Lettre n° 9027

Par la grâce de D.ieu,
jours de Seli’hot 5725,
Brooklyn, New York,

Aux fils et filles d’Israël,
partout où ils se trouvent,
que D.ieu vous accorde longue vie,

Je vous salue largement et vous bénis,

Nous sommes(1) au seuil de 5726, une année(2) de Chemitta(3), la septième et la plus sainte du cycle de sept ans, qui arrive, pour nous et pour tout Israël, pour le bien. L’un des enseignements fondamentaux de la Chemitta est délivré par l’ordre(3) des versets(4) et des mots de la Torah qui en définissent le sens : “ Quand vous parviendrez dans la terre… la terre se reposera d’un Chabbat pour D.ieu. Pendant six ans, tu planteras ton champ… ”(3).

On peut ici formuler la question suivante(5). Selon l’ordre établi, on travaille, tout d’abord, les champs pendant six ans et c’est uniquement par la suite qu’arrive la Chemitta, la septième année, celle du repos. La Torah aurait donc dû, elle-même, dire d’abord : “ Pendant six ans, tu planteras ton champ ”(3), puis, seulement après cela : “ La terre se reposera ”(3). En fait, l’ordre de la Torah(6) en est partie intégrante et il délivre également un enseignement. En l’occurrence, ce qu’elle dit de la Chemitta montre de quelle manière on doit envisager l’existence.

Quand on parvient dans un pays, quand on doit y organiser sa vie et qu’il s’avère inévitable de se consacrer au travail de la terre, on doit, tout d’abord, savoir que l’idée première, la plus importante, celle que l’on se fixe comme objectif, est le “ Chabbat pour D.ieu ”, non pas les biens matériels et terrestres, mais bien les valeurs morales et sacrées. C’est une telle approche qui apporte la garantie que l’on ne sera pas englouti par les attraits de la terre et de la matière. Bien plus, en conservant, en permanence(3), cette idée devant ses yeux, on vit les six années de travail(7) d’une manière totalement différente. Celles-ci perdent, pour une large part, leur caractère profane. Elles deviennent plus lumineuses, ont un contenu plus large. Bien plus, l’élévation et la hauteur de ces six années relèvent également la septième, laquelle, à la place d’un “ Chabbat pour D.ieu ”, devient, de la sorte : “ le Chabbat du Chabbat(8), un Chabbat pour D.ieu ”.

* * *

Il en va de même pour l’existence quotidienne, dans laquelle on doit aussi “ travailler la terre ”, gagner sa vie, entrer en contact avec le monde profane, en mangeant, en buvant, en accomplissant tous les actes pour lesquels : “ l’homme n’a pas de supériorité, par rapport à l’animal ”(9). Mais, il y a aussi le repos de la terre, le retrait par rapport aux valeurs du monde et le “ Chabbat pour D.ieu ” qui permet de se consacrer aux domaines de la sainteté et de la Divinité. Il s’agit des moments de la prière, de l’étude de la Torah et de la pratique des Mitsvot(10).

L’enseignement de la Chemitta porte donc sur la conception et l’approche qu’il convient d’adopter pour envisager son existence quotidienne. Même s’il faudra, par la suite, assumer des activités “ profanes ”, on doit savoir que leur(3) aspect essentiel et leur(3) finalité restent le “ Chabbat pour D.ieu ”. De la sorte, les objets et les actes matériels seront plus lumineux, auront plus de contenu. Et, les valeurs de la sainteté et de la Divinité recevront, en outre, l’élévation. Elles seront effectuées d’une manière plus haute. C’est de cette façon que l’on a une vie intègre et harmonieuse(11).

* * *

Au seuil de cette année de Chemitta, D.ieu fasse que chacun et chacune la commence en faisant sienne l’approche qui vient d’être définie. Car l’aspect essentiel et la finalité de la vie ne sont pas la matérialité, mais résident bien dans la spiritualité. Bien plus, les valeurs de ce monde trouvent leur justification uniquement si elles sont pénétrées de l’idée que : “ la terre se reposera d’un Chabbat pour D.ieu ”, si elles sont mises à contribution et servent les idéaux les plus forts de la sainteté et de la Divinité. De la sorte, tous les jours de l’année et toutes les actions du jour seront le reflet de la supériorité de l’homme, par rapport à l’animal, établiront que celui-ci a bien été créé “ à Notre apparence et à Notre image ”(3), qu’il mène sa vie en fonction de ce principe. De la sorte, les temps et les moments de l’année se hisseront vers un stade plus haut, celui de “ Chabbat du Chabbat ”.

Ainsi, s’accomplira la bénédiction divine relative à la Chemitta, “ Je vous adresserai Ma bénédiction ”(3), d’une manière(12) transcendant la nature. Et, le jour de l’année le plus approprié pour prendre une résolution ferme et durable, en tout ce qui vient d’être dit est bien celui de Roch Hachana(3). En effet, c’est alors qu’Adam, le premier homme, fut créé “ à Notre apparence et à Notre image ”. Il dirigea alors toute la création et il la conduisit vers la prise de conscience(13) que : “ nous nous agenouillerons et nous nous prosternerons devant l’Eternel, Qui nous a faits ”(3).

C’est en ce jour que l’on demande, que l’on implore(14) : “ Règne sur le monde entier par Ton honneur… Et, que tout être qui respire proclame : L’Eternel D.ieu d’Israël est Roi. Son règne s’impose à tous ”(3). Avec ma bénédiction afin d’être inscrit et scellé pour une bonne et douce année, d’obtenir enfants, santé et prospérité matérielle dans la largesse,

Mena’hem Schneerson,

Notes

(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 9, à la page 441.
(2) Le Rabbi note, en bas de page : “ Tour et Choul’han Arou’h, ‘Hochen Michpat, au début du chapitre 67. Choul’han Arou’h de l’Admour Hazaken, à la fin des lois du prêt ”.
(3) Le Rabbi souligne les mots : “ Chemitta ”, “ l’ordre ”, “ quand vous parviendrez dans la terre… la terre se reposera d’un Chabbat pour D.ieu. Pendant six ans, tu planteras ton champ ”, “ pendant six ans, tu planteras ton champ “ , “ la terre se reposera ”, “ en permanence ”, “ leur ”, “ leur ”, “ à Notre apparence et à Notre image ”, “ Je vous adresserai Ma bénédiction ”, “ celui de Roch Hachana ”, “ nous nous agenouillerons et nous nous prosternerons devant l’Eternel, Qui nous a faits ”, “ Règne sur le monde entier par Ton honneur… Et, que tout être qui respire proclame : L’Eternel D.ieu d’Israël est Roi. Son règne s’impose à tous ”.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “ Vaykra 25, 2-4 ”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le discours ‘hassidique intitulé : ‘La terre se reposera’ dans le Likouteï Torah et dans le Séfer Ha Maamarim 5562, de même que la fin du Dére’h Mitsvoté’ha ”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le traité Pessa’him 6b, le Chneï Lou’hot Ha Berit, partie Loi orale, principe sur les formulations ”.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le traité Beïtsa 16a, qui dit : ‘Toute sa vie, il mangea pour le Chabbat’. Voir aussi le Tséma’h Tsédek sur Tehilim 68, 20, au paragraphe 6 ”.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le commentaire de Rachi sur le traité Yoma 74a et sur le verset Chemot 31, 15, le Or Ha Torah du Tséma’h Tsédek, au discours ‘hassidique intitulé : ‘Le Chabbat du Chabbat’ ”.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ Kohélet 3, 19. Voir les Rechimot du Tséma’h Tsédek, à cette référence et le traité ‘Haguiga 16a ”.
(10) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir les commentaires du traité Avot, chapitre 1, Michna 2 ”.
(11) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le Likouteï Torah à la fin de la Parchat Matot, commentant l’affirmation de nos Sages, au traité Sanhédrin 99b, selon laquelle : ‘celui qui se consacre à la Torah instaure la paix dans le sanctuaire terrestre’ ”.
(12) Le Rabbi note, en bas de page : “ Vaykra 25, 1 ”.
(13) Le Rabbi note, en bas de page : “ Zohar, fin de la Parchat Emor. Voir aussi les Pirkeï de Rabbi Eléazar, au chapitre 11 ”.
(14) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir Iguéret Ha Techouva, au chapitre 11 ”.