Lettre n° 9092
Par la grâce de D.ieu,
13 Chevat 5726,
Brooklyn, New York,
A l’attention des dirigeants de l’association de bienfaisance
“Ceux qui respectent le Chabbat”, à Brooklyn,
Je vous salue et vous bénis,
J’ai bien reçu(1) le compte-rendu annuel de votre association et j’ai appris qu’une réunion sera organisée au profit de votre caisse de bienfaisance(2). Puisse D.ieu vous accorder un immense succès, en toutes vos actions, d’une manière positive, en un bien visible et tangible, à la fois pour l’association et pour ses bénéficiaires.
Nous sommes à proximité de la date du décès et de la Hilloula de mon beau-père, le Rabbi, chef de notre génération et cette année est, en outre, la centième depuis la Hilloula du Tséma’h Tsédek, dont le mérite nous protégera. Il est, en conséquence, d’actualité de méditer au contenu et à l’enseignement du récit suivant(3), transmis par mon beau-père, le Rabbi, à propos du Tséma’h Tsédek et qui est relatif à la bienfaisance :
“ Le Tséma’h Tsédek voyait souvent l’Admour Hazaken, après son décès, en état d’éveil ou bien au cours d’une vision nocturne. Celui-ci lui ôtait tous les doutes qu’il pouvait avoir dans l’étude de la partie révélée de la Torah ou de la ‘Hassidout. A une certaine époque, le Tséma’h Tsédek s’enfermait dans sa chambre et il se plongeait dans l’étude. Il souleva alors plusieurs questions, pour lesquelles il ne put trancher, ne sachant le faire et il attendait donc avec impatience d’avoir la vision de l’Admour Hazaken, comme à l’accoutumée. Mais, celui-ci ne lui apparaissait pas et il en conçut une grande peine.
Une fois, très tôt, le Tséma’h Tsédek alla prier dans la synagogue de son beau-père, l’Admour Haémtsahi, dont le mérite nous protégera. Passant près du marché, il rencontra l’un des commerçants, qui s’appelait Rav Morde’haï Elyahou, un homme simple, mais empli de crainte de D.ieu, qui gagnait sa vie dans ce marché, lequel se tenait effectivement ce jour-là. L’homme demanda au Tséma’h Tsédek de lui prêter une certaine somme, quelques roubles d’argent, jusqu’au soir ou bien jusqu’au lendemain matin. En effet, il avait le moyen de gagner sa vie, au marché. Le Tséma’h Tsédek lui répondit qu’après la prière, il rentrerait chez lui et qu’il pourrait alors venir le voir, dans sa maison. Il lui prêterait cet argent.
Le Tséma’h Tsédek pénétra dans la synagogue et, aussitôt, lui vint à l’esprit l’affirmation de nos Sages(4) selon laquelle : “ Rabbi Eléazar donnait une pièce à un pauvre et il priait ensuite ”, puis l’importante affirmation(5) suivante : “ un acte de bienfaisance surpasse la Tsédaka ”. Le Tséma’h Tsédek en déduisit qu’il n’avait pas bien agi, qu’il aurait dû donner immédiatement(6) à Rav Morde’haï Elyahou l’argent qu’il demandait. Il rentra donc chez lui, prit cette somme et se rendit au marché afin de rechercher cet homme. Entre temps, les villageois, avec leurs chariots et leurs marchandises, s’étaient rassemblés au marché. Il eut donc beaucoup de difficulté(7) à retrouver Rav Morde’haï Elyahou parmi eux. Enfin, il l’aperçut, lui transmit l’argent et s’en retourna à la synagogue, afin de prier.
Quand le Tséma’h Tsédek se revêtit de son Talith et de ses Tefillin(8), il vit(9) soudain l’Admour Hazaken qui, le visage lumineux, lui dit : ‘A celui qui prête de l’argent à un Juif, avec un cœur entier, sans intérêt personnel, à celui qui rend service à un Juif, par amour, ainsi qu’il est dit(10) : ‘tu aimeras ton prochain comme toi-même’, on ouvre toutes les portes des Sanctuaires célestes’(11) ”.
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Les récits des chefs d’Israël sont un enseignement délivré à tous ceux qui suivent le droit chemin qu’il nous a indiqué, au sein de tout Israël. Cet enseignement et la Torah de vie donnent une leçon pour la vie de ce monde et pour celle du monde futur. Comme le constatent les Sages, dans la Michna(12), l’homme consomme les fruits de la bienfaisance dans ce monde, mais le capital lui en est conservé pour le monde futur(13).
Notes
(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 6, à la page 340. Une même lettre fut adressée aux dirigeants de “ l’association de bienfaisance auprès de la synagogue du centre ‘Habad ” de Tel Aviv et à ceux de “ l’association de bienfaisance auprès du centre d’études Loubavitch ” de Montréal.
(2) Dans l’exemplaire destiné à Tel Aviv, le Rabbi écrit : “ J’ai bien reçu votre compte-rendu et j’ai appris que vous organisez la collecte annuelle de votre association, au profit de la caisse de bienfaisance ”.
(3) Le Rabbi note, en bas de page : “ Note du 19 Kislev 5707 (1946), dans le Séfer Ha Maamarim 5711, à la page 153. On verra aussi le Séfer Ha Si’hot été 5700 (1940), à la page 98, qui décrit un événement similaire ”.
(4) Le Rabbi note, en bas de page : “Traité Baba Batra 10a. Voir aussi Iguéret Ha Kodech, au chapitre 8 et l’introduction de l’Admour Hazaken, à son Sidour”.
(5) Le Rabbi note, en bas de page : “De Rabbi Eliézer également selon le traité Soukka 49b”.
(6) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir Iguéret Ha Kodech, au chapitre 21, qui dit : ‘surtout l’acte de Tsédaka…’. Ceci ne peut cependant pas être comparé au cas qui est relaté par le traité Taanit 21a, celui d’un homme qui demandait à manger, alors qu’en l’occurrence, il s’agit de lui permettre de faire du commerce”.
(7) Le Rabbi note, en bas de page : “ Voir le traité Soukka 49b, rapportant les propos de Rabbi Eliézer, qui fait dépendre la Tsédaka du bienfait qu’elle prodigue. Rachi précise qu’un tel effort n’est pas comparable à celui qui est effectué en période de récolte. On verra, à ce propos, la fin du discours ‘hassidique intitulé : ‘Quiconque a pitié’, dans le Séfer Ha Maamarim 5709, à la page 17 ”. On verra aussi les Iguerot Kodech du Rabbi Rachab, tome 1, à la lettre n°31.
(8) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir la première lettre du Rabbi Rachab, dans le Kovets Mi’htavim, recueil n°1”, de même que dans ses Iguerot Kodech, tome 1, lettre n°16.
(9) Le Rabbi note, en bas de page : “ De fait, l’enseignement de Rabbi Eliézer, au traité Baba Batra, est déduit du verset : ‘Je verrai dans la justice… Je parviendrai à la satiété, en état d’éveil’. Le traité Baba Batra précise que l’état d’éveil est, en réalité, celui de l’insomnie, puisque le récit parle d’un lever, tôt le matin”.
(10) Kedochim 19, 18.
(11) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir les Rechimot du Tséma’h Tsédek sur les Tehilim 17, 15, à la page 617”.
(12) Traité Péa, chapitre 1, à la Michna 1.
(13) Le Rabbi note, en bas de page : “Voir les additifs au discours ‘hassidique intitulé : ‘Quiconque a pitié’, précédemment cité”, figurant également dans les Iguerot Kodech du Rabbi Rachab, tome 1, lettre n°48.