Lettre n° 8637

Par la grâce de D.ieu,
10 Sivan 5723,
Brooklyn,

Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu
et se consacre aux besoins communautaires,
le Rav Ephraïm Eliézer(1) Ha Cohen,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre de la veille du Chabbat et je vous réponds, point par point :

A) La bénédiction des Cohanim(2) présente deux aspects. Elle est, d’une part, une Mitsva(3), d’autre part, trois Mitsvot(4).

Vous consulterez aussi le Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, chapitre 128, aux paragraphes 3 et 57, même si l’on peut, jusqu’à un certain point, s’interroger sur les formulations que l’on trouve dans ce texte. Vous verrez aussi le Emek Ha Cheéla, à la fin de la Cheïlta n°125.

B) Y a-t-il, en la matière, une Injonction pour Israël(5) ?

Différents textes traitent de ce point, par exemple le Yessodeï Yechouroun, du Rav Feder, au début du tome 2. Il est commenté également par les premiers Sages, par exemple le Rachba sur le traité Soukka 31b.

C) S’agissant de l’omission du Rambam(6) à propos de la période messianique, à propos des Mitsvot, vous citez les lois de la Techouva, chapitre 9, au paragraphe 2. Vous proposez une explication à ce sujet.

D’après ce dont je me souviens, j’ai également mentionné, dans notre discussion, les lois de la Techouva du Rambam. Bien plus, selon cette référence la question sur la mention des Mitsvot est encore plus forte, mais précisément dans la période précédant l’ère messianique. Le Rambam parle, en effet, des “ royaumes qui ne leur permettent pas de se consacrer à la Torah et aux Mitsvot de la manière qui convient ”. Or, il omet cette affirmation quand il fait allusion à l’action d’Israël pendant l’ère messianique.

D) Vous m’interrogez sur la précision du Rambam, figurant à la fin des lois des rois : “ la Torah et la sagesse ”(7).

A mon sens, on ne peut en aucune façon expliquer ici que le terme de Torah désigne la pratique des Mitsvot(8), d’autant qu’il est aussitôt question de la sagesse de la Torah. Selon moi, il est donc question ici des deux aspects de la Torah. Nos Sages disent, en effet, dans le Midrash E’ha Rabba, chapitre 2, au paragraphe 13 : “ si l’on te dit que la sagesse existe parmi les nations, crois-le, si l’on te dit que la Torah existe parmi les nations, ne le crois pas ”. Et, la différence(9) est bien simple. La sagesse doit être interprétée au sens littéral, alors que la Torah est de la même étymologie que Horaa, enseignement. La conclusion, qui est une Injonction(10) est que celle-ci n’existe pas chez les nations, car sa rationalité(11) est basée sur des principes sans fondement, soit sur la volonté et sur la tradition, mais non(10) sur la logique. Mais, ce point ne sera pas développé ici.

Il y a aussi une autre preuve, puisque les lois des rois expliquent et affirment que : “ l’occupation du monde sera uniquement la connaissance de D.ieu ”. A ce propos, cette conclusion permet de répondre également à l’interprétation que vous proposez, celle d’une envie, “ les sages ont eu envie(12) ”, qui porterait sur la Torah. Pour autant, on mettra également en pratique les Mitsvot. C’est bien évident. Avec mes respects et ma bénédiction,

Notes

(1) Le Rav E. E. Yalles, de Philadelphie. Voir, à son sujet, la lettre n°8288.
(2) Le destinataire de la présente est un Cohen.
(3) Celle de bénir le peuple d’Israël.
(4) Correspondant aux trois versets que compte cette bénédiction.
(5) Celle de recevoir la bénédiction des Cohanim. Voir à ce sujet, le Likouteï Si’hot, tome 14, page 41, à la note 39 et tome 17, page 237, à la note 55.
(6) Voir, à ce sujet, le Likouteï Si’hot, tome 27, à partir de la page 237.
(7) Qui seront la seule occupation d’Israël, quand le Machia’h viendra.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “ Par référence au Maguen Avraham, chapitre 47, au paragraphe 3, qui parle des ‘paroles de la Torah’ ”.
(9) Entre la sagesse et la Torah.
(10) Le Rabbi souligne les mots : “Injonction” et “non”.
(11) Celle de la Torah.
(12) De la venue du Machia’h uniquement pour se consacrer à la connaissance de D.ieu.