Lettre n° 8941

Par la grâce de D.ieu,
18 Chevat 5725,
Brooklyn, New York,

A l’attention du Rav Yehouda Samet,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à votre lettre, dans laquelle vous me décrivez brièvement vos fonctions d’aumônier militaire(1) et vous me demandez des directives pour connaître la réussite en votre mission. D’après les activités des jeunes de l’association ‘Habad, qui ont accumulé de l’expérience pendant plusieurs années, ont visité des camps militaires, rencontré des étudiants, il est possible de proposer les points suivants :

A) Le temps est court, comme vous l’écrivez vous-même, puisque vous n’avez plus que quelques mois à passer dans cet endroit et la plupart des soldats juifs qui s’y trouvent n’y restent que six semaines. De ce fait, il est difficile d’établir un programme de travail permettant un avancement étape par étape. Avant tout, il convient donc de susciter une motivation générale, par des paroles émanant du cœur, qui pénètrent dans le cœur, de sorte que chacun se demande quelle mission lui incombe, en tant que Juif, que faire pour assumer cette mission, dans quelle mesure il s’acquitte effectivement de son obligation, en la matière. Avant tout, on mettra en éveil le désir d’assumer cette mission, car ceux qui seront motivés à le faire, seront fiers d’être juifs et y accorderont de l’importance. Ils s’efforceront donc, par leur propre initiative, d’élargir leurs connaissances, même s’ils ne se trouvent plus sous votre influence. En effet, celle-ci continuera à s’exercer par la suite.

B) Pour que cette influence ne se limite pas uniquement au monde de la parole, une action concrète est nécessaire, une Mitsva que l’on met en pratique, d’une manière concrète, chaque jour. Outre la valeur intrinsèque de ce qui est concret, on sait que : “ une Mitsva en attire une autre ”(2). Bien plus, l’action adoptée par celui qui reçoit l’influence lui rappellera toujours les propos motivants qui l’ont provoquée. Par exemple, on mettra les Tefillin chaque jour de semaine, au moins pendant quelques instants, on lira le Chema Israël ou l’on donnera une pièce à la Tsedaka, chaque matin de semaine.

C) Les chefs de famille restant sur place(3) un an ou plus, par exemple les médecins, doivent, bien évidemment, disposer d’un programme fixe et de temps pour étudier la Torah. Il est nécessaire qu’ils soient en mesure de respecter les Mitsvot, la Cacherout, les Tefillin pour les hommes, la pureté familiale et, avant tout, l’éducation des enfants.

D) Il faut tenir compte du fait qu’il peut y avoir, parmi les soldats, des jeunes gens issus de milieux dans lesquels on respecte la Torah et les Mitsvot, mais qui considèrent que, dans l’armée, on est dispensé du joug des Mitsvot, du fait des difficultés inhérentes à cette pratique. En outre, il faut guider ceux qui prennent conscience de leur responsabilité et de leur mérite, celui d’influencer les autres. Et, qui sait si tel n’est pas leur rôle essentiel, justifiant que l’on ait été envoyé dans tel camp militaire, parmi de nouveaux amis ?

Vous préciserez que vous ne resterez dans cet endroit que quelques mois. Sans doute redoublerez-vous donc d’ardeur en l’influence que vous exercez. De la sorte, lorsque votre successeur arrivera, vous pourrez lui transmettre un programme de travail concret, dont il poursuivra l’application. En outre, vous serez en mesure de lui montrer la réussite et les fruits de votre influence. Si vous avez besoin d’une aide supplémentaire, ou bien de publications, vous pouvez vous adresser directement aux jeunes de l’association ‘Habad et peut-être pourrez-vous même organiser la visite d’un de ses membres dans votre camp militaire, si le besoin spécifique s’en fait ressentir. Avec ma bénédiction de réussite, de même que pour me donner de bonnes nouvelles,

Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,

Notes

(1) Vraisemblablement aux Etats-Unis.
(2) Selon le traité Avot, chapitre 4, à la Michna 2.
(3) Dans la base militaire.