Lettre n° 863

Par la grâce de D.ieu,
15 Tévet 5711,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre du 27 Kislev.

J’ai lu et relu votre lettre, sans pouvoir en croire mes yeux. D.ieu vous a accordé un sort agréable, sans aucun effort de votre part. Il vous a permis de connaître la ‘Hassidout, de l’étudier. Or, vous vous maintenez dans le doute. Vous ne savez pas si vous devez étudier la Torah de vie, c'est-à-dire son enseignement profond, son luminaire, son aspect ésotérique, qui relie la partie cachée d’Israël à celle du Saint béni soit-Il. Et vous trouvez plusieurs justifications à une telle attitude.

D.ieu a fait que vous éduquiez les enfants d’Israël sur la voie de la ‘Hassidout, leur apportiez la vitalité, la chaleur et la lumière. Or, vous vous demandez si vous devez poursuivre en ce sens et, là encore, vous trouvez des explications, issues du domaine de la sainteté.

Mon beau-père, le Rabbi, vous a clairement demandé d’étudier la Che’hita et votre lettre semble indiquer que vous possédez les aptitudes nécessaires. Mais, vous ne savez pas si vous devez vous engager sur cette voie et, bien sûr, les raisons ne vous manquent pas.

A la place de tout cela, vous pensez aux talismans, à ceux qui savent lire les traits du visage et les lignes de la main, prédisent l’avenir, infligent des flagellations.

Des jours ont été créés et la ‘Hassidout explique que chacun en reçoit un nombre limité, afin de mener à bien la mission que D.ieu lui confie dans ce monde. Chaque heure, chaque jour consacré à ce qui n’est pas votre propos introduit un manque dans l’accomplissement de cette mission. A l’opposé, D.ieu demande uniquement à un homme ce qu’il peut accomplir et, dès lors qu’une mission vous a été confiée, vous avez sûrement la force de l’assumer.

Si vous voulez m’écouter, abandonnez donc ceux qui prédisent l’avenir, les magiciens et les sorciers. Bien plus, pendant quelques semaines, évitez de penser à votre situation morale, à vos doutes qui, à n’en pas douter, n’existent pas, car vous êtes un "croyant, fils de croyant", à votre impossibilité de vous concentrer, qui n’est rien d’autre que de la paresse, expression de votre âme animale qui ne veut consentir à aucun effort, à votre méconnaissance de la Torah. De ce point de vue, l’étude de la Torah est bien plus efficace que la tristesse et la prolifération de pensées inutiles. Vous pensez que les choses doivent changer, mais, d’après la ‘Hassidout, les moyens d’y parvenir sont la Techouva, la prière, l’étude de la Torah et la Tsédaka, mais non les talismans et la flagellation.

Pendant les semaines qui viennent, vous vous réjouirez d’être de ceux(1) à propos desquels il est dit : "Vous êtes des enfants pour l’Eternel, votre D.ieu". Vous avez eu le mérite de grandir dans la tente de la Torah et non dans la rue, de contempler les luminaires de la Torah et de vous attacher à l’arbre de vie.

Rappelez-vous ce que dit le Rambam, au début du quatrième chapitre des lois des opinions. Avoir un corps intègre et en bonne santé est partie intégrante du service de D.ieu. Vous vous renforcerez donc dans votre rôle, à la Yechiva, si la direction estime que vous pouvez l’assumer.

Vous étudierez la Torah, à voix haute, avec un livre ou un manuscrit. Toutes les heures, environ, vous vous interromprez pendant cinq ou dix minutes pour vous reposer ou pour méditer au contenu de ce que vous avez appris. Puis, vous poursuivrez votre étude.

Si cela ne contredit pas ce qui vient d’être dit, vous étudierez l’abattage rituel et la suppression des graisses interdites, si cela va de pair, en Terre Sainte. Si l’on vous propose un parti, vous vous y intéresserez et vous respecterez scrupuleusement les études du ‘Houmach, des Tehilim et du Tanya, comme l’expliquent l’introduction du Hayom Yom et le guide d’étude.

Vous répéterez chaque jour le Psaume 71(2), jusqu’au 12 Tamouz prochain(3). Jusqu'à cette même date, vous donnerez chaque jour une petite pièce à la Tsédaka. Une heure avant de dormir, vous cesserez de manger et de boire. Avant de vous endormir, vous étudierez, au moins pendant quelques minutes, l’enseignement de mon beau-père, le Rabbi. Bien évidemment, vous vous engagerez à tout cela sans en faire le voeu.

Lorsque vous rencontrerez un élève d’une autre Yechiva ou un jeune homme religieux, vous lui expliquerez que la ‘Hassidout est une source d’eaux vives, le luminaire de la Torah, qui peut ramener chacun vers le bien. De nos jours, l’étudier est une obligation et un mérite sacré pour chaque Juif.

Vous chercherez des moyens de rapprocher du service de D.ieu les jeunes qui, pour l’heure, en sont encore éloignés.

Si ce dévoyé(4) vous aborde encore pour vous importuner par des pensées sur votre propre compte, souvenez-vous immédiatement que vous êtes le serviteur du Saint béni soit-Il, que votre mission consiste à ramener Ses enfants à de bons sentiments, que vous n’avez du temps pour rien d’autre.

Avec ma bénédiction et dans l’attente que vous me confirmiez avoir reçu la présente lettre,

Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Tout le peuple juif.
(2) Qui correspond au nombre des années du précédent Rabbi.
(3) Date de sa naissance.
(4) Le mauvais penchant.