Lettre n° 8975

Par la grâce de D.ieu,
veille du Chabbat Parchat Kedochim,
“ Vous serez saints ” 5725,
Brooklyn, New York,

Je vous salue et vous bénis,

J’ai bien reçu votre lettre(1). On trouve, dans la Paracha de cette semaine, dès son début, une première Injonction, qui inclut en elle tout ce qui constitue la Torah et les Mitsvot. Il est dit, en effet : “ Vous serez saints ”(2). Et, une notion préalable permettra de le comprendre. Cette Injonction s’adresse “ à toute la communauté des enfants d’Israël ” et elle est justifiée de la manière suivante : “ car, Je suis saint, Moi, l’Eternel votre D.ieu ”(2). Comme on le sait, une question est posée à ce sujet : quel est le contenu de l’Injonction : “ vous serez saints ” ? Quelle idée nouvelle est introduite de cette façon ? N’est-ce pas là le but de la Torah, dans son ensemble(3) et de ses Mitsvot(4), la finalité de chacune(5) de ses Préceptes ? L’explication est, en fait la suivante(6). Cette Injonction reçoit une portée générale et elle demande de s’écarter de tout ce qui est superflu, même si la Torah ne nous met pas en garde, à ce propos, ne nous l’interdit pas. Nous devons, malgré tout, être purs, parfaits et nous en séparer.

Certes, un homme pourrait se dire, surtout s’il établit un juste bilan moral en son âme, s’il fait une évaluation exacte de sa propre situation : “ Suffis-toi de ce que t’interdit la Torah ! ”(7). Et, que D.ieu fasse que l’on mette en pratique toutes les Injonctions clairement énoncées par la Torah, celles qui figurent dans la Loi écrite, celles des Sages et même les comportements plus scrupuleux, les pratiques plus rigoristes ayant été introduits par les derniers Sages. Seul celui qui a atteint un tel stade de perfection pourra ensuite se consacrer à une forme aussi élevée du service de D.ieu et rejeter tout ce qui est superflu. C’est précisément pour cela que le verset précise d’emblée, souligne que cette Parole est adressée “ à toute la communauté des enfants d’Israël ”, sans aucune exception et qu’il en ainsi parce que “ Je suis saint, Moi, l’Eternel votre D.ieu ”. De la sorte, chacun et chacune de ceux qui sont concernés par cette Injonction pourront la comprendre, car il a été dit à tous : “ Je suis l’Eternel ton D.ieu ”, ce qui est la justification de ce Précepte et sa raison d’être(8).

Toutefois, la même question se pose encore. Comment connaître l’ascension dans le service de D.ieu au point de se sanctifier en ce qui est permis, alors que l’on trébuche encore(9) sur ce qui est interdit, au moins pour les fautes que l’on “ foule du talon ”(10) ? La réponse à cette question figure dans ce même verset, selon une autre explication(11) qui en est donnée et qui permet de comprendre comment on a le pouvoir et le moyen de mettre en pratique cette Injonction. En effet, cette Parole était adressée “ à toute la communauté des enfants d’Israël ”, tous réunis(12), constituant ainsi un seul et même grand organisme. Bien plus, cette Paracha(13) fut dite alors qu’ils étaient rassemblés, qu’ils se trouvaient ensemble(14) d’une façon concrète(2). Or, grands sont le pouvoir et le mérite de ce qui est public, surtout quand il s’agit de toute la communauté des enfants d’Israël, comme c’est le cas en l’occurrence. Une force accrue, en la matière, est accordée de cette façon, dès lors que la raison en a été énoncée : “ car, Je suis saint, Moi, l’Eternel ton D.ieu ”. En d’autres termes, “ si vous vous sanctifiez, Je vous considérerai comme si vous M’aviez sanctifié ”(15).

On peut comprendre l’inspiration et l’enthousiasme qui en résultent pour l’homme, quand il se dit qu’en mettant en pratique cette Injonction, il sera considéré comme s’il avait sanctifié l’Eternel son D.ieu. Il est clair qu’il mettra alors en éveil ses forces profondes, ses forces les plus intérieures afin de prendre le dessus face à tout obstacle se dressant devant l’accomplissement, d’une manière pleine et entière, du Précepte : “ Vous serez saints ”(16). En mettant en pratique l’Injonction : “ Vous serez saints ”, on en reçoit la récompense et, selon un autre commentaire qui est donné de ce verset(17) : grâce à tout cela, le fait que “ Je suis saint, Moi, l’Eternel ” pourra être “ votre D.ieu ”, Auquel nous nous attacherons dans la sainteté.

* * *

Puisse D.ieu faire que ce qui est exposé ci-dessus s’accomplisse en chacun et en chacune. Conformément à une autre interprétation qui est donnée de ce verset, basée sur le principe établi selon lequel une forme impérative est aussi un futur et une assurance donnée que celle-ci sera suivie d’effet(18), cette promesse s’accomplira pleinement et “ vous serez saints ”, d’une sainteté si haute qu’elle pourra être “ identique à Moi ”(19), similaire à la sainteté de “ Moi, l’Eternel votre D.ieu ”, même si le verset dit qu’il ne peut pas en être ainsi.

Bien plus, “ votre D.ieu ” est aussi “ votre force et votre vitalité ”(20), découlant de “ Ma sainteté ”(21), car “ Je suis saint ”. Avec ma bénédiction,

M. Schneerson,

* * *

Vous précisez(22) que cette illustration a été faite pendant ‘Hol Ha Moéd. Pour l’avenir, il serait bon de vérifier s’il est permis de faire une photographie pendant ‘Hol Ha Moéd, surtout à l’époque actuelle, lorsque l’on s’arrange d’emblée pour qu’il en soit ainsi(23).

Notes

(1) Cette lettre a été adressée à plusieurs personnes. Voir le Likouteï Si’hot, tome 7, à la page 322.
(2) Le Rabbi souligne les mots : “ vous serez saints ”, “ car, Je suis saint, Moi, l’Eternel votre D.ieu ” et “ d’une façon concrète ”.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ Et, les versets disent : ‘Vous serez pour Moi une nation sacrée’ et ‘Voici les Paroles’, comme le souligne le Zohar, tome 3, début de la Parchat Kedochim, à la page 81a ”.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ Le Séfer Ha Mitsvot du Rambam, à la quatrième racine, dit : ‘Vous serez saints : Sois saint en mettant en pratique ce que Je t’ai commandé’ ”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Nos Sages disent, dans la Me’hilta, à propos du verset Chemot 22, 30 : ‘Quand le Saint béni soit-Il introduit une Mitsva pour les enfants d’Israël, Il leur accorde une sainteté accrue’ ”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “ Selon le Ramban, commentant le verset Kedochim 19, 2 et l’on peut se demander pourquoi ce Précepte n’est pas mentionné parmi les Injonctions, au sein desquelles on ne cite même pas : ‘Vous vous sanctifierez’. Toutefois, le Ramban ne contredit pas le Rambam, dans ses notes sur la quatrième racine du Séfer Ha Mitsvot, à propos du verset : ‘Vous serez saints’. Cela veut bien dire que, pour ce qui concerne la Hala’ha, il adopte effectivement la position du Rambam, d’après laquelle il s’agit de mettre en pratique l’ensemble de la Torah. Ceci s’écarte de l’explication qui est donnée ici, c’est-à-dire de la nécessité de rejeter ce qui est superflu. Il en est de même pour le verset : ‘Vous vous sanctifierez’, pour lequel il expose la position du Baal Hala’hot Guedolot, qui n’est cependant pas la sienne. Le Séfer ‘Harédim, à la fin de la partie sur les Injonctions de la Torah, du Gaon, Rabbi Chlomo Ibn Gabirol, dit que l’on compte parmi les six cent treize Mitsvot de la Torah, le verset : ‘vous serez saints’, faisant obligation de rejeter ce qui est superflu. Et, l’on consultera, à ce propos, les modifications figurant dans le Tanya, à la fin des chapitres 27 et 30 ”.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “ Yerouchalmi, traité Nedarim, au début du chapitre 9. Voir les huit chapitres du Rambam, au chapitre 4. Likouteï Torah, Parchat Matot, à la page 84b ”.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “ Le Torat Cohanim, à cette référence, dit : ‘Vous serez saints, car Je suis saint, Moi, l’Eternel votre D.ieu : Que doit faire celui qui appartient à l’aréopage du Roi ? Il doit imiter le Roi’ ”.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ Likouteï Torah, Parchat Devarim, à la page 62d. Et, nos Sages ajoutent, au traité Guittin 70a : ‘Ceci souligne que la force du corps participe également à la chute’ ”. Le Rabbi souligne ici le mot : “ ajoutent ”.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir Tehilim 49, 6, le Midrash Tan’houma et les commentateurs de la Torah, au début de la Parchat Ekev, de même que le Or Ha Torah, à cette référence ”.
(11) Le Rabbi note, en bas de page : “ Rachi, commentant le verset Vaychla’h 33, 20, dit que : ‘les Paroles de la Torah sont comme un maillet qui pulvérise le rocher’. Bien souvent, les différentes explications à propos d’un même point ne se contredisent pas ”.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Tanya, au chapitre 32 ”.
(13) Selon le commentaire de Rachi sur le verset 19, 1, basé sur le Torat Cohanim.
(14) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Likouteï Torah, au début de la Parchat Nitsavim ”.
(15) Le Rabbi note, en bas de page : “ Torat Cohanim, commentant ce verset ”.
(16) Le Rabbi note, en bas de page : “ On consultera le Tanya, à la fin du chapitre 27, qui ajoute qu’en mettant en pratique l’Injonction : ‘Sanctifies-toi en ce qui t’est permis’, non seulement on repousse le mal, mais, en outre, ‘on révèle largement la sainteté du Saint béni soit-Il et celle-ci suscite pour l’homme, ici-bas, une sainteté élevée, qui lui vient largement et puissamment en aide, en son service de D.ieu’ ”. Le Rabbi souligne ici le mot : “ ajoute ”.
(17) Le Rabbi note, en bas de page : “ Ramban, à cette référence ”.
(18) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Or Ha Torah, du Tséma’h Tsédek, sur ce verset, à la page 109 ”.
(19) Le Rabbi note, en bas de page : “ Midrash Vaykra Rabba, à la fin du chapitre 24. Voir le Or Ha Torah, du Tséma’h Tsédek, au début de la Parchat Kedochim ”.
(20) Le Rabbi note, en bas de page : “ Tour et Choul’han Arou’h, Ora’h ‘Haïm, au chapitre 5 ”.
(21) Le Rabbi note, en bas de page : “ En mettant en pratique l’Injonction : ‘Sanctifies-toi en ce qui t’est permis’, on obtient que ce niveau éclaire, d’une manière évidente, les âmes juives, dans le monde futur, comme l’expliquent la fin du discours ‘hassidique intitulé : ‘Vous serez pour Moi’, de 5660 et le Or Ha Torah, Parchat Yethro, page 811. Et, ceci nous permettra de comprendre l’interprétation qui est donnée par le Midrash Tan’houma, à la Parchat Kedochim, fin du chapitre 5 : ‘Le Saint béni soit-Il est appelé ‘saint’ et Il qualifie les enfants d’Israël de ‘saints’. Le Saint béni soit-Il dit : Dans ce monde, ils sont appelés ‘saints’ et, dans le monde futur, on les proclamera ‘saints’. On consultera le traité Baba Batra 75b et le commentaire de Rachi, à cette même référence, de même que le Likouteï Torah, Parchat Nitsavim, à la page 51c ”.
(22) Ce paragraphe figure dans le Likouteï Si’hot, tome 17, à la page 504.
(23) Ce qui veut dire que l’on fait le choix de ‘Hol Ha Moéd pour être photographié. Or, une telle pratique revient à fixer, d’emblée, qu’un travail sera effectué en ce jour. Voir, à ce propos, le Séfer Itvaadouyot 5744, tome 1, à partir de la page 485.