Lettre n° 9001

Par la grâce de D.ieu,
2 Tamouz 5725,
Brooklyn,

Je vous bénis et vous salue,

Je fais réponse à votre lettre du Roch ‘Hodech Tamouz(1), dans laquelle vous me parlez d’un mariage célébré dans votre famille. La fiancée demande à son père d’ôter sa barbe, au moins jusqu’à son mariage, faute de quoi…(2). De façon générale, il n’y a pas lieu de répondre à quelqu’un qui pose une question concernant une autre personne, d’autant qu’en pareil cas, il est impossible de connaître la situation dans tous ses détails, a fortiori de savoir ce que l’autre éprouve en son cœur. En l’occurrence, toutefois, je répondrai, du fait de ma grande surprise, qui est motivée par deux raisons :

A) Une personne, qui est adulte puisqu’elle va se marier, fait dépendre sa relation avec son père de la satisfaction d’une telle requête et en fait état publiquement ! Je souligne les proportions prises par cette situation, puisque sa demande a fait l’objet d’une diffusion.

B) Bien plus, il s’agit, en l’occurrence, d’une famille ‘Habad, qui sait, ou qui devrait savoir que, selon les maîtres de ‘Habad, le port de la barbe est une Hala’ha(3). Elle est, en outre, et ceci importe également, une pratique favorable pour révéler largement la bénédiction de D.ieu, comme l’expliquent, par le détail, les écrits du Tséma’h Tsédek. Or, chaque jour, en toute situation, un homme doit avoir recours à la bénédiction de son Créateur, Qui est aussi le Créateur du monde et Qui le dirige. A fortiori, a-t-on un besoin essentiel d’une telle bénédiction quand on jette les bases d’un édifice éternel, lors d’un mariage. Or, c’est précisément à propos d’un mariage que l’on pose un tel ultimatum et que l’on exige ce qui va à l’inverse de tout cela, ce qu’à D.ieu ne plaise !

Je dois ajouter un autre point, sur le principe. Chez les non Juifs également, la mode est dernièrement, de porter la barbe et, de temps à autre, on peut constater que ceux qui en ont une deviennent de plus en plus nombreux. Or, pour reprendre la formulation de votre lettre, on les considère, malgré tout, comme “ des personnes civilisées ”. Je ne sais pas dans quelle mesure vous pouvez intervenir, en la matière. Néanmoins, nos Sages disent(4) : “ Accepte la vérité de celui qui l’énonce ”. Puisse donc D.ieu faire que vous parveniez à lui expliquer à quel point tout cela est étrange et insensé. A ceci s’ajoute l’aspect hala’hique de la question, puisque son père porte la barbe depuis longtemps déjà. Bien entendu, ceci ne concerne pas le fait de peigner la barbe, de la manière qui convient, comme le Rav de leur quartier pourra le leur expliquer.

Si je me fie à ce que vous m’écrivez de votre famille et de vos origines, j’ai bon espoir que vous êtes active, selon la devise des familles ‘Habad, dans la diffusion du Judaïsme traditionnel, au sein de votre entourage et en tout endroit où s’exerce votre influence. En effet, l’assurance nous a été donnée que les paroles émanant du cœur pénètrent dans le cœur et y font leur effet. Avec ma bénédiction pour me donner de bonnes nouvelles de tout cela,

Pour le Rabbi Chlita,

Notes

(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 32, à la page 249.
(2) Elle annulera ce mariage.
(3) Voir, à ce sujet, la lettre n°8974.
(4) Voir, notamment, le commentaire de la Michna, du Rambam, dans l’introduction au traité Avot, de même que l’introduction du Rama sur le Me’hir Yaïn.