Lettre n° 8924
[23 Tévet 5725]
Je considère(1) qu’il est de mon devoir de vous souligner le désastre qui règne en les domaines dont traitent ces chapitres du Choul’han Arou’h, Even Ha Ezer, du fait d’un manque de connaissance de la part des enfants d’Israël, dans leur ensemble. Il est donc certain qu’en faisant largement connaître la gravité d’une telle situation, nombreux seront ceux qui y remédieront, de la manière qui convient. J’attirerai donc votre attention sur quelques points :
A) S’agissant de l’opération de la prostate(2), la quasi-totalité des chirurgiens tranchent, ou sectionnent d’une autre façon, les canaux séminaux. Bien plus, ils commencent à le faire avant même le début de l’opération proprement dite. Or, je me suis entretenu avec plusieurs Rabbanim, enseignant la Hala’ha, qui ne savaient même pas que cela pose problème ! Certes, cette question est traitée à la fin du premier tome du Otsar Ha Posskim, mais seulement dans une note et conjointement à d’autres éléments, mais non comme une rubrique à part entière. De ce fait, très peu nombreux sont ceux qui savent qu’il y a des discussions, en la matière et même ceux qui en ont conscience n’ont pas de conclusion définitive, s’appliquant à l’action concrète.
On peut se demander si la majorité des médecins qui opèrent admettront de ne pas trancher les canaux séminaux. En revanche, il est certain qu’ils accepteront de le faire uniquement à la fin de l’intervention. Toutefois, pour que cet élément soit connu, il est nécessaire de diffuser la conclusion, en lui accordant la place qui lui revient et non en la plaçant à la fin d’un volume, au milieu d’autres points. Cette information doit être donnée en bonne place et peut-être même figurer dans le sommaire et dans l’index analytique. J’ajoute que, si des chirurgiens portent témoignage qu’ils ont réalisé cette intervention sans trancher les canaux et que celle-ci a néanmoins été couronnée de succès, il y a tout lieu de penser que cela influencera d’autres médecins, qui cesseront également de telles incisions. Or, même pour le doute d’un doute, une telle diffusion est justifiée.
B) Pour reprendre ce qui vient d’être dit et y faire suite, on constate, dans de nombreux cas, qu’une testicule n’est pas à sa place et les médecins se chargent alors de la faire descendre dans le scrotum. Un autre traitement permet ensuite de localiser la seconde testicule. Parfois, il arrive, là encore, que l’on opère et, dans ce cas, on transgresse, bien souvent, l’interdiction de la Torah de trancher les parties génitales. Or, ce traitement peut être réalisé d’une autre façon et, souvent, d’une manière permise a priori par la Torah. Mais, les parents ne savent pas qu’il y a un problème et qu’un Rav doit être consulté. Bien plus, certains Rabbanim enseignant la Hala’ha n’ont eux-mêmes pas connaissance de tout cela. Là encore, la publication qui convient, dans le prochain tome, permettra, à n’en pas douter, de surmonter l’obstacle. Il en est de même également pour les traitements liés à une infection du scrotum, si ce n’est que ceux-ci concernent non seulement les enfants, mais aussi les adultes.
C) Il est aussi un autre problème, immédiat et essentiel, bien plus qui, de temps à autre, devient de plus en plus critique, celui de l’adoption des enfants(3). Le nombre de ceux qui souhaitent adopter un enfant va croissant et j’ai observé plusieurs situations en lesquelles des couples respectant scrupuleusement la moindre disposition de nos Sages ne tiennent aucun compte(4) de l’interdiction qui est faite de s’isoler avec ces enfants, de les étreindre et de les embrasser, laquelle s’applique, dans toute sa rigueur, à ceux qui sont adoptés. J’ai vu différents livres et brochures traitant des précautions nécessaires, en pareil cas, pour qu’un frère n’épouse pas sa sœur. D’autres s’interrogent sur l’héritage. Or, toutes ces questions se posent uniquement après quelques années d’adoption, elles ne sont qu’un risque et, bien souvent, n’ont qu’une incidence financière, ce qui n’est pas le cas des interdictions visées ci-dessus, par exemple celle de s’isoler, qui sont des certitudes et se posent de nombreuses années avant que les enfants soient en âge de se marier.
Il est bien clair que ceci doit être distingué du fait d’éduquer chez soi un orphelin ou une orpheline, pratique qui était auparavant courante chez les enfants d’Israël. A l’époque actuelle, en effet, les parents adoptifs veulent cacher à l’enfant qu’ils ne sont pas ses vrais parents. Ils s’efforcent donc, avec le plus grand scrupule, de ne pas faire le moindre geste, de ne prendre aucune initiative qui pourraient susciter le moindre doute dans le cœur de l’enfant adopté. Les parents doivent donc le traiter d’une manière identique aux autres. Bien plus, différentes institutions chargées du placement de ces enfants adoptifs reçoivent d’emblée l’assurance, ou même l’exigent, que l’enfant sera éduqué sans être importuné ou dérangé, ce qui veut dire qu’on le considèrera, jusque dans le moindre détail, comme un véritable fils ou une véritable fille. Puis, les médecins et les psychologues ajoutent qu’une telle relation est indispensable pour que son éducation ne soit pas remise en cause. A des personnes comme vous, il est sûrement inutile d’en dire plus. J’ajoute uniquement que le nombre d’enfants adoptés est beaucoup(4) plus important que ce que l’on imagine ou ce que disent les statisticiens. En effet, une large part des parents adoptifs et, plus encore, des institutions chargés des adoptions, ne veulent aucune publicité, pour différentes raisons(5).
En conséquence, D.ieu fasse que toute diffusion, toute mise en garde sur la gravité de la situation que l’on pourra inclure dans le prochain tome permettent de corriger ce qui doit nécessairement l’être, en la matière. Certes, une telle publication devrait être faite dans le cadre d’un ouvrage qui sera lu par les chefs de famille et par ceux qui souhaitent adopter. Pour autant, il convient de commencer par un recueil comme le Otsar Ha Posskim, en soulignant cette interdiction de la manière qui convient, en montrant que celle-ci est transgressée chaque jour, que, dans les conditions de notre époque, il est pratiquement impossible de s’en préserver, qu’un respect scrupuleux et permanent de ces dispositions est nécessaire, y compris quand les parents adoptifs ont la crainte de D.ieu.
Il est bien évident que la rédaction de Otsar Ha Posskim(6), ouvrage de Hala’ha destinés à ceux qui l’enseignent, pourra demander aux mensuels, aux hebdomadaires, aux différents périodiques, de publier tout cela. Et, l’on peut penser que ces organes accèderont à une telle requête. Je vous adresse mes respects et ma bénédiction afin que D.ieu vous confère le succès en votre mission sacrée, qui consiste à enseigner au peuple de D.ieu la Voie royale, celle du Roi suprême, le Saint béni soit-Il, le chemin de la vie, par des propos dont les conséquences, comme je l’ai dit, se manifesteront jusqu’à la fin des générations.
M. Schneerson,
Notes
(1) Cette lettre est adressée à la direction de la “ Compilation des Décisionnaires ”, Otsar Ha Posskim. Voir cet ouvrage, le Otsar Ha Posskim, Even Ha Ezer, tome 9, paru à Jérusalem, en 5725 (1965), à la page 130, de même que le Likouteï Si’hot, tome 12, aux pages 193 et 212, ou encore le Ha Maor, fascicule n°154, de Tamouz 5725 (1965).
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°7633.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°8700.
(4) Le Rabbi soulignent les mots : “ ne tiennent aucun compte ” et “ beaucoup ”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Tout cela s’applique-t-il également à un homme épousant une femme qui a des filles d’un précédent mari ou bien à une femme épousant un homme qui a des fils d’une précédente épouse ? Il est vrai qu’une telle situation est comparable. Toutefois, comme on l’a dit à propos de l’éducation d’un orphelin, dont nos Sages ont fait l’éloge, on ne cachera pas à l’enfant, dans ce cas, qu’il n’est pas la fille de cet homme ou le fils de cette femme. L’un et l’autre garderont donc leurs distances, car on ne parle pas ici de personnes impies. Il n’en est pas de même, en revanche, pour ce qui fait l’objet de notre propos, puisque l’on s’efforce de le cacher à l’enfant et l’habitude devient une seconde nature ”. Le Rabbi souligne ici les mots : “ on ne cachera pas ” et “ l’on s’efforce ”.
(6) Voir, à ce sujet, la lettre n°8954.
Je considère(1) qu’il est de mon devoir de vous souligner le désastre qui règne en les domaines dont traitent ces chapitres du Choul’han Arou’h, Even Ha Ezer, du fait d’un manque de connaissance de la part des enfants d’Israël, dans leur ensemble. Il est donc certain qu’en faisant largement connaître la gravité d’une telle situation, nombreux seront ceux qui y remédieront, de la manière qui convient. J’attirerai donc votre attention sur quelques points :
A) S’agissant de l’opération de la prostate(2), la quasi-totalité des chirurgiens tranchent, ou sectionnent d’une autre façon, les canaux séminaux. Bien plus, ils commencent à le faire avant même le début de l’opération proprement dite. Or, je me suis entretenu avec plusieurs Rabbanim, enseignant la Hala’ha, qui ne savaient même pas que cela pose problème ! Certes, cette question est traitée à la fin du premier tome du Otsar Ha Posskim, mais seulement dans une note et conjointement à d’autres éléments, mais non comme une rubrique à part entière. De ce fait, très peu nombreux sont ceux qui savent qu’il y a des discussions, en la matière et même ceux qui en ont conscience n’ont pas de conclusion définitive, s’appliquant à l’action concrète.
On peut se demander si la majorité des médecins qui opèrent admettront de ne pas trancher les canaux séminaux. En revanche, il est certain qu’ils accepteront de le faire uniquement à la fin de l’intervention. Toutefois, pour que cet élément soit connu, il est nécessaire de diffuser la conclusion, en lui accordant la place qui lui revient et non en la plaçant à la fin d’un volume, au milieu d’autres points. Cette information doit être donnée en bonne place et peut-être même figurer dans le sommaire et dans l’index analytique. J’ajoute que, si des chirurgiens portent témoignage qu’ils ont réalisé cette intervention sans trancher les canaux et que celle-ci a néanmoins été couronnée de succès, il y a tout lieu de penser que cela influencera d’autres médecins, qui cesseront également de telles incisions. Or, même pour le doute d’un doute, une telle diffusion est justifiée.
B) Pour reprendre ce qui vient d’être dit et y faire suite, on constate, dans de nombreux cas, qu’une testicule n’est pas à sa place et les médecins se chargent alors de la faire descendre dans le scrotum. Un autre traitement permet ensuite de localiser la seconde testicule. Parfois, il arrive, là encore, que l’on opère et, dans ce cas, on transgresse, bien souvent, l’interdiction de la Torah de trancher les parties génitales. Or, ce traitement peut être réalisé d’une autre façon et, souvent, d’une manière permise a priori par la Torah. Mais, les parents ne savent pas qu’il y a un problème et qu’un Rav doit être consulté. Bien plus, certains Rabbanim enseignant la Hala’ha n’ont eux-mêmes pas connaissance de tout cela. Là encore, la publication qui convient, dans le prochain tome, permettra, à n’en pas douter, de surmonter l’obstacle. Il en est de même également pour les traitements liés à une infection du scrotum, si ce n’est que ceux-ci concernent non seulement les enfants, mais aussi les adultes.
C) Il est aussi un autre problème, immédiat et essentiel, bien plus qui, de temps à autre, devient de plus en plus critique, celui de l’adoption des enfants(3). Le nombre de ceux qui souhaitent adopter un enfant va croissant et j’ai observé plusieurs situations en lesquelles des couples respectant scrupuleusement la moindre disposition de nos Sages ne tiennent aucun compte(4) de l’interdiction qui est faite de s’isoler avec ces enfants, de les étreindre et de les embrasser, laquelle s’applique, dans toute sa rigueur, à ceux qui sont adoptés. J’ai vu différents livres et brochures traitant des précautions nécessaires, en pareil cas, pour qu’un frère n’épouse pas sa sœur. D’autres s’interrogent sur l’héritage. Or, toutes ces questions se posent uniquement après quelques années d’adoption, elles ne sont qu’un risque et, bien souvent, n’ont qu’une incidence financière, ce qui n’est pas le cas des interdictions visées ci-dessus, par exemple celle de s’isoler, qui sont des certitudes et se posent de nombreuses années avant que les enfants soient en âge de se marier.
Il est bien clair que ceci doit être distingué du fait d’éduquer chez soi un orphelin ou une orpheline, pratique qui était auparavant courante chez les enfants d’Israël. A l’époque actuelle, en effet, les parents adoptifs veulent cacher à l’enfant qu’ils ne sont pas ses vrais parents. Ils s’efforcent donc, avec le plus grand scrupule, de ne pas faire le moindre geste, de ne prendre aucune initiative qui pourraient susciter le moindre doute dans le cœur de l’enfant adopté. Les parents doivent donc le traiter d’une manière identique aux autres. Bien plus, différentes institutions chargées du placement de ces enfants adoptifs reçoivent d’emblée l’assurance, ou même l’exigent, que l’enfant sera éduqué sans être importuné ou dérangé, ce qui veut dire qu’on le considèrera, jusque dans le moindre détail, comme un véritable fils ou une véritable fille. Puis, les médecins et les psychologues ajoutent qu’une telle relation est indispensable pour que son éducation ne soit pas remise en cause. A des personnes comme vous, il est sûrement inutile d’en dire plus. J’ajoute uniquement que le nombre d’enfants adoptés est beaucoup(4) plus important que ce que l’on imagine ou ce que disent les statisticiens. En effet, une large part des parents adoptifs et, plus encore, des institutions chargés des adoptions, ne veulent aucune publicité, pour différentes raisons(5).
En conséquence, D.ieu fasse que toute diffusion, toute mise en garde sur la gravité de la situation que l’on pourra inclure dans le prochain tome permettent de corriger ce qui doit nécessairement l’être, en la matière. Certes, une telle publication devrait être faite dans le cadre d’un ouvrage qui sera lu par les chefs de famille et par ceux qui souhaitent adopter. Pour autant, il convient de commencer par un recueil comme le Otsar Ha Posskim, en soulignant cette interdiction de la manière qui convient, en montrant que celle-ci est transgressée chaque jour, que, dans les conditions de notre époque, il est pratiquement impossible de s’en préserver, qu’un respect scrupuleux et permanent de ces dispositions est nécessaire, y compris quand les parents adoptifs ont la crainte de D.ieu.
Il est bien évident que la rédaction de Otsar Ha Posskim(6), ouvrage de Hala’ha destinés à ceux qui l’enseignent, pourra demander aux mensuels, aux hebdomadaires, aux différents périodiques, de publier tout cela. Et, l’on peut penser que ces organes accèderont à une telle requête. Je vous adresse mes respects et ma bénédiction afin que D.ieu vous confère le succès en votre mission sacrée, qui consiste à enseigner au peuple de D.ieu la Voie royale, celle du Roi suprême, le Saint béni soit-Il, le chemin de la vie, par des propos dont les conséquences, comme je l’ai dit, se manifesteront jusqu’à la fin des générations.
M. Schneerson,
Notes
(1) Cette lettre est adressée à la direction de la “ Compilation des Décisionnaires ”, Otsar Ha Posskim. Voir cet ouvrage, le Otsar Ha Posskim, Even Ha Ezer, tome 9, paru à Jérusalem, en 5725 (1965), à la page 130, de même que le Likouteï Si’hot, tome 12, aux pages 193 et 212, ou encore le Ha Maor, fascicule n°154, de Tamouz 5725 (1965).
(2) Voir, à ce sujet, la lettre n°7633.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°8700.
(4) Le Rabbi soulignent les mots : “ ne tiennent aucun compte ” et “ beaucoup ”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Tout cela s’applique-t-il également à un homme épousant une femme qui a des filles d’un précédent mari ou bien à une femme épousant un homme qui a des fils d’une précédente épouse ? Il est vrai qu’une telle situation est comparable. Toutefois, comme on l’a dit à propos de l’éducation d’un orphelin, dont nos Sages ont fait l’éloge, on ne cachera pas à l’enfant, dans ce cas, qu’il n’est pas la fille de cet homme ou le fils de cette femme. L’un et l’autre garderont donc leurs distances, car on ne parle pas ici de personnes impies. Il n’en est pas de même, en revanche, pour ce qui fait l’objet de notre propos, puisque l’on s’efforce de le cacher à l’enfant et l’habitude devient une seconde nature ”. Le Rabbi souligne ici les mots : “ on ne cachera pas ” et “ l’on s’efforce ”.
(6) Voir, à ce sujet, la lettre n°8954.