Lettre n° 8793
Par la grâce de D.ieu,
28 Adar 5724,
Brooklyn, New York,
Je vous salue et vous bénis,
C’est avec un profond étonnement et encore plus de peine que j’ai lu votre lettre d’hier, dans laquelle vous m’énoncez les raisons justifiant, pour ainsi dire, votre opposition au programme d’éducation religieuse qui émane de certains milieux, y compris si l’on tient compte de la situation actuelle, alors qu’aucun autre cercle n’a la possibilité de s’introduire dans l’environnement et le lieu en question. Cela veut dire que la jeunesse y sera livrée à l’éducation inverse, laquelle n’est pas neutre(1), comme l’a montré l’expérience du passé récent.
Vous dites, au début de votre lettre, que vous voulez apporter des précisions, mais je ne suis pas parvenu à comprendre ce que vous voulez dire, car ces précisions n’introduisent aucun élément nouveau. Tout cela a déjà été écrit deux fois, trois fois, de nombreuses fois, dans les journaux des partis. Bien plus, vous avez vous-même abordé ce point au cours de notre discussion et, même sans ces explications, il n’y aurait pas eu le moindre doute, à ce sujet. Bien entendu, tous les doutes que vous avancez, de même que ceux qui figurent dans ces journaux, avec toutes les manières de les accentuer, ne sont nullement comparables au tort qui peut découler de cela pour des milliers d’enfants juifs et j’ai peur de dire des dizaines de milliers.
Ce tort, comme je le soulignais lors de notre discussion, concerne non seulement les jeunes qui reçoivent l’éducation de “ l’autre côté ”, mais aussi l’opportunité gâchée, de la sorte, d’introduire un esprit religieux dans des endroits où, sans cela, on n’aurait même pas connaissance de l’existence des Tefillin ou de la Cacherout. Vous-même et vos amis, avez connaissance de nombreuses situations comme celles-ci. Plus précisément, quand on fonde des écoles religieuses, y compris avec un programme minimale, on doit permettre l’installation de couples ayant un mode de vie religieux, d’un Cho’het, d’un Mohel, l’édification d’un Mikwé.
Il arrive très souvent qu’à force de discuter sur un tel sujet, on oublie la question proprement dite qui avait été envisagée. Or, celle-ci se pose, avant tout, d’une manière concrète, car, dans quelques semaines, commenceront les inscriptions, qui se poursuivront pendant quelques semaines, pour les nouveaux immigrants arrivant chaque mois. Ceci ne peut donc pas être remis à plus tard. En effet, si ces cercles empêchent l’ouverture d’écoles religieuses, ce qu’à D.ieu ne plaise, les conséquences se feront immédiatement ressentir, dans les quartiers de ces nouveaux immigrants, desquels la religion sera peut-être totalement absente, pas de Cacherout, pas de respect du Chabbat, pas de pureté familiale. Au bout de quelques jours, lorsque les jeunes fréquenteront ces écoles dites neutres, mais dans lesquelles on ne verra et l’on ne trouvera pas la moindre trace de religion, on comprend bien ce qui en résultera.
Vous m’excuserez donc de vous dire que, dans une telle situation et en une telle période, on se demande quel est l’objectif profond de tel cercle. A n’en pas douter, un tel état de fait tient à l’influence qui en résultera en période électorale. Mêmes si les doutes dont vous faites état étaient fondés, au point d’être plus qu’une éventualité et de contrebalancer l’apport certain qui en découlerait sur place, on pourrait également s’interroger sur un tel apport, compte tenu du tort causé de la sorte. Et, il en est ainsi si l’on admet que les craintes sont des certitudes, alors qu’à mon sens, il n’y a aucun doute à avoir sur la plupart d’entre elles. Il est pratiquement certain qu’elles ne se réaliseront pas et, si c’est néanmoins le cas dans certains endroits, là encore, on pourra s’interroger sur l’importance de l’apport, par rapport au tort que l’on peut craindre.
De la manière dont j’observe la situation, en fonction de ce que l’on peut constater en différents endroits de notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, le problème réel, sans fard et sans artifice, est ici le suivant. D’une part, on enseignera aux petits garçons et aux petites filles, ces prochains mois, l’existence du Roi suprême, le Saint béni soit-Il. On leur parlera de Sa Torah, non pas uniquement d’une manière théorique, mais aussi, et peut-être par nécessité, en mettant en avant l’aspect concret des choses. Dans des dizaines de quartiers, on pourra observer ce qu’est une vie basée sur la Torah et les Mitsvot. Mais, d’autre part, on s’unira également avec les hommes de gauche, y compris ceux qui appartiennent au cercle auquel vous faites allusion, afin de lutter, ce qu’à D.ieu ne plaise, pour empêcher que des milliers de familles juives aient accès à D.ieu, à Sa Torah et à Ses Mitsvot. Comme je vous l’ai dit, lors de notre discussion, le pauvre dénué de tout veut savoir pourquoi on lui ôte le pain qui lui permettrait d’assouvir sa faim, faute de quoi, quels que soient les objectifs, il mourra de faim, ce qu’à D.ieu ne plaise.
On pourrait, certes, soulever l’interrogation suivante. Si la situation est aussi évidente que ce qui vient d’être décrit, comment peut-il y avoir un doute sur l’approche que doit avoir un homme religieux ? Mais, l’on peut répondre à cette question en considérant l’ordre(2) dans lequel est énoncé le verset : “ La corruption aveugle les yeux des sages et falsifie les propos des justes ”. En effet, “ un verset ne peut pas être départi de son sens simple ”(3), de sorte que, après(2) avoir été frappés d’aveuglement et de falsification, de tels hommes sont encore définis comme des sages et des justes. Ils n’en sont pas moins aveugles, ce qu’à D.ieu ne plaise. Selon une image qui est citée par les ouvrages de Moussar, un petit feuillet de papier, quand il est placé à proximité immédiate de l’œil, occulte et cache le monde entier, avec tout ce qu’il contient. A quelqu’un comme vous, il est sûrement inutile d’en dire plus.
On peut, bien sûr, accorder les circonstances atténuantes au contenu de votre lettre. Je me référerai, tout d’abord, à votre remarque, au début de ce courrier, selon laquelle vous avez réfléchi à mes propos. J’ai pourtant bon espoir que ce n’est pas le cas, pour deux raisons. Tout d’abord, mes paroles étaient très simples et elles ne justifiaient pas une longue réflexion. En outre, il ne s’agit pas de mes propos, mais bien de la conception ordinaire d’un homme ordinaire, car chacun est tenu d’adopter cette conclusion, sauf celui qui a un feuillet de papier devant lui, comme on l’a dit. Les circonstances atténuantes sont donc, en l’occurrence, les suivantes. Il est à peu près certain que ces réflexions ne sont pas les vôtres, mais bien une réaction émanant d’un membre du parti auquel vous avez fait part de notre échange et qui a mis en doute, ou encore qui a protesté : comment peut-on remettre en cause les intérêts du parti, ou même qu’il y ait le moindre doute qu’on puisse le faire ? Bien plus, une décision a déjà été prise, en la matière et, dès lors, selon la formule établie, il n’y a plus de place pour le doute et pour les questions. Il faut uniquement justifier la décision qui a d’ores et déjà été entérinée, tout comme il est dit : “ J’ai édicté une loi, émis un décret. Tu n’as pas le droit de les remettre en cause ”.
Avant de conclure, je vous demanderai encore une fois de m’excuser pour la manière dont cette lettre est formulée, non que je le regrette, ce qu’à D.ieu ne plaise. De fait, ce qui est dit n’est pas du tout adapté et bien trop atténué, compte tenu de la gravité du problème. En fait, mes excuses portent sur l’emploi d’expressions inhabituelles dans les courriers que vous recevez. Il est un fait que, lorsque deux personnes ne se sont rencontrées qu’une seule fois, on ne devrait pas les utiliser. En tout état de cause, D.ieu fasse qu’avec le temps, il s’avère que ces paroles n’aient pas été inutiles(4), c’est-à-dire sans effet. Que les milliers de familles juives qui s’exclament toutes : “ Ne reste pas impassible devant le sang de ton frère ”, parce qu’on refuse une éducation convenable ou, tout au moins, minimale à leurs fils et à leurs filles, que celles qui crient à tue-tête et que celles qui ne demandent rien, leur besoin étant alors d’autant plus grand, soient protégés par ce mérite !
Je vous rappelle ce que vous avez dit et répété à maintes reprises, au cours de notre discussion, à propos de ce problème : “ Que l’on m’abandonne à Moi, mais que l’on n’abandonne pas Ma Torah ” en appliquant les termes de cette affirmation de nos Sages à votre parti. Je suis convaincu que, si vous faites entendre de tels propos au parti, nombreux seront ceux qui partageront cet avis et même ceux qui le contesteront seront ébranlés dans leur conviction. Quant à vous, vous serez récompensé, comme quelqu’un qui dit la vérité, d’autant que vous vous trouvez actuellement en minorité. Avec mes respects et ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Bien entendu, je serais heureux d’avoir connaissance de votre réaction à tout cela, même si, pour l’heure, vous n’êtes pas d’accord avec tout ce qui vient d’être dit. Il est clair également que vous avez le droit de communiquer le contenu de ma lettre à toute personne à qui elle pourra être utile, selon vous, pour ce qui concerne ces milliers de familles juives. En tout état de cause, je serais satisfait d’être informé des conséquences que tout cela aura. Et, je ne peux m’empêcher d’ajouter encore une autre remarque. En effet, il est ironique de constater que tous vos arguments pour justifier que telles personnes ne puissent pas exercer des activités religieuses sont les mêmes que ceux de l’aile droite de votre parti, adoptant les mêmes conclusions envers le parti lui-même.
Il y a aussi une autre remarque, qui pourrait paraître superflue, mais je veux l’écrire également afin de souligner encore plus clairement ce qui vient d’être dit. A mon sens, il est bien clair que, lorsque ces personnes assumeront les engagements qu’ils prendront concernant la direction de l’école religieuse, cela ne sera pas pour autant le maximum, ni même un accomplissement moyen. J’ajoute encore qu’il en est de même pour toutes les écoles publiques religieuses de Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. Leur niveau religieux est effectivement minimale. Bien entendu, ceci inclut également les écoles ‘Habad qui adhèrent au courant pédagogique religieux et public. Et, les écoles religieuses indépendantes ont aussi un niveau similaire, pour des raisons qui, au moins pour partie, ne dépendent pas de la direction de ces institutions. En revanche, elles en sont bien, en partie, responsables. Et, point n’est besoin d’en dire plus tant cela est pénible et douloureux.
Puisse D.ieu faire que, pour cette fête de Pessa’h, les quatre fils, dans toutes les maisons des enfants d’Israël, dans tous les milieux et dans tous les endroits, appartiennent à la catégorie du sage. C’est de cette manière que l’on hâtera le passage de la servitude à la délivrance, que l’on quittera l’exil amer et obscur dans lequel se trouvent les Juifs des Etats-Unis, de Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie et de tous les endroits où ils résident, lors de la délivrance véritable et complète. Et, selon la conclusion du Séder de Pessa’h, comme il convient : “ L’an prochain à Jérusalem ”.
Notes
(1) Mais est bien antireligieuse.
(2) Le Rabbi souligne les mots : “ ordre ” et “ après ”.
(3) Selon le traité Chabbat 63a.
(4) Voir, à ce sujet, les lettres n°4591 et 8530.
28 Adar 5724,
Brooklyn, New York,
Je vous salue et vous bénis,
C’est avec un profond étonnement et encore plus de peine que j’ai lu votre lettre d’hier, dans laquelle vous m’énoncez les raisons justifiant, pour ainsi dire, votre opposition au programme d’éducation religieuse qui émane de certains milieux, y compris si l’on tient compte de la situation actuelle, alors qu’aucun autre cercle n’a la possibilité de s’introduire dans l’environnement et le lieu en question. Cela veut dire que la jeunesse y sera livrée à l’éducation inverse, laquelle n’est pas neutre(1), comme l’a montré l’expérience du passé récent.
Vous dites, au début de votre lettre, que vous voulez apporter des précisions, mais je ne suis pas parvenu à comprendre ce que vous voulez dire, car ces précisions n’introduisent aucun élément nouveau. Tout cela a déjà été écrit deux fois, trois fois, de nombreuses fois, dans les journaux des partis. Bien plus, vous avez vous-même abordé ce point au cours de notre discussion et, même sans ces explications, il n’y aurait pas eu le moindre doute, à ce sujet. Bien entendu, tous les doutes que vous avancez, de même que ceux qui figurent dans ces journaux, avec toutes les manières de les accentuer, ne sont nullement comparables au tort qui peut découler de cela pour des milliers d’enfants juifs et j’ai peur de dire des dizaines de milliers.
Ce tort, comme je le soulignais lors de notre discussion, concerne non seulement les jeunes qui reçoivent l’éducation de “ l’autre côté ”, mais aussi l’opportunité gâchée, de la sorte, d’introduire un esprit religieux dans des endroits où, sans cela, on n’aurait même pas connaissance de l’existence des Tefillin ou de la Cacherout. Vous-même et vos amis, avez connaissance de nombreuses situations comme celles-ci. Plus précisément, quand on fonde des écoles religieuses, y compris avec un programme minimale, on doit permettre l’installation de couples ayant un mode de vie religieux, d’un Cho’het, d’un Mohel, l’édification d’un Mikwé.
Il arrive très souvent qu’à force de discuter sur un tel sujet, on oublie la question proprement dite qui avait été envisagée. Or, celle-ci se pose, avant tout, d’une manière concrète, car, dans quelques semaines, commenceront les inscriptions, qui se poursuivront pendant quelques semaines, pour les nouveaux immigrants arrivant chaque mois. Ceci ne peut donc pas être remis à plus tard. En effet, si ces cercles empêchent l’ouverture d’écoles religieuses, ce qu’à D.ieu ne plaise, les conséquences se feront immédiatement ressentir, dans les quartiers de ces nouveaux immigrants, desquels la religion sera peut-être totalement absente, pas de Cacherout, pas de respect du Chabbat, pas de pureté familiale. Au bout de quelques jours, lorsque les jeunes fréquenteront ces écoles dites neutres, mais dans lesquelles on ne verra et l’on ne trouvera pas la moindre trace de religion, on comprend bien ce qui en résultera.
Vous m’excuserez donc de vous dire que, dans une telle situation et en une telle période, on se demande quel est l’objectif profond de tel cercle. A n’en pas douter, un tel état de fait tient à l’influence qui en résultera en période électorale. Mêmes si les doutes dont vous faites état étaient fondés, au point d’être plus qu’une éventualité et de contrebalancer l’apport certain qui en découlerait sur place, on pourrait également s’interroger sur un tel apport, compte tenu du tort causé de la sorte. Et, il en est ainsi si l’on admet que les craintes sont des certitudes, alors qu’à mon sens, il n’y a aucun doute à avoir sur la plupart d’entre elles. Il est pratiquement certain qu’elles ne se réaliseront pas et, si c’est néanmoins le cas dans certains endroits, là encore, on pourra s’interroger sur l’importance de l’apport, par rapport au tort que l’on peut craindre.
De la manière dont j’observe la situation, en fonction de ce que l’on peut constater en différents endroits de notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie, le problème réel, sans fard et sans artifice, est ici le suivant. D’une part, on enseignera aux petits garçons et aux petites filles, ces prochains mois, l’existence du Roi suprême, le Saint béni soit-Il. On leur parlera de Sa Torah, non pas uniquement d’une manière théorique, mais aussi, et peut-être par nécessité, en mettant en avant l’aspect concret des choses. Dans des dizaines de quartiers, on pourra observer ce qu’est une vie basée sur la Torah et les Mitsvot. Mais, d’autre part, on s’unira également avec les hommes de gauche, y compris ceux qui appartiennent au cercle auquel vous faites allusion, afin de lutter, ce qu’à D.ieu ne plaise, pour empêcher que des milliers de familles juives aient accès à D.ieu, à Sa Torah et à Ses Mitsvot. Comme je vous l’ai dit, lors de notre discussion, le pauvre dénué de tout veut savoir pourquoi on lui ôte le pain qui lui permettrait d’assouvir sa faim, faute de quoi, quels que soient les objectifs, il mourra de faim, ce qu’à D.ieu ne plaise.
On pourrait, certes, soulever l’interrogation suivante. Si la situation est aussi évidente que ce qui vient d’être décrit, comment peut-il y avoir un doute sur l’approche que doit avoir un homme religieux ? Mais, l’on peut répondre à cette question en considérant l’ordre(2) dans lequel est énoncé le verset : “ La corruption aveugle les yeux des sages et falsifie les propos des justes ”. En effet, “ un verset ne peut pas être départi de son sens simple ”(3), de sorte que, après(2) avoir été frappés d’aveuglement et de falsification, de tels hommes sont encore définis comme des sages et des justes. Ils n’en sont pas moins aveugles, ce qu’à D.ieu ne plaise. Selon une image qui est citée par les ouvrages de Moussar, un petit feuillet de papier, quand il est placé à proximité immédiate de l’œil, occulte et cache le monde entier, avec tout ce qu’il contient. A quelqu’un comme vous, il est sûrement inutile d’en dire plus.
On peut, bien sûr, accorder les circonstances atténuantes au contenu de votre lettre. Je me référerai, tout d’abord, à votre remarque, au début de ce courrier, selon laquelle vous avez réfléchi à mes propos. J’ai pourtant bon espoir que ce n’est pas le cas, pour deux raisons. Tout d’abord, mes paroles étaient très simples et elles ne justifiaient pas une longue réflexion. En outre, il ne s’agit pas de mes propos, mais bien de la conception ordinaire d’un homme ordinaire, car chacun est tenu d’adopter cette conclusion, sauf celui qui a un feuillet de papier devant lui, comme on l’a dit. Les circonstances atténuantes sont donc, en l’occurrence, les suivantes. Il est à peu près certain que ces réflexions ne sont pas les vôtres, mais bien une réaction émanant d’un membre du parti auquel vous avez fait part de notre échange et qui a mis en doute, ou encore qui a protesté : comment peut-on remettre en cause les intérêts du parti, ou même qu’il y ait le moindre doute qu’on puisse le faire ? Bien plus, une décision a déjà été prise, en la matière et, dès lors, selon la formule établie, il n’y a plus de place pour le doute et pour les questions. Il faut uniquement justifier la décision qui a d’ores et déjà été entérinée, tout comme il est dit : “ J’ai édicté une loi, émis un décret. Tu n’as pas le droit de les remettre en cause ”.
Avant de conclure, je vous demanderai encore une fois de m’excuser pour la manière dont cette lettre est formulée, non que je le regrette, ce qu’à D.ieu ne plaise. De fait, ce qui est dit n’est pas du tout adapté et bien trop atténué, compte tenu de la gravité du problème. En fait, mes excuses portent sur l’emploi d’expressions inhabituelles dans les courriers que vous recevez. Il est un fait que, lorsque deux personnes ne se sont rencontrées qu’une seule fois, on ne devrait pas les utiliser. En tout état de cause, D.ieu fasse qu’avec le temps, il s’avère que ces paroles n’aient pas été inutiles(4), c’est-à-dire sans effet. Que les milliers de familles juives qui s’exclament toutes : “ Ne reste pas impassible devant le sang de ton frère ”, parce qu’on refuse une éducation convenable ou, tout au moins, minimale à leurs fils et à leurs filles, que celles qui crient à tue-tête et que celles qui ne demandent rien, leur besoin étant alors d’autant plus grand, soient protégés par ce mérite !
Je vous rappelle ce que vous avez dit et répété à maintes reprises, au cours de notre discussion, à propos de ce problème : “ Que l’on m’abandonne à Moi, mais que l’on n’abandonne pas Ma Torah ” en appliquant les termes de cette affirmation de nos Sages à votre parti. Je suis convaincu que, si vous faites entendre de tels propos au parti, nombreux seront ceux qui partageront cet avis et même ceux qui le contesteront seront ébranlés dans leur conviction. Quant à vous, vous serez récompensé, comme quelqu’un qui dit la vérité, d’autant que vous vous trouvez actuellement en minorité. Avec mes respects et ma bénédiction pour une fête de Pessa’h cachère et joyeuse,
Bien entendu, je serais heureux d’avoir connaissance de votre réaction à tout cela, même si, pour l’heure, vous n’êtes pas d’accord avec tout ce qui vient d’être dit. Il est clair également que vous avez le droit de communiquer le contenu de ma lettre à toute personne à qui elle pourra être utile, selon vous, pour ce qui concerne ces milliers de familles juives. En tout état de cause, je serais satisfait d’être informé des conséquences que tout cela aura. Et, je ne peux m’empêcher d’ajouter encore une autre remarque. En effet, il est ironique de constater que tous vos arguments pour justifier que telles personnes ne puissent pas exercer des activités religieuses sont les mêmes que ceux de l’aile droite de votre parti, adoptant les mêmes conclusions envers le parti lui-même.
Il y a aussi une autre remarque, qui pourrait paraître superflue, mais je veux l’écrire également afin de souligner encore plus clairement ce qui vient d’être dit. A mon sens, il est bien clair que, lorsque ces personnes assumeront les engagements qu’ils prendront concernant la direction de l’école religieuse, cela ne sera pas pour autant le maximum, ni même un accomplissement moyen. J’ajoute encore qu’il en est de même pour toutes les écoles publiques religieuses de Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. Leur niveau religieux est effectivement minimale. Bien entendu, ceci inclut également les écoles ‘Habad qui adhèrent au courant pédagogique religieux et public. Et, les écoles religieuses indépendantes ont aussi un niveau similaire, pour des raisons qui, au moins pour partie, ne dépendent pas de la direction de ces institutions. En revanche, elles en sont bien, en partie, responsables. Et, point n’est besoin d’en dire plus tant cela est pénible et douloureux.
Puisse D.ieu faire que, pour cette fête de Pessa’h, les quatre fils, dans toutes les maisons des enfants d’Israël, dans tous les milieux et dans tous les endroits, appartiennent à la catégorie du sage. C’est de cette manière que l’on hâtera le passage de la servitude à la délivrance, que l’on quittera l’exil amer et obscur dans lequel se trouvent les Juifs des Etats-Unis, de Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie et de tous les endroits où ils résident, lors de la délivrance véritable et complète. Et, selon la conclusion du Séder de Pessa’h, comme il convient : “ L’an prochain à Jérusalem ”.
Notes
(1) Mais est bien antireligieuse.
(2) Le Rabbi souligne les mots : “ ordre ” et “ après ”.
(3) Selon le traité Chabbat 63a.
(4) Voir, à ce sujet, les lettres n°4591 et 8530.