Lettre n° 9108
Par la grâce de D.ieu,
Chouchan Pourim 5726,
Brooklyn, New York,
Aux participants à la vingt-quatrième réunion des donateurs
de la Yechiva Tom’heï Temimim Loubavitch de Montréal,
que D.ieu vous accorde longue vie,
Je vous salue et vous bénis,
Cette année, votre célébration annuelle a lieu quelques jours après Pourim(1). On peut donc espérer que les participants se trouveront encore sous l’influence récente de cette fête aux multiples enseignements, soulignant que, chez les Juifs, chaque commémoration est liée à l’action concrète, ainsi qu’il est dit(2) : “ Ces jours sont commémorés et revécus ”(3).
Pourim évoque une période au cours de laquelle les Juifs se trouvaient en exil, bien que sous une domination libérale et amicale. Il y eut d’abord Korech, le roi de Perse, qui accorda la liberté aux Juifs exilés à Babel. Pour une large part, il les traita de la même façon que tous les autres. Sous le règne de A’hachvéroch, ils conservaient encore la liberté religieuse, économique et politique, sous la direction de Morde’haï le Juste, un membre du Sanhédrin(4) et une personnalité reconnue dans le palais royal, “ siégeant(5) à la porte du roi ”(3).
Morde’haï n’oublia jamais qu’il était originaire de Jérusalem, qu’il avait été exilé(6) de cette ville(3). D’autres Juifs, en revanche, voulurent oublier Jérusalem et le Temple, considérant comme un honneur et un bonheur la possibilité de prendre part au festin royal, dont les mets étaient Taref. Le décret de Haman l’impie en résulta(7).
Morde’haï savait que le moyen de remettre en cause le décret de Haman était le renforcement et le développement, pour les enfants, d’une éducation juive fidèle à la Torah. Nos Sages, de sainte mémoire, nous rapportent(8) donc que Morde’haï réunit plusieurs milliers de ces enfants et il leur enseigna la Torah avec un tel enthousiasme que ceux-ci se déclarèrent prêts à se joindre à lui dans la sanctification du Nom de D.ieu. C’est alors que furent abrogés tous les décrets de Haman.
Après la grande victoire, quand Morde’haï devint le vice-roi(3) à la place de Haman et que sa grandeur fut connue de toutes les provinces, il resta toujours et partout(9) “ Morde’haï le Juif ”(3), car il fut, en permanence, un Juif de la Torah, fier de l’être. Telle était la base même de son existence, son ego véritable. L’histoire de Pourim délivre donc un enseignement très clair, pour toutes les époques et pour toutes les situations. Morde’haï et Esther sont de vivants exemples pour les Juifs, hommes et femmes de toutes les générations, y compris la nôtre. Le miracle de Pourim nous rappelle, à tout moment, qu’une éducation des enfants juifs fidèle à la Torah est bien le secret de l’existence et de la pérennité du peuple juif.
Sous l’influence des aspects fondamentaux de Pourim qui viennent d’être présentés, chacun et chacune des participants seront sûrement mieux à même d’évaluer l’œuvre capitale qui est accomplie par la Yechiva Loubavitch de Montréal, s’identifieront encore plus clairement avec les objectifs pédagogiques de cette grande institution de la Torah, ayant obtenu des acquis aussi considérables. J’adresse mes salutations à tous les chers invités et participants, de même que ma bénédiction profonde pour que cette célébration reçoive une considérable réussite, dans tous les domaines. Le mérite de la diffusion de la Torah et des Mitsvot vous protégera, dans tous les domaines, publics et personnels, de sorte que(10) : “ l’on multiplie sa joie ”(3), à la fois matériellement et spirituellement. Avec mes respects et ma bénédiction de réussite, de même que pour me donner de bonnes nouvelles,
M. Schneerson,
Notes
(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 6, à la page 380.
(2) Esther 9, 28. Voir le Ramaz sur le Tikoun Chovavim, cité et commenté par le Lev David, du ‘Hida, au chapitre 29.
(3) Le Rabbi souligne les mots : “commémorés et revécus”, “siégeant à la porte du roi”, “exilé de cette ville”, “vice roi”, “Morde’haï le Juif” et “l’on multiplie sa joie”.
(4) Voir le traité Meguila 13b et 16b.
(5) Esther 2, 19.
(6) Esther 2, 7.
(7) Voir le Likouteï Si’hot, tome 31, à partir de la page 170 et les Rechimot, tome 32, à partir de la page 19.
(8) Voir, notamment, le Midrash Esther Rabba, chapitre 9, au paragraphe 4 et chapitre 10, au paragraphe 4.
(9) Esther 10, 3.
(10) Voir le traité Taanit 29a, le Maguen Avraham, Ora’h ‘Haïm, à la fin du chapitre 686.