Lettre n° 8974

Par la grâce de D.ieu,
5 Iyar 5725,
Brooklyn,

Je vous salue et vous bénis,

Je fais réponse à vos lettres, dans laquelle vous évoquez vos fiançailles(1) et vous me dites que vous avez envisagé de toucher votre barbe(2). Il est bien évident qu’une union doit être basée sur le bon vouloir et sur une ferme détermination à se venir en aide mutuellement, dans tous les domaines, a fortiori pour ce qui concerne le Judaïsme, la Torah et ses Mitsvot, qui sont le fondement du bonheur, pour un Juif et une Juive, dans ce monde comme dans le monde futur. Bien entendu, pour ce qui concerne le bien et la sainteté, il existe plusieurs niveaux, l’un au-dessus de l’autre, selon les termes de nos Sages(3), une Mitsva, une meilleure façon de faire la Mitsva, la façon la meilleure. Et, ceux qui, pour une quelconque raison, se placent uniquement au niveau de la Mitsva, savent aussi que la meilleure façon est, au sens simple, un ajout, un mieux, une pratique plus belle, même si, pour une certaine raison, ils ne la mettent pas en pratique.

Bien évidemment, le canal et le réceptacle pour que les enfants d’Israël reçoivent la bénédiction de D.ieu en tous leurs besoins est un comportement quotidien conforme à la Torah et à ce qui la concerne. En conséquence, quand on sollicite une bénédiction spécifique de Celui Qui donne la Torah et Qui ordonne la Mitsva, on doit renforcer ce comportement, de la meilleure façon. Vous en déduirez, y compris selon l’avis de ceux qui présentent le fait de ne pas toucher la barbe comme un moyen de mieux accomplir la Mitsva(4), que l’on doit se préserver d’une telle manière d’agir lorsque l’on sollicite une bénédiction spécifique de la part de Celui Qui donne la Torah et Qui ordonne la Mitsva, a fortiori quand on jette les bases d’un édifice éternel, d’un mariage. Bien entendu, d’autres Décisionnaires considèrent que le fait de ne pas toucher la barbe est bien une Injonction de notre Torah et, quand on a adopté leur avis depuis de nombreuses années, on ne doit pas même envisager de changer d’attitude dans un moment ordinaire et, encore moins, en une période comme celle-ci(5).

Comme je l’ai dit, lorsque l’un des deux(6) a été éduqué selon l’avis qui ne voit pas en cette pratique un moyen de mieux accomplir la Mitsva, son obligation première est de renforcer l’autre, dans ce domaine, afin qu’il adopte une attitude positive envers la pratique juive, y compris quand il s’agit de mieux accomplir la Mitsva. Combien plus doit-il en être ainsi lorsque l’autre a lui-même pratiqué de cette façon pendant plusieurs années et, plus encore, si, pour lui, il ne s’agit pas d’un moyen de mieux accomplir la Mitsva, mais bien d’une Injonction, de la Mitsva elle-même. Et, ce qui vient d’être exposé à propos de la barbe s’applique, de la même façon, à de nombreuses autres Mitsvot de la Torah, y compris d’application quotidienne. En conséquence, avant de sceller une union, il faut être absolument certain de la position que l’on adopte, en la matière : faut-il renoncer à son propre avis lorsque l’autre ne voit, en une certaine pratique, qu’un moyen de mieux accomplir la Torah ? Bien plus, la vie exige qu’un renoncement ne soit pas consenti uniquement parce que l’on ne peut pas faire autrement, qu’on est obligé de passer par là, qu’on en éprouve de l’amertume et que l’on s’insurge. Bien au contraire, on doit renoncer de plein gré, de son bon vouloir, dans la joie et l’enthousiasme. Et, comme je l’ai dit, cela ne concerne pas uniquement le fait de toucher la barbe, mais, de manière identique, toutes les autres Mitsvot de la Torah et la façon la meilleure de les mettre en pratique. Car, de tels problèmes peuvent être soulevés fréquemment et la solution doit résulter d’un consensus, adopté dans la joie et l’enthousiasme, qui est essentiel, en la matière.

Vous pourrez déduire de tout ce qui vient d’être dit ma réponse à votre question. Vous devez évaluer votre propre situation avec une attention particulière : êtes-vous réellement prêt à une telle concession, alors que, comme vous l’écrivez vous-même, vous vous dirigez toujours vers la même direction, en vous concentrant particulièrement sur la pratique des Mitsvot la plus scrupuleuse et la meilleure ? C’est en fonction de cette évaluation que vous déciderez ce qu’il y a lieu de faire. Je préciserai, en outre, un autre point, bien que celui-ci soit tout aussi évident. La question que vous posez se rapporte à votre mariage, mais, en réalité, elle est d’actualité de tout temps et en tout lieu, car la Torah est éternelle et ses Mitsvot sont immuables. En outre, chaque Juif et chaque Juive a reçu l’Injonction de connaître l’ascension dans le domaine de la sainteté, de ne pas redescendre. Selon les termes de nos Sages(7), “ nous avons reçu l’Injonction de nous élever dans le domaine de la sainteté ”. Puisse donc D.ieu, Qui accorde Sa Providence à chacun et à chacune, vous guider, en tout cela, vers ce qui sera bon pour vous, d’un bien véritable. Avec ma bénédiction afin de m’en donner de bonnes nouvelles,

Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,

Notes

(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 17, à la page 499.
(2) De la tailler pour faciliter ces fiançailles. Voir, à ce sujet, les lettres n°8297 et 9001.
(3) Voir le traité Chabbat 21b.
(4) Mais non une obligation absolue.
(5) Lorsque la bénédiction de D.ieu est nécessaire.
(6) Le jeune homme et la jeune fille désirant se fiancer.
(7) Dans le traité Bera’hot 28a.