Lettre n° 8885
Par la grâce de D.ieu,
jours de Seli’hot 5724,
Brooklyn, New York,
A l’attention de monsieur Kaddish Louz,
dans la ville sainte de Jérusalem,
puisse-t-elle être restaurée et rebâtie,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai appris, avec plaisir, par les hommes de Kfar ‘Habad(1), que vous avez visité cet endroit et que vous avez été impressionné par ses institutions. Vous avez toujours eu un contact positif avec les hommes de ‘Habad et je suis sûr que vous continuerez à le faire, à l’avenir, bien plus que vous renforcerez tout cela, dans la mesure du possible, en fonction du développement de Kfar ‘Habad et de ce qui le concerne. Selon un principe établi, en effet, un ajout est nécessaire en tous les domaines du bien et “ l’on connaît l’élévation dans la sainteté ”(2). Bien plus, votre situation vous ouvre des opportunités spécifiques et tout est effet de la divine Providence.
A l’occasion de la nouvelle année, qui arrive, pour nous et pour tout Israël, pour le bien et pour la bénédiction, j’adresse, par la présente, ma bénédiction à vous-même et à tous les vôtres, afin que vous soyez inscrits et scellés pour une bonne et douce année, matériellement et spirituellement. Avec mes respects et ma large bénédiction,
J’ai bien reçu votre livre : “ Les pierres de la route ” et je vous prie d’excuser le retard avec lequel je vous en accuse réception. Celui-ci est dû à plusieurs raisons. Je vous remercie d’avoir pensé à me l’envoyer. La création d’un homme, pour une large part, est le reflet de son auteur. Bien plus, en l’occurrence, certains chapitres de ce livre sont autobiographiques. Quand on se trouve à distance, il y a bien là un moyen de faire personnellement connaissance avec l’auteur d’un ouvrage. J’ai l’habitude de penser, quand quelqu’un m’envoie un livre qu’il a écrit, qu’il ne me l’a pas adressé en vain, mais qu’il attend sûrement de moi que je consulte cet ouvrage et, si j’ai des remarques à formuler, qu’il les acceptera avec bienveillance, même si je n’ai pas la même vision du monde que lui. En conséquence, je me permettrai de faire ici quelques réflexions sur votre livre, en particulier sur son thème profond, la forme que doit prendre la société et sa vie, puisque c’est à cela que vous consacrez cet ouvrage.
J’espère que vous conviendrez avec moi que la formation d’une société n’est pas un but en soi, un objectif en dernière instance. Sa finalité est de rendre possible un mode de vie convenable et souhaitable, par les efforts conjugués de tous. En apparence, la société établit l’équivalence du petit et du grand, ce qui, de fait, va à l’encontre de la nature humaine. En effet, “ tous comme les visages sont différents, les opinions sont différentes également ”(3). De ce fait, l’individu trouve la satisfaction et la plénitude quand il peut mettre en pratique tous les potentiels dont il dispose, dans la plus large part, pas autant dans les domaines communs, qu’il partage avec tous les membres de la société, que dans ce qui le concerne à titre personnel et lui permet de se distinguer de ses amis, de son entourage. C’est bien là que se trouve la quintessence de son être. Pour autant, l’homme n’a pas une nature solitaire(4) et il n’est pas bon qu’il soit seul. Il recherche la vie en société et c’est par son intermédiaire, avec son aide, qu’il obtient la plénitude.
Si l’on admet ce principe, la vie en société revêt, d’une part, une grande importance, puisqu’elle est le cadre permettant la collaboration de plusieurs personnes, qui obtiennent ainsi de larges acquis, dépassant, bien évidemment, l’addition de ce que chacun peut accomplir à titre individuel. On sait(5), en effet, que l’action conjointe de deux personnes est bien plus du double de ce que chacun peut réaliser à titre personnel. Un autre aspect positif de la société est la disparition de la jalousie et de la compétition malsaine qui, bien souvent, détériorent les relations entre les hommes, alors que, bien au contraire, une action collective rapproche les cœurs. Pour autant, la société n’a pas pour objectif de supprimer complètement toute compétition. En effet, un homme redouble d’effort et il cherche à avancer, à se servir de toutes ses forces, avec empressement, précisément lorsqu’il est appelé à relever un défi et à entrer en compétition. La société doit donc se servir de cet antagonisme naturel afin d’en tirer un plus large acquis. En d’autres termes, dans une société individualiste, la rivalité commence avec les besoins les plus premiers, les plus matériels et grossiers. Selon les termes de nos Sages(6), “ si l’on ne craignait pas les autorités ”, c’est-à-dire, en l’occurrence, les impératifs de la société, “ un homme avalerait son prochain tout cru ”. Au sein d’une société constituée, par contre, ceci peut avoir pour effet d’obtenir un plus large acquis, allant bien au-delà des besoins premiers ou encore concernant un stade plus élevé, la vie de l’esprit.
Il résulte de tout cela que l’existence de la société et sa vie ne sont pas, par elles-mêmes, une finalité et un acquis, mais seulement une étape, une phase préparatoire, un moyen de développer l’individualité et l’aspect personnel de chacun, de les révéler de la meilleure façon et le plus largement. Mais, cette valeur fondamentale de la société n’intervient pas après que la vie, en son sein, ait d’ores et déjà été pleinement organisée, qu’il ne reste plus qu’à décider concrètement de quelle manière se servir des forces accrues et mettre pleinement en évidence, chez chacun, ses aptitudes et ses qualités. En fait, elle doit se manifester dès la constitution de la société, car, bien souvent, et même la plupart du temps, le simple fait qu’il existe une vie de la société suscite, comme on l’a dit, des oppositions profondes contre l’ordre établi, lequel s’efforce de faire disparaître l’homme en tant qu’individu pour n’en faire qu’un élément de l’ensemble, en l’occurrence de la société. A l’opposé, lorsque l’individu a conscience qu’il n’y a là qu’une étape de son développement, qu’un moyen d’accroître ses capacités afin qu’il parvienne à des réalisations personnelles beaucoup plus larges, en le libérant des tracas inhérents aux étapes inférieures, en lui permettant de satisfaire plus facilement ses besoins premiers, sans gaspiller ses forces et son temps, grâce à l’action conjointe qui est induite par la société, non seulement il supprime complètement son opposition naturelle, mais bien plus, il s’enthousiasme et il assume pleinement, avec abnégation, son rôle au sein de cette société.
Ce qui vient d’être dit concerne non seulement le succès de la société, en général, mais aussi le contenu de la vie qu’elle propose et la manière d’y vivre. Vous abordez ces points dans votre livre. C’est le cas, par exemple, des relations entre les parents et les enfants, domaine dans lequel le tort peut surpasser l’intérêt. Ces relations appartiennent à la partie “ spirituelle ” de la personnalité humaine, en laquelle la liberté de l’individu est primordiale et fondamentale. Une autre idée est importante également, à mon sens, c’est la différence de mentalité et de relation avec le groupe que l’on peut constater entre les fondateurs de la société, d’une part, ceux qui sont nés en son sein, d’autre part. Les premiers ou encore ceux qui sont arrivés dans une société de laquelle ils étaient relativement proches peuvent concevoir de la satisfaction morale de leur parcours, en constatant, comme vous l’écrivez, qu’ils proviennent d’un mode de vie radicalement différent, d’un milieu ayant une conception de la vie opposée. Ceux-là ont construit la société au prix d’un grand effort, en consentant à des sacrifices et à des mortifications. Le résultat obtenu a, pour eux, d’autant plus de valeur et d’importance. A l’opposé, ceux qui sont nés dans la société ou y ont grandi considèrent son mode de vie comme naturel. Pour ce qui les concerne, il est clair que les limites de la vie au sein de la société, précédemment définies, apparaissent beaucoup plus clairement que ses aspects positifs. Ceci peut engendrer en eux une insatisfaction morale ou même une révolte, en tout état de cause des frictions avec ceux qui leur imposent l’ordre de la société. En la matière également, il est utile de la présenter uniquement comme un étape, comme une phase préparatoire.
Tel est donc le fond du problème posé et, de fait, je ne lui trouve pas de réponse dans votre livre : que fixera-t-on à la génération née au sein de la société comme objectif ou comme idéal qu’elle voudra atteindre, consentant pour cela à l’effort et au sacrifice qui sont imposés par la vie de cette société ? Dernier point, il va sans dire que j’ai lu avec intérêt les “ chapitres de la vie ” figurant à la fin de votre ouvrage et, là encore, je me permettrai de formuler une remarque. Il est dommage et regrettable que vous n’ayez pas inclus dans ces notes autobiographiques, une description de la “ source ”, qui vous a conduit à mettre une Kippa lorsque vous avez lu des versets du Tana’h devant la Knesset. Bien plus, vous deviez savoir d’emblée qu’il y aurait une réaction de la part de la gauche, que cette réaction serait négative. Vous l’avez fait, malgré cela et le fondement de votre attitude se trouve, à n’en pas douter, dans le début de votre vie, par exemple dans la maison de votre père ou dans celle de votre grand-père.
Les Juifs ont l’usage de lier les sujets dont ils traitent avec la période de l’année et, en particulier, avec les fêtes. En l’occurrence, nos Sages soulignent, à propos de Roch Hachana, le rôle de l’homme, à titre individuel. Cela fut vrai pour le premier Roch Hachana, lorsque D.ieu créa le premier homme, mais l’est aussi, comme le soulignent nos Sages, parce que : “ l’homme fut créé seul afin de t’enseigner qu’une seule âme est comme un monde entier ”, en chaque génération et en tout endroit. Puis, ils poursuivent leur explication en précisant que nul n’est identique à l’autre et “ de ce fait, chacun est tenu de dire : le monde a été créé pour moi ”. En d’autres termes, c’est précisément parce qu’un homme n’est pas identique à son prochain qu’il doit être considéré comme un monde entier, selon la fin du quatrième chapitre du traité Sanhédrin. Ceci est également le thème central de ma lettre de Roch Hachana(7), que vous trouverez ci-jointe. J’espère qu’elle vous intéressera.
Notes
(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 33, à la page 243.
(2) Selon le traité Bera’hot 28a.
(3) Selon le traité Sanhédrin 38a.
(4) Voir le Guide des égarés, tome 2, au chapitre 40 et tome 3, au chapitre 27.
(5) Selon le traité Sotta 34a.
(6) Dans le traité Avot, chapitre 3, à la Michna 2.
(7) Il s’agit de la lettre suivante.
jours de Seli’hot 5724,
Brooklyn, New York,
A l’attention de monsieur Kaddish Louz,
dans la ville sainte de Jérusalem,
puisse-t-elle être restaurée et rebâtie,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai appris, avec plaisir, par les hommes de Kfar ‘Habad(1), que vous avez visité cet endroit et que vous avez été impressionné par ses institutions. Vous avez toujours eu un contact positif avec les hommes de ‘Habad et je suis sûr que vous continuerez à le faire, à l’avenir, bien plus que vous renforcerez tout cela, dans la mesure du possible, en fonction du développement de Kfar ‘Habad et de ce qui le concerne. Selon un principe établi, en effet, un ajout est nécessaire en tous les domaines du bien et “ l’on connaît l’élévation dans la sainteté ”(2). Bien plus, votre situation vous ouvre des opportunités spécifiques et tout est effet de la divine Providence.
A l’occasion de la nouvelle année, qui arrive, pour nous et pour tout Israël, pour le bien et pour la bénédiction, j’adresse, par la présente, ma bénédiction à vous-même et à tous les vôtres, afin que vous soyez inscrits et scellés pour une bonne et douce année, matériellement et spirituellement. Avec mes respects et ma large bénédiction,
J’ai bien reçu votre livre : “ Les pierres de la route ” et je vous prie d’excuser le retard avec lequel je vous en accuse réception. Celui-ci est dû à plusieurs raisons. Je vous remercie d’avoir pensé à me l’envoyer. La création d’un homme, pour une large part, est le reflet de son auteur. Bien plus, en l’occurrence, certains chapitres de ce livre sont autobiographiques. Quand on se trouve à distance, il y a bien là un moyen de faire personnellement connaissance avec l’auteur d’un ouvrage. J’ai l’habitude de penser, quand quelqu’un m’envoie un livre qu’il a écrit, qu’il ne me l’a pas adressé en vain, mais qu’il attend sûrement de moi que je consulte cet ouvrage et, si j’ai des remarques à formuler, qu’il les acceptera avec bienveillance, même si je n’ai pas la même vision du monde que lui. En conséquence, je me permettrai de faire ici quelques réflexions sur votre livre, en particulier sur son thème profond, la forme que doit prendre la société et sa vie, puisque c’est à cela que vous consacrez cet ouvrage.
J’espère que vous conviendrez avec moi que la formation d’une société n’est pas un but en soi, un objectif en dernière instance. Sa finalité est de rendre possible un mode de vie convenable et souhaitable, par les efforts conjugués de tous. En apparence, la société établit l’équivalence du petit et du grand, ce qui, de fait, va à l’encontre de la nature humaine. En effet, “ tous comme les visages sont différents, les opinions sont différentes également ”(3). De ce fait, l’individu trouve la satisfaction et la plénitude quand il peut mettre en pratique tous les potentiels dont il dispose, dans la plus large part, pas autant dans les domaines communs, qu’il partage avec tous les membres de la société, que dans ce qui le concerne à titre personnel et lui permet de se distinguer de ses amis, de son entourage. C’est bien là que se trouve la quintessence de son être. Pour autant, l’homme n’a pas une nature solitaire(4) et il n’est pas bon qu’il soit seul. Il recherche la vie en société et c’est par son intermédiaire, avec son aide, qu’il obtient la plénitude.
Si l’on admet ce principe, la vie en société revêt, d’une part, une grande importance, puisqu’elle est le cadre permettant la collaboration de plusieurs personnes, qui obtiennent ainsi de larges acquis, dépassant, bien évidemment, l’addition de ce que chacun peut accomplir à titre individuel. On sait(5), en effet, que l’action conjointe de deux personnes est bien plus du double de ce que chacun peut réaliser à titre personnel. Un autre aspect positif de la société est la disparition de la jalousie et de la compétition malsaine qui, bien souvent, détériorent les relations entre les hommes, alors que, bien au contraire, une action collective rapproche les cœurs. Pour autant, la société n’a pas pour objectif de supprimer complètement toute compétition. En effet, un homme redouble d’effort et il cherche à avancer, à se servir de toutes ses forces, avec empressement, précisément lorsqu’il est appelé à relever un défi et à entrer en compétition. La société doit donc se servir de cet antagonisme naturel afin d’en tirer un plus large acquis. En d’autres termes, dans une société individualiste, la rivalité commence avec les besoins les plus premiers, les plus matériels et grossiers. Selon les termes de nos Sages(6), “ si l’on ne craignait pas les autorités ”, c’est-à-dire, en l’occurrence, les impératifs de la société, “ un homme avalerait son prochain tout cru ”. Au sein d’une société constituée, par contre, ceci peut avoir pour effet d’obtenir un plus large acquis, allant bien au-delà des besoins premiers ou encore concernant un stade plus élevé, la vie de l’esprit.
Il résulte de tout cela que l’existence de la société et sa vie ne sont pas, par elles-mêmes, une finalité et un acquis, mais seulement une étape, une phase préparatoire, un moyen de développer l’individualité et l’aspect personnel de chacun, de les révéler de la meilleure façon et le plus largement. Mais, cette valeur fondamentale de la société n’intervient pas après que la vie, en son sein, ait d’ores et déjà été pleinement organisée, qu’il ne reste plus qu’à décider concrètement de quelle manière se servir des forces accrues et mettre pleinement en évidence, chez chacun, ses aptitudes et ses qualités. En fait, elle doit se manifester dès la constitution de la société, car, bien souvent, et même la plupart du temps, le simple fait qu’il existe une vie de la société suscite, comme on l’a dit, des oppositions profondes contre l’ordre établi, lequel s’efforce de faire disparaître l’homme en tant qu’individu pour n’en faire qu’un élément de l’ensemble, en l’occurrence de la société. A l’opposé, lorsque l’individu a conscience qu’il n’y a là qu’une étape de son développement, qu’un moyen d’accroître ses capacités afin qu’il parvienne à des réalisations personnelles beaucoup plus larges, en le libérant des tracas inhérents aux étapes inférieures, en lui permettant de satisfaire plus facilement ses besoins premiers, sans gaspiller ses forces et son temps, grâce à l’action conjointe qui est induite par la société, non seulement il supprime complètement son opposition naturelle, mais bien plus, il s’enthousiasme et il assume pleinement, avec abnégation, son rôle au sein de cette société.
Ce qui vient d’être dit concerne non seulement le succès de la société, en général, mais aussi le contenu de la vie qu’elle propose et la manière d’y vivre. Vous abordez ces points dans votre livre. C’est le cas, par exemple, des relations entre les parents et les enfants, domaine dans lequel le tort peut surpasser l’intérêt. Ces relations appartiennent à la partie “ spirituelle ” de la personnalité humaine, en laquelle la liberté de l’individu est primordiale et fondamentale. Une autre idée est importante également, à mon sens, c’est la différence de mentalité et de relation avec le groupe que l’on peut constater entre les fondateurs de la société, d’une part, ceux qui sont nés en son sein, d’autre part. Les premiers ou encore ceux qui sont arrivés dans une société de laquelle ils étaient relativement proches peuvent concevoir de la satisfaction morale de leur parcours, en constatant, comme vous l’écrivez, qu’ils proviennent d’un mode de vie radicalement différent, d’un milieu ayant une conception de la vie opposée. Ceux-là ont construit la société au prix d’un grand effort, en consentant à des sacrifices et à des mortifications. Le résultat obtenu a, pour eux, d’autant plus de valeur et d’importance. A l’opposé, ceux qui sont nés dans la société ou y ont grandi considèrent son mode de vie comme naturel. Pour ce qui les concerne, il est clair que les limites de la vie au sein de la société, précédemment définies, apparaissent beaucoup plus clairement que ses aspects positifs. Ceci peut engendrer en eux une insatisfaction morale ou même une révolte, en tout état de cause des frictions avec ceux qui leur imposent l’ordre de la société. En la matière également, il est utile de la présenter uniquement comme un étape, comme une phase préparatoire.
Tel est donc le fond du problème posé et, de fait, je ne lui trouve pas de réponse dans votre livre : que fixera-t-on à la génération née au sein de la société comme objectif ou comme idéal qu’elle voudra atteindre, consentant pour cela à l’effort et au sacrifice qui sont imposés par la vie de cette société ? Dernier point, il va sans dire que j’ai lu avec intérêt les “ chapitres de la vie ” figurant à la fin de votre ouvrage et, là encore, je me permettrai de formuler une remarque. Il est dommage et regrettable que vous n’ayez pas inclus dans ces notes autobiographiques, une description de la “ source ”, qui vous a conduit à mettre une Kippa lorsque vous avez lu des versets du Tana’h devant la Knesset. Bien plus, vous deviez savoir d’emblée qu’il y aurait une réaction de la part de la gauche, que cette réaction serait négative. Vous l’avez fait, malgré cela et le fondement de votre attitude se trouve, à n’en pas douter, dans le début de votre vie, par exemple dans la maison de votre père ou dans celle de votre grand-père.
Les Juifs ont l’usage de lier les sujets dont ils traitent avec la période de l’année et, en particulier, avec les fêtes. En l’occurrence, nos Sages soulignent, à propos de Roch Hachana, le rôle de l’homme, à titre individuel. Cela fut vrai pour le premier Roch Hachana, lorsque D.ieu créa le premier homme, mais l’est aussi, comme le soulignent nos Sages, parce que : “ l’homme fut créé seul afin de t’enseigner qu’une seule âme est comme un monde entier ”, en chaque génération et en tout endroit. Puis, ils poursuivent leur explication en précisant que nul n’est identique à l’autre et “ de ce fait, chacun est tenu de dire : le monde a été créé pour moi ”. En d’autres termes, c’est précisément parce qu’un homme n’est pas identique à son prochain qu’il doit être considéré comme un monde entier, selon la fin du quatrième chapitre du traité Sanhédrin. Ceci est également le thème central de ma lettre de Roch Hachana(7), que vous trouverez ci-jointe. J’espère qu’elle vous intéressera.
Notes
(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 33, à la page 243.
(2) Selon le traité Bera’hot 28a.
(3) Selon le traité Sanhédrin 38a.
(4) Voir le Guide des égarés, tome 2, au chapitre 40 et tome 3, au chapitre 27.
(5) Selon le traité Sotta 34a.
(6) Dans le traité Avot, chapitre 3, à la Michna 2.
(7) Il s’agit de la lettre suivante.