacités. Il suffit donc d’avoir la ferme volonté de mettre en pratique Sa requête. C’est, en outre, le moyen, le seul moyen, d’obtenir “ notre liberté ”(12), notre libération véritable, libération de l’exil intérieur et aussi de l’exil, au sens littéral, par notre juste Machia’h(13). Avec ma bénédiction pour un Pessa’h cacher et joyeux,
Mena’hem Schneerson,
Notes
(1) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Zohar, tome 3, à la page 53b ”.
(2) Le Rabbi souligne les mots : “véritable”, “âme”, “corps”, “monde”, “ensemble”, “liberté véritable”, “l’exil d’Egypte”, “servitude totale”, “sortie d’Egypte”, “la main haute”, “un large butin”, “accomplir”, “sortie”, “libéré”, “juif” et “notre liberté”.
(3) Le Rabbi note en bas de page : “On consultera le Midrash Chemot Rabba, chapitre 41, au paragraphe 7, dit : ‘libération des exils, de l’ange de la mort, des souffrances’. On verra aussi les Tikouneï Zohar, au Tikoun 57”.
(4) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Tanya, au chapitre 37, à la page 48a : ‘Chaque aspect inclut en lui…’. Voir aussi le verset Kohélet 3, 11, le Zohar, tome 1, à la page 195b et le Likouteï Torah, Parchat Bamidbar, à la page 5b ”.
(5) Le Rabbi note en bas de page : “ Selon le début du chapitre 2 du Tanya. On verra aussi la fin du chapitre 24, qui dit : ‘y compris au moment de la faute…’ ”.
(6) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Zohar ‘Hadach, au début de la Parchat Yethro et le Midrash Chemot Rabba, chapitre 3, au paragraphe 4 ”.
(7) Le Rabbi note en bas de page : “ On ne leur donna même pas de paille, selon le verset Chemot 5, 16 et l’on verra le Sifri sur le verset Beaalote’ha 11, 5, cité par le commentaire de Rachi, à cette référence ”.
(8) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Midrash Chemot Rabba, chapitre 16, aux paragraphes 2 et 3, de même que le verset Yé’hezkel 20, 7 ”.
(9) Le Rabbi note en bas de page : “ Selon le Me’hilta sur le verset Bechala’h 14, 8 ”.
(10) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Rambam, lois des opinions, chapitre 3, au paragraphe 2 ”.
(11) Le Rabbi note en bas de page : “ Selon le Midrash Tan’houma, Parchat Pin’has, au chapitre 14, avec une formulation légèrement modifiée. On verra aussi le traité Avoda Zara 3a ”.
(12) Le Rabbi note en bas de page : “ Voir le Tanya, au chapitre 37 ”.
(13) Le Rabbi note en bas de page : “ Comme le disent nos Sages, dans le Midrash Tehilim sur le Psaume 61 : ‘Ils L’invoquèrent en Egypte et Il leur répondit. Il en est de même à l’heure actuelle, alors que nous nous trouvons à l’extrémité de la terre. C’est Toi que nous invoquons’. Ce passage se conclut en citant le verset : ‘Que des jours soient ajoutés aux jours du roi… afin de m’acquitter de mes vœux chaque jour’. Le Targoum voit dans ce verset une allusion à la venue du roi Machia’h ”.