Lettre n° 8899
Par la grâce de D.ieu,
14 Mar’hechvan 5725,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se
consacre aux besoins communautaires, aux multiples
connaissances, le Rav C. Y.(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre du 6 Mar’hechvan, avec ce qui y était joint(2). Je vous adresse une copie de la lettre que j’envoie à cette personne(3), dans laquelle je fais également allusion au problème de Mana’hat, que vous devez connaître. S’agissant du comité qui a été désigné(4), je n’ai pas pu accuser réception jusqu’à maintenant de l’information qui m’a été donnée, à ce sujet, du fait des nombreuses activités du mois de Tichri.
Concrètement, je me pose la question suivante. L’un des membres de ce comité est le frère d’un des directeurs, ce qui ne semble pas convenable. Certes, j’ai fait sa connaissance, quand il se trouvait ici et j’ai pu constater que c’est un homme droit, mais une telle manière d’agir n’en reste pas moins surprenante. Un autre point suscite également l’étonnement le plus fort et peut-être même encore plus que cela : vous-même ne faites pas partie de ce comité ! Certes, il ne vous appartient pas de désigner les enseignants, surtout d’après mon opinion personnelle selon laquelle la Mitsva que vous devez mettre en pratique de la manière la plus scrupuleuse est spécifiquement la publication de l’Encyclopédie talmudique, comme je vous l’ai maintes fois écrit(5). Malgré tout cela, vous devez, à mon sens, faire partie de ce comité et y posséder une voix prépondérante, lorsque ses quatre autres membres ne parviennent pas à se départager. Mais, en fait, des deux questions que je viens de poser, l’une apporte la réponse à l’autre, d’une manière agréable et respectueuse. Je m’en remets donc à votre entendement pour déterminer s’il est nécessaire de révéler que cette remarque émane de moi ou bien s’il faut dire, plus diplomatiquement, que la nécessité du changement ne provient pas d’ici. En fait, les raisons invoquées sont très claires et il n’y a donc pas lieu, il n’est pas nécessaire de préciser qu’elles viennent de loin, d’un autre continent.
Vous répondez également à ma remarque relative au commentaire du Rambam sur la Michna, au traité Demaï, chapitre 1, à la Michna 2(6). On a expliqué, en effet, que le Rambam avait barré une certaine phrase, d’un trait de plume. Mais, cela ne voulait pas dire qu’il s’agissait d’une erreur. En faut, un certain temps s’est écoulé entre le moment où le Rambam a écrit cette phrase et le moment où il l’a barrée. En effet, toutes(7) les éditions de la Michna portent cette première version et c’est sur la base de cette affirmation qu’est enseignée la signification de cette Michna. Pour l’heure, je n’ai vu personne qui le conteste. Or, selon cette version de la Michna, l’interprétation que donne le Rambam de ce texte est la même que celle de Rachi, reprenant son commentaire du verset(8) : “ J’ai consommé le sacrifice d’expiation en ce jour ”. Celle-ci sera également acceptable pour le Rambam.
Ce qui me conduit à cette conclusion est le désir de ne pas introduire de différence entre le Onen(9) et “ celui qui a un défunt placé devant lui ”(10), par référence au verset(11) : “ Je n’ai pas consommé la dîme en étant Onen ”. Certes, le Yad Ha ‘Hazaka, pour ce qui concerne le Onen, ne fait qu’une seule catégorie de la seconde dîme et de tout ce qui est consacré, en général. Il cite tous les versets correspondants de manière conjointe. Il n’est cependant pas certain que ce soit effectivement le cas, car la seconde dîme n’est pas consacrée. Et, le Rambam cite le verset(11) : “ Je n’ai pas consommé la dîme en étant Onen ” en vertu du principe selon lequel il opte systématiquement pour l’explication la plus simple. Et, ceci peut être rapproché de ce qui est dit dans les propos des derniers Sages, soulignant l’indépendance du statut d’Onen et du deuil, puisque le deuil commence précisément quand on cesse d’être Onen, c’est-à-dire lors de l’enterrement. J’ai donc pensé que l’on pouvait avancer, en se basant sur la version du commentaire de la Michna dont nous disposons(12), la distinction suivante : l’interdiction de la seconde dîme est déduite du verset(11) : “ Je n’ai pas consommé la dîme en étant Onen ”, alors que celle des éléments consacrés est établie par l’autre verset(8) : “ J’ai consommé le sacrifice d’expiation en ce jour ”. Et, cette différence n’est pas clairement faite dans le Yad Ha ‘Hazaka en vertu des principes du Rambam selon lesquels, bien souvent, celui-ci ne fait pas mention des lois présentant une idée nouvelle, qui ne figurent pas dans le Talmud. Avec mes respects et ma bénédiction,
M. Schneerson,
Notes
(1) Le Rav Chlomo Yossef Zevin. Voir, à son sujet, la lettre 8731.
(2) Voir le Likouteï Si’hot, tome 9, à la page 361.
(3) A. Ron. Il s’agit de la lettre n°8897.
(4) Pour régler le conflit entre les deux directeurs d’école. Voir la lettre n°8897.
(5) Voir les lettres n°2373, 6525, 8017* et 8819.
(6) Voir la lettre n°8891.
(7) Le Rabbi souligne le mot : “ toutes ”.
(8) Chemini 10, 19.
(9) Qui vient de perdre un proche et n’a pas encore eu le temps de l’enterrer.
(10) Qui n’a pas encore été enterré, quelle que soit la date du décès.
(11) Tavo 26, 14.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “ On consultera le commentaire du Roch, à la fin du traité Maasser Chéni. Toutefois, on peut penser qu’il adopte intégralement l’avis de Rachi, y compris pour les éléments consacrés ”.
14 Mar’hechvan 5725,
Brooklyn,
Au grand Rav, distingué ‘Hassid qui craint D.ieu et se
consacre aux besoins communautaires, aux multiples
connaissances, le Rav C. Y.(1),
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu votre lettre du 6 Mar’hechvan, avec ce qui y était joint(2). Je vous adresse une copie de la lettre que j’envoie à cette personne(3), dans laquelle je fais également allusion au problème de Mana’hat, que vous devez connaître. S’agissant du comité qui a été désigné(4), je n’ai pas pu accuser réception jusqu’à maintenant de l’information qui m’a été donnée, à ce sujet, du fait des nombreuses activités du mois de Tichri.
Concrètement, je me pose la question suivante. L’un des membres de ce comité est le frère d’un des directeurs, ce qui ne semble pas convenable. Certes, j’ai fait sa connaissance, quand il se trouvait ici et j’ai pu constater que c’est un homme droit, mais une telle manière d’agir n’en reste pas moins surprenante. Un autre point suscite également l’étonnement le plus fort et peut-être même encore plus que cela : vous-même ne faites pas partie de ce comité ! Certes, il ne vous appartient pas de désigner les enseignants, surtout d’après mon opinion personnelle selon laquelle la Mitsva que vous devez mettre en pratique de la manière la plus scrupuleuse est spécifiquement la publication de l’Encyclopédie talmudique, comme je vous l’ai maintes fois écrit(5). Malgré tout cela, vous devez, à mon sens, faire partie de ce comité et y posséder une voix prépondérante, lorsque ses quatre autres membres ne parviennent pas à se départager. Mais, en fait, des deux questions que je viens de poser, l’une apporte la réponse à l’autre, d’une manière agréable et respectueuse. Je m’en remets donc à votre entendement pour déterminer s’il est nécessaire de révéler que cette remarque émane de moi ou bien s’il faut dire, plus diplomatiquement, que la nécessité du changement ne provient pas d’ici. En fait, les raisons invoquées sont très claires et il n’y a donc pas lieu, il n’est pas nécessaire de préciser qu’elles viennent de loin, d’un autre continent.
Vous répondez également à ma remarque relative au commentaire du Rambam sur la Michna, au traité Demaï, chapitre 1, à la Michna 2(6). On a expliqué, en effet, que le Rambam avait barré une certaine phrase, d’un trait de plume. Mais, cela ne voulait pas dire qu’il s’agissait d’une erreur. En faut, un certain temps s’est écoulé entre le moment où le Rambam a écrit cette phrase et le moment où il l’a barrée. En effet, toutes(7) les éditions de la Michna portent cette première version et c’est sur la base de cette affirmation qu’est enseignée la signification de cette Michna. Pour l’heure, je n’ai vu personne qui le conteste. Or, selon cette version de la Michna, l’interprétation que donne le Rambam de ce texte est la même que celle de Rachi, reprenant son commentaire du verset(8) : “ J’ai consommé le sacrifice d’expiation en ce jour ”. Celle-ci sera également acceptable pour le Rambam.
Ce qui me conduit à cette conclusion est le désir de ne pas introduire de différence entre le Onen(9) et “ celui qui a un défunt placé devant lui ”(10), par référence au verset(11) : “ Je n’ai pas consommé la dîme en étant Onen ”. Certes, le Yad Ha ‘Hazaka, pour ce qui concerne le Onen, ne fait qu’une seule catégorie de la seconde dîme et de tout ce qui est consacré, en général. Il cite tous les versets correspondants de manière conjointe. Il n’est cependant pas certain que ce soit effectivement le cas, car la seconde dîme n’est pas consacrée. Et, le Rambam cite le verset(11) : “ Je n’ai pas consommé la dîme en étant Onen ” en vertu du principe selon lequel il opte systématiquement pour l’explication la plus simple. Et, ceci peut être rapproché de ce qui est dit dans les propos des derniers Sages, soulignant l’indépendance du statut d’Onen et du deuil, puisque le deuil commence précisément quand on cesse d’être Onen, c’est-à-dire lors de l’enterrement. J’ai donc pensé que l’on pouvait avancer, en se basant sur la version du commentaire de la Michna dont nous disposons(12), la distinction suivante : l’interdiction de la seconde dîme est déduite du verset(11) : “ Je n’ai pas consommé la dîme en étant Onen ”, alors que celle des éléments consacrés est établie par l’autre verset(8) : “ J’ai consommé le sacrifice d’expiation en ce jour ”. Et, cette différence n’est pas clairement faite dans le Yad Ha ‘Hazaka en vertu des principes du Rambam selon lesquels, bien souvent, celui-ci ne fait pas mention des lois présentant une idée nouvelle, qui ne figurent pas dans le Talmud. Avec mes respects et ma bénédiction,
M. Schneerson,
Notes
(1) Le Rav Chlomo Yossef Zevin. Voir, à son sujet, la lettre 8731.
(2) Voir le Likouteï Si’hot, tome 9, à la page 361.
(3) A. Ron. Il s’agit de la lettre n°8897.
(4) Pour régler le conflit entre les deux directeurs d’école. Voir la lettre n°8897.
(5) Voir les lettres n°2373, 6525, 8017* et 8819.
(6) Voir la lettre n°8891.
(7) Le Rabbi souligne le mot : “ toutes ”.
(8) Chemini 10, 19.
(9) Qui vient de perdre un proche et n’a pas encore eu le temps de l’enterrer.
(10) Qui n’a pas encore été enterré, quelle que soit la date du décès.
(11) Tavo 26, 14.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “ On consultera le commentaire du Roch, à la fin du traité Maasser Chéni. Toutefois, on peut penser qu’il adopte intégralement l’avis de Rachi, y compris pour les éléments consacrés ”.