Lettre n° 8648

Par la grâce de D.ieu,
15 Tamouz 5723,


Aux participants à la réunion annuelle de
l’organisation rabbinique d’Amérique,
que D.ieu vous accorde longue vie,

Je vous salue et vous bénis,

Vous m’avez fait part de la tenue prochaine de votre réunion annuelle et voici ma réponse(1). J’espère que l’on inscrira, à l’ordre du jour de cette réunion, des points, liés à l’action concrète, qui permettront de tirer profit du moment propice que constitue l’éveil moral constaté dans de larges cercles de notre peuple, en particulier chez les jeunes(2).

Quiconque est attentif à ce qui se passe chez les jeunes sait que cette période aux multiples rebondissements a suscité une révolution morale, dans les cercles les plus larges, du fait des vicissitudes et des déceptions ayant été inspirées par divers courants et opinions que l’on n’abordera pas ici. Toutefois, chez de nombreuses personnes, on peut dire de cet éveil que l’on “ prophétise sans le savoir ”(3). Chez d’autres, en revanche, l’éveil prend une forme plus concrète et plus claire, au point qu’on l’a qualifié de “ retour aux sources ”. Le point commun à tout cela est le suivant. Cet éveil a suscité un moment propice grâce auquel de larges cercles de notre peuple reviennent vers la vérité et le droit chemin, celui de la Torah et des Mitsvot. Malheureusement, on ne se sert pas de cet éveil comme il le faudrait. Nombreux sont encore ceux qui tâtonnent dans la pénombre, ne recevant pas l’influence et les directives dont ils ont besoin, puisque l’on doit indiquer au peuple de D.ieu la voie qu’il doit suivre et, avant tout, le comportement qu’il doit adopter.

Cela est particulièrement important pour les jeunes qui, en fonction de leur tournure d’esprit, ont une motivation plus profonde, plus déterminée, ne sont pas effrayés par un changement radical de leur mode de vie, dès lors qu’ils sentent et ont une conscience profonde qu’on leur apporte la vérité, sans compromis et sans fards. Toute influence positive exercée sur eux est multipliée de nombreuses fois(4) et le plus tôt est donc le mieux.

Pour passer d’un sujet à un autre tout en restant dans le même contexte, j’évoquerai également la situation des Juifs et des Juives les plus jeunes. C’est, en particulier, à leur propos qu’il est dit : “ Et, tu enseigneras à tes enfants ”, dans le premier paragraphe du Chema Israël, tout de suite après avoir accepté la Royauté céleste, puis, de nouveau, dans le second paragraphe, tant est grande la nécessité d’une éducation pleinement basée sur les valeurs sacrées. Et, l’étude de la Torah surpasse tous les autres Préceptes.

Déjà à l’époque de la Guemara, certains s’acquittaient de la Mitsva d’étudier la Torah avec un seul verset, le matin et un second, le soir, alors que d’autres l’étudiaient jour et nuit. Combien plus, en la présente époque, un grand effort est-il nécessaire pour que les enfants consacrent toute leur journée aux études sacrées ou, tout au moins, qu’ils fréquentent les écoles que l’on appelle, dans ce pays : “ Yechiva élémentaire ”. Pour autant, il ne faut pas se désespérer et abandonner, ce qu’à D.ieu ne plaise, ceux qui fréquentent les écoles publiques, “ public schools ” en anglais. Le besoin du moment est de faire en sorte que la braise ne se consume pas, que D.ieu nous en garde. De la sorte, les enfants feront au moins une bonne prière(5) chaque jour(6), jusqu’à ce qu’ils s’habituent à mentionner le Nom de D.ieu. Bien entendu, un tel résultat n’est pas une fin en soi. L’objectif final est, comme on l’a dit, de consacrer toute la journée aux études sacrées. Pour autant, une telle pratique ne doit pas être négligée, d’autant que, conformément à l’assurance qui nous a été donnée, “ une Mitsva en attire une autre ”.

Mais, du fait de nos nombreuses fautes, l’un des malheurs de cette époque est la lutte menée par certains pour que le Nom de D.ieu ne soit pas mentionné dans les écoles publiques. Ils provoquent ainsi une redoutable profanation du Nom de D.ieu dont on n’a jamais vu l’équivalent jusqu’à ce jour. Il est inutile de souligner encore une fois et encore une fois qu’il est bien question ici d’une bonne prière, c’est-à-dire de celle qui n’est pas nominative(7). Pour que tout se passe bien, d’une manière concrète, il faut proscrire également la lecture de la Bible, dans ces écoles. En effet, ceci pourrait ouvrir la porte à d’autres lectures également.

Selon l’enseignement des Sages et leur pratique concrète, de même que pour se démarquer de ceux qui se trouvent dans l’erreur ou bien qui désirent donner une apparence de Choul’han Arou’h à leur opposition à la mention du Nom de D.ieu, on rappellera l’attitude du Baal Chem Tov, dont l’une des “ missions sacrées ” consistait à ce que chacun conserve le Nom de D.ieu à la bouche, y compris les hommes les plus ordinaires, les femmes et les enfants. Pour cela, ils les interrogeait, demandait de leurs nouvelles, afin qu’ils lui répondent, par exemple : “ D.ieu soit loué ! ”. Et, mon beau-père, le Rabbi, souligna(5) qu’il en était ainsi non seulement à la synagogue ou à la maison, mais aussi dans la rue, dans les magasins, sur les lieux de travail, à tout moment et en tout endroit. Et, l’on verra, à ce sujet, la longue explication donnée par le Séfer Ha Maamarim Yiddish, de 5701-5705(8), de mon beau-père, le Rabbi, dans le discours ‘hassidique intitulé : “ Tu es saint et Tu trônes sur les louanges d’Israël ”, à partir de la page 138.

Autre point, à ce sujet également, une subvention du gouvernement fédéral est accordée aux écoles religieuses, “ parochial schools ”, en anglais et j’ai maintes fois souligné à quel point il est indispensable d’y avoir recours(9). Il n’y a donc pas lieu de s’y opposer. Il est, bien au contraire, une obligation sacrée, incombant à chacun, d’exiger cette aide, de plein droit.

Puisse D.ieu faire que les membres de l’organisation rabbinique, auxquels D.ieu accordera de longs jours et de bonnes années, guides spirituels et bergers d’Israël dans de nombreuses saintes communautés, que D.ieu les multiplie, en particulier ceux qui prennent part à cette réunion annuelle, adoptent une position tranchée et claire en tous ces domaines, qu’ils arrêtent un programme, comprenant des actions concrètes. Le mérite de ce qui est public leur viendra en aide, de sorte qu’ils connaîtront le succès dans ce domaines et dans tous les autres, afin d’améliorer la situation de la Torah et des Mitsvot, au quotidien, chacun au sein de sa communauté. En effet, ce qui procède du bien et de la sainteté peut toujours être amélioré, leur source étant le caractère infini de D.ieu.

D.ieu fasse qu’il en soit bien ainsi, avec toute l’énergie nécessaire, dans la joie, avec une conscience profonde que l’on est l’émissaire de D.ieu et que l’on donne un exemple qui sera largement imité. Assumer cette mission est, en outre, le canal et le réceptacle qui permettent à chacun d’obtenir les bénédictions de D.ieu, en tous les besoins, pour soi-même et pour les membres de sa famille, à la fois matériellement et spirituellement. Avec mes respects et ma bénédiction pour connaître une considérable réussite,

Notes

(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 22, à la page 391.
(2) Voir, sur le même sujet, la lettre n°8647.
(3) On ne sait pas quelle forme lui donner.
(4) Auprès de leurs amis ou bien au sein du foyer qu’ils fonderont par la suite.
(5) Le Rabbi souligne les mots : “ une bonne prière ” et “ souligna ”.
(6) Voir, à ce sujet, la lettre n°5554.
(7) Qui ne fait pas référence à un culte précis, en anglais dans le texte, “ non denominational ”.
(8) 1941-1945.
(9) Voir, à ce sujet, la lettre n°8223.