Lettre n° 8893

Par la grâce de D.ieu,
30 Tichri 5725,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre de ce lundi(1), dans laquelle vous me parlez d’une jeune fille qui a rencontré un non juif. Après qu’ils aient échangé de nombreux propos et que se soit écoulée une longue période, ce non juif a exprimé le souhait de se convertir, de la manière qui convient et, bien évidemment, de s’engager à mettre en pratique les Mitsvot. Vous vous demandez de quelle manière vous devez considérer cette proposition, puisque sa motivation première est la rencontre de cette jeune fille. De façon générale, mon propos n’est pas de trancher la Hala’ha. En outre, dans une grande ville comme New York, nombreux sont ceux qui sont en mesure de le faire. Néanmoins, puisque vous m’avez écrit, je proposerai une explication, dans les lignes ci-après, qui ne doit cependant pas être considérée comme une décision hala’hique tranchée.

Vous semblez indiquez que la relation qui s’est instaurée entre eux est très forte. Dès lors, qui sait ? A l’opposé, même dans un cas où la conversion ne pose aucun problème, on se souvient de ce que disent nos Sages(2), à propos d’un écart(3). En la matière, on doit tenir compte également du dénigrement qui pourra en résulter pour la famille. La meilleure solution, en l’occurrence, est donc la suivante. D’après vous, le désir de conversion de ce non juif est sincère. Il admettra donc qu’il n’est pas en mesure d’évaluer le poids exercé par les Mitsvot sur son existence quotidienne, tant qu’il n’a pas fait un essai concret. En outre, il reconnaît lui-même que le début de son approche n’a pas été désintéressé. Il ne peut donc pas être objectif dans l’évaluation qu’il fait de sa propre personne et il ne sait pas s’il sera réellement en mesure de mettre tout cela en pratique.

La meilleure proposition est donc celle-ci. Qu’il adopte, tout d’abord, un comportement quotidien conforme au Choul’han Arou’h, pendant un certain temps. Durant toute cette période, lui-même et la jeune fille ne seront pas troublés, car ils éviteront de se rencontrer. Mieux encore, ils ne resteront pas dans la même ville. A l’issue de cet essai, il pourra prendre une décision, savoir s’il est capable ou non de vivre en conformité avec la Loi de Moché et d’Israël. Entre temps, il serait bon de faire en sorte que la jeune fille se rende, par exemple en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. De la sorte, comme je l’ai dit, chacun pourra déterminer son intention véritable, en la matière. Conformément à votre demande, la présente vous est adressée en passant outre à la file d’attente. Avec mes respects et ma bénédiction,

Notes

(1) Cette lettre est adressée à un Rav.
(2) Dans le traité Baba Metsya 59b.
(3) “ L’écart, de la part des convertis, est amer ”.