Lettre n° 8827
Par la grâce de D.ieu,
25 Iyar 5724,
Brooklyn, New York,
Je vous bénis et vous salue,
J’ai pris connaissance de votre lettre avec beaucoup d’étonnement et de peine(1). En effet, vous commencez par louer D.ieu parce que vous comptez vous rendre en Erets Israël sur un bateau dans les propriétaires sont juifs, ce qu’à D.ieu ne plaise(2). Le capitaine, les marins, tout l’équipage en service sont juifs, ou bien le sont à 99% et vous m’écrivez que vous formulez le souhaite de faire un bon voyage, par le mérite de nos saints ancêtres ! Je pense qu’il est inutile de vous expliquer la raison de ma grande peine. Toutefois, le contenu de votre lettre me conduit à vous adresser au moins ces quelques lignes, bien que tout ce que l’on pourrait dire sur le sujet ne serait nullement suffisant, compte tenu de la gravité de l’enjeu. L’idée est brièvement la suivante.
Lors d’un voyage sur un tel bateau, chaque passager et, bien entendu, chaque membre de l’équipage transgresse le Chabbat. Bien plus, il le fait publiquement et il prend part à une profanation publique du Nom de D.ieu, face à tous les non juifs qui en ont connaissance. En outre, cela est accompli au nom de tout le peuple juif, dont les manquements, à différentes occasions, ont eu pour effet le comportement et le fonctionnement d’un tel bateau pendant le Chabbat. Il faut ajouter qu’il est rarement donné de transgresser le saint Chabbat publiquement, pendant chaque instant(3) de ses vingt quatre heures, y compris pendant le sommeil ! En effet, le bateau avance également quand on dort, alors qu’en étant sur la terre ferme, quel que soit le mode de vie que l’on a adopté, on ne transgresse pas le Chabbat publiquement pendant qu’on dort !
Ce qui vient d’être dit est vrai quelle que soit la direction prise par le bateau et la date de son départ, dès lors que le voyage inclut les vingt quatre heures du Chabbat. Mais, en l’occurrence, s’ajoute le fait que l’on désire se rendre dans un pays que les non Juifs eux-mêmes qualifient de “ Terre sainte(3) ”, non pas parce que telle est la position des Nations Unies, mais bien en fonction de ce que dit notre sainte Torah, laquelle établit un lien spécifique entre Erets Israël et le respect du Chabbat, comme le précisent plusieurs Sidrot, en particulier celle que nous lirons, par un effet de la divine Providence, ce saint Chabbat(3). Ce qui vient d’être est, malheureusement, un vrai désastre. Néanmoins, le voyage auquel vous faites allusion présente encore un autre aspect négatif. En plus(3) des deux ou trois Shabbats qui seront malheureusement transgressés en public, selon ce qui vient d’être dit, il y aura aussi la transgression publique des deux jours de Chavouot, la fête du don des dix Commandements, révélés avec la plus grande puissance, comme le relate le Midrash. Or, l’un de ces dix Commandements est : “ Garde le jour du Chabbat pour le sanctifier ”(3). Cependant, on vit une époque en laquelle se passent toutes sortes de faits incroyables. Un événement comme celui qui vient d’être décrit peut donc se produire sans que personne ne dise rien.
Bien entendu, je sais que certains ont pris une responsabilité, ne sachant pas(3) eux-mêmes comment l’on conduit un bateau, mais se considérant néanmoins comme de grands experts en la matière et ils ont autorisé cette transgression publique du Chabbat, au nom de tout le peuple d’Israël. Bien plus, d’après ce que l’on raconte, il y a, sur ce bateau, pendant le Chabbat, un Juif portant un Talith et priant D.ieu Qui sanctifie le Chabbat(3), en sachant qu’au même moment, les machines sont allumées et conduites par des Juifs, des télégrammes sont rédigés, des communiqués sont émis, on cuisine, on lave et tout cela est réalisé par des Juifs, spécifiquement pour d’autres Juifs(3) ! Or, chacun(3) des passagers en profite, de même que de l’électricité, de l’eau, de tous(3) les besoins que l’on satisfait en transgressant le Chabbat !
Il est tout aussi évident que notre sainte Torah n’en est pas modifiée pour autant, car elle est immuable et D.ieu l’a donnée au peuple juif. Elle ne peut donc pas changer. Nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, affirment qu’un Juif n’a jamais le droit de se décourager. Je ne perds donc pas l’espoir que vous-même et de très nombreux autres Juifs ne transgresserez pas le Chabbat et la fête publiquement, que vous annulerez ce voyage. Grand est le mérite du Chabbat qui vous apportera de longs jours, de bonnes années et, avant tout, le point le plus essentiel, une satisfaction véritable, juive, émanant de la Torah, de tous vos enfants et de vos petits-enfants. Avec ma bénédiction afin de me donner de bonnes nouvelles de tout ce qui vient d’être dit,
Si une annulation aussi tardive de ce voyage entraîne une perte financière, il est bien évident(3) que je vous restituerai(3) intégralement cette somme, compte tenu de la gravité de l’interdiction qui est ainsi transgressée en public et je vous remercierai même chaleureusement pour cette occasion qui me sera ainsi offerte de sauver une âme juive d’un tel malheur. En outre, on évitera, de cette façon, que certains puissent se dire que, si vous participez à ce voyage, il ne fait pas de doute que cela est permis. Peut-être, de la sorte, n’effectueront-ils pas ce voyage. Et, l’on sait que sauver un seul Juif est comparé à sauver le monde entier(4).
Vous joignez à votre lettre un chèque pour la Tsedaka, à l’occasion de votre voyage. C’est la première fois de ma vie, et j’espère que je n’aurai pas à le refaire, que je dois restituer un tel chèque. En effet, il est bien clair(3) que je ne peux pas entrer en relation avec ce qui aboutit à une transgression publique du Chabbat. Bien plus, vous formulez le vœu que cette Tsedaka vienne en aide à cette transgression du Chabbat, ce qu’à D.ieu ne plaise ! Le chèque vous est donc restitué par la présente. J’espère que vous accepterez ce que je vous dis, conformément à la Sidra de cette semaine, qui dit : “ Vous garderez Mes Shabbats(3), Je suis l’Eternel ”.
Notes
(1) Cette lettre est adressée à une femme. Voir le Likouteï Si’hot, tome 32, à la page 257.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°8731.
(3) Le Rabbi souligne les mots : “ chaque instant ”, “ sainte ”, “ saint Chabbat ”, “ en plus ”, “ garde le jour du Chabbat pour le sanctifier ”, “ pas ”, “ Qui sanctifie le Chabbat ”, “ spécifiquement pour d’autres Juifs ”, “ chacun ”, “ tous ”, “ bien évident ”, “ restituerai ”, “ bien clair ” et “ Vous garderez Mes Shabbats ”.
(4) Selon le traité Sanhédrin 37a.
25 Iyar 5724,
Brooklyn, New York,
Je vous bénis et vous salue,
J’ai pris connaissance de votre lettre avec beaucoup d’étonnement et de peine(1). En effet, vous commencez par louer D.ieu parce que vous comptez vous rendre en Erets Israël sur un bateau dans les propriétaires sont juifs, ce qu’à D.ieu ne plaise(2). Le capitaine, les marins, tout l’équipage en service sont juifs, ou bien le sont à 99% et vous m’écrivez que vous formulez le souhaite de faire un bon voyage, par le mérite de nos saints ancêtres ! Je pense qu’il est inutile de vous expliquer la raison de ma grande peine. Toutefois, le contenu de votre lettre me conduit à vous adresser au moins ces quelques lignes, bien que tout ce que l’on pourrait dire sur le sujet ne serait nullement suffisant, compte tenu de la gravité de l’enjeu. L’idée est brièvement la suivante.
Lors d’un voyage sur un tel bateau, chaque passager et, bien entendu, chaque membre de l’équipage transgresse le Chabbat. Bien plus, il le fait publiquement et il prend part à une profanation publique du Nom de D.ieu, face à tous les non juifs qui en ont connaissance. En outre, cela est accompli au nom de tout le peuple juif, dont les manquements, à différentes occasions, ont eu pour effet le comportement et le fonctionnement d’un tel bateau pendant le Chabbat. Il faut ajouter qu’il est rarement donné de transgresser le saint Chabbat publiquement, pendant chaque instant(3) de ses vingt quatre heures, y compris pendant le sommeil ! En effet, le bateau avance également quand on dort, alors qu’en étant sur la terre ferme, quel que soit le mode de vie que l’on a adopté, on ne transgresse pas le Chabbat publiquement pendant qu’on dort !
Ce qui vient d’être dit est vrai quelle que soit la direction prise par le bateau et la date de son départ, dès lors que le voyage inclut les vingt quatre heures du Chabbat. Mais, en l’occurrence, s’ajoute le fait que l’on désire se rendre dans un pays que les non Juifs eux-mêmes qualifient de “ Terre sainte(3) ”, non pas parce que telle est la position des Nations Unies, mais bien en fonction de ce que dit notre sainte Torah, laquelle établit un lien spécifique entre Erets Israël et le respect du Chabbat, comme le précisent plusieurs Sidrot, en particulier celle que nous lirons, par un effet de la divine Providence, ce saint Chabbat(3). Ce qui vient d’être est, malheureusement, un vrai désastre. Néanmoins, le voyage auquel vous faites allusion présente encore un autre aspect négatif. En plus(3) des deux ou trois Shabbats qui seront malheureusement transgressés en public, selon ce qui vient d’être dit, il y aura aussi la transgression publique des deux jours de Chavouot, la fête du don des dix Commandements, révélés avec la plus grande puissance, comme le relate le Midrash. Or, l’un de ces dix Commandements est : “ Garde le jour du Chabbat pour le sanctifier ”(3). Cependant, on vit une époque en laquelle se passent toutes sortes de faits incroyables. Un événement comme celui qui vient d’être décrit peut donc se produire sans que personne ne dise rien.
Bien entendu, je sais que certains ont pris une responsabilité, ne sachant pas(3) eux-mêmes comment l’on conduit un bateau, mais se considérant néanmoins comme de grands experts en la matière et ils ont autorisé cette transgression publique du Chabbat, au nom de tout le peuple d’Israël. Bien plus, d’après ce que l’on raconte, il y a, sur ce bateau, pendant le Chabbat, un Juif portant un Talith et priant D.ieu Qui sanctifie le Chabbat(3), en sachant qu’au même moment, les machines sont allumées et conduites par des Juifs, des télégrammes sont rédigés, des communiqués sont émis, on cuisine, on lave et tout cela est réalisé par des Juifs, spécifiquement pour d’autres Juifs(3) ! Or, chacun(3) des passagers en profite, de même que de l’électricité, de l’eau, de tous(3) les besoins que l’on satisfait en transgressant le Chabbat !
Il est tout aussi évident que notre sainte Torah n’en est pas modifiée pour autant, car elle est immuable et D.ieu l’a donnée au peuple juif. Elle ne peut donc pas changer. Nos Sages, dont la mémoire est une bénédiction, affirment qu’un Juif n’a jamais le droit de se décourager. Je ne perds donc pas l’espoir que vous-même et de très nombreux autres Juifs ne transgresserez pas le Chabbat et la fête publiquement, que vous annulerez ce voyage. Grand est le mérite du Chabbat qui vous apportera de longs jours, de bonnes années et, avant tout, le point le plus essentiel, une satisfaction véritable, juive, émanant de la Torah, de tous vos enfants et de vos petits-enfants. Avec ma bénédiction afin de me donner de bonnes nouvelles de tout ce qui vient d’être dit,
Si une annulation aussi tardive de ce voyage entraîne une perte financière, il est bien évident(3) que je vous restituerai(3) intégralement cette somme, compte tenu de la gravité de l’interdiction qui est ainsi transgressée en public et je vous remercierai même chaleureusement pour cette occasion qui me sera ainsi offerte de sauver une âme juive d’un tel malheur. En outre, on évitera, de cette façon, que certains puissent se dire que, si vous participez à ce voyage, il ne fait pas de doute que cela est permis. Peut-être, de la sorte, n’effectueront-ils pas ce voyage. Et, l’on sait que sauver un seul Juif est comparé à sauver le monde entier(4).
Vous joignez à votre lettre un chèque pour la Tsedaka, à l’occasion de votre voyage. C’est la première fois de ma vie, et j’espère que je n’aurai pas à le refaire, que je dois restituer un tel chèque. En effet, il est bien clair(3) que je ne peux pas entrer en relation avec ce qui aboutit à une transgression publique du Chabbat. Bien plus, vous formulez le vœu que cette Tsedaka vienne en aide à cette transgression du Chabbat, ce qu’à D.ieu ne plaise ! Le chèque vous est donc restitué par la présente. J’espère que vous accepterez ce que je vous dis, conformément à la Sidra de cette semaine, qui dit : “ Vous garderez Mes Shabbats(3), Je suis l’Eternel ”.
Notes
(1) Cette lettre est adressée à une femme. Voir le Likouteï Si’hot, tome 32, à la page 257.
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°8731.
(3) Le Rabbi souligne les mots : “ chaque instant ”, “ sainte ”, “ saint Chabbat ”, “ en plus ”, “ garde le jour du Chabbat pour le sanctifier ”, “ pas ”, “ Qui sanctifie le Chabbat ”, “ spécifiquement pour d’autres Juifs ”, “ chacun ”, “ tous ”, “ bien évident ”, “ restituerai ”, “ bien clair ” et “ Vous garderez Mes Shabbats ”.
(4) Selon le traité Sanhédrin 37a.