Lettre n° 8896

Par la grâce de D.ieu,
6 Mar’hechvan 5725,
Brooklyn, New York,

A l’attention du distingué et agréable‘Hassid, élu du peuple,
qui le surpasse, recherche le bien de son peuple, a des
comportements généreux, est issu d’une illustre famille,
le Rav Chnéor Zalman(1) Chlita,

Je vous salue et vous bénis,

Je viens d’apprendre par la presse(2) que votre frère a été autorisé a quitter son pays(3) et qu’il s’installe désormais en notre Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. Il semble que ceci fasse suite à l’information que vous me communiquiez dans votre précédent courrier. En conséquence, je vous adresse, à ce propos, ma bénédiction de Mazal Tov, car la joie de chaque Juif est celle de toute la communauté. Bien plus, une âme juive est à elles seule un monde entier(4). C’est l’une des raisons pour lesquelles l’homme fut créé unique.

Puisse donc D.ieu faire que nous allions de la délivrance de l’individu vers celle de la communauté. La sortie de votre frère préparera l’ouverture des portes de ce pays, une ouverture large et imminente, grâce aux bienfaits de D.ieu, qui ne cessent pas. Et, pour passer d’une nouvelle à une autre, je vous communique une information réjouissante émanant d’ici. Le Séfer Ha Maamarim Admour Hazaken 5562(5) est enfin paru. Il vous a été adressé, par envoi séparé.

Il me semble que, lorsque je vous en ai montré le manuscrit, je vous ai signalé son caractère particulier. En effet, ces discours sont ceux de l’Admour Hazaken, mais l’auteur du manuscrit est l’Admour Haémtsahi(6). Ce manuscrit se trouvait dans la possession du Tséma’h Tsédek, qui atteste de son authenticité et qui en a corrigé différents passages, ce qui établit son exactitude. Je suis empli de crainte et de terreur à l’idée d’émettre un avis tranché sur la ‘Hassidout, a fortiori sur les discours de l’Admour Hazaken, dont le Tséma’h Tsédek lui-même, qui avait un cœur de lion, disait : “ Ses voies sont éloignés des nôtres comme l’est le Saint des Saints de l’endroit le plus profane ”, selon le Tséma’h Tsédek, Yoré Déa, chapitre 63, au paragraphe 8. Ceci est vrai pour ses commentaires de la partie révélée de la Torah et, a fortiori, pour ceux de sa dimension profonde. Si ce n’était cette crainte, je dirais que la retranscription de plusieurs discours du Séfer Ha Maamarim 5562 est plus adaptée, plus fidèle que celle des textes du Likouteï Torah, bien que ces derniers aient été publiés du vivant du Tséma’h Tsédek et vraisemblablement sous sa responsabilité. Mais, quand il édita le Likouteï Torah, le Tséma’h Tsédek ne disposait peut-être pas de ce manuscrit.

Vous avez sûrement reçu, en leur temps, mes précédents courriers, de même que le Séfer Ha Si’hot 5702(7), que je vous ai transmis par l’intermédiaire du rabbin de ‘Haïfa, le Rav David Assaf, lors de sa visite ici, puisqu’il est désormais rentré en Terre Sainte, puisse-t-elle être restaurée et rebâtie. A ce propos, je souhaitais ne pas vous faire perdre de temps, car je sais que vous avez de nombreuses occupations et j’hésitais donc à demander au Rav Assaf de vous apporter personnellement ce livre(8), mais je n’ai pas pu lui demander de ne pas le faire, surtout après qu’il m’ait montré l’acrostiche ‘Habad, ‘Ho’hma, Bina et Daat(9), figurant dans les propos du grand maître, le Rambam, dans son Michné Torah, en ses lois des fondements de la Torah, chapitre 2, au paragraphe 2. Celui-ci tranche, en effet, la Hala’ha selon laquelle il est nécessaire d’apprendre les fondements de la Torah et d’y méditer, par ses forces de ‘Ho’hma, de Bina et de Daat. Bien plus, ajoute-t-il, c’est uniquement de cette manière que l’on peut mettre en pratique les Mitsvot, de manière concrète. Voici ce qu’il explique, d’une manière claire et précise : “ Comment peut-on aimer D.ieu et Le craindre ? Pour cela, un homme doit méditer, observer Sa ‘Ho’hma, être animé d’un grand désir de connaître, Daat, Son grand Nom ”.

On sait que le Rambam, dans cet ouvrage, est particulièrement précis, a fortiori quand il s’agit de fondements de la Torah. En l’occurrence, il dit : “ Comment peut-on ? ” et l’on doit en déduire qu’il n’y a aucun autre moyen de parvenir à aimer D.ieu et à Le craindre. En outre, le Rambam introduit son propos en précisant que l’amour et la crainte de D.ieu sont des Mitsvot de la Torah, mais aussi, comme il l’indique lui-même aussitôt, les fondements de la pratique des Mitsvot. Avec mes respects et ma bénédiction,

Notes

(1) C. Z. Chazar, président d’Erets Israël. Voir, à son sujet, la lettre n°8682.
(2) Voir le Likouteï Si’hot, tome 10, à la page 235.
(3) La Russie soviétique.
(4) Selon le traité Sanhédrin 37a.
(5) 1801-1802.
(6) Voir l’introduction des discours de l’Admour Hazaken dans le Séfer Ha Maamarim Admour Hazaken 5562, tome 1 et la liste des discours de 5562 dans le Séfer Ha Maamarim Admour Hazaken 5562, tome 2, à la page 663.
(7) 1941-1942, du Rabbi Rayats.
(8) Imposant ainsi au président Chazar l’obligation de le recevoir.
(9) Les trois forces de l’intellect.