Lettre n° 9139
Par la grâce de D.ieu,
22 Iyar 5726,
Brooklyn, New York,
Je vous bénis et vous salue,
J’ai bien reçu le livre de votre époux, puisse-t-il reposer en paix(1). Je vous remercie d’avoir pensé à me l’adresser. En outre, je considère qu’il est de mon devoir, aussi difficile que cela puisse être, de vous faire part de ma position négative, concernant l’introduction de personnages et d’événements émanant de nos écrits saints dans des récits allégoriques, surtout lorsque ceux-ci obscurcissent leur aura et leur caractère exceptionnel. Il est vrai que la poésie a coutume de prendre certaines libertés. Pour autant, il ne doit pas en être ainsi, à mon sens, quand il s’agit de personnages et de faits bibliques, dont l’existence et l’action ont encore, à l’heure actuelle, une influence sur les Juifs de tous âges et même sur les non-Juifs. Il faut éviter de se servir de la liberté que donne la poésie, y compris pour les rehausser par rapport à la manière dont ils sont présentés par la Bible. En effet, le lecteur pourrait en conclure qu’une partie de ce qui est rapporté étant exagéré, il en est de même pour la totalité. A fortiori est-ce le cas quand on se sert de cette liberté dans le sens inverse(2).
Comme je l’ai dit, il m’est difficile d’en dire plus, à ce sujet, d’autant que le livre fait la preuve que l’intention de l’auteur était bonne. De plus, il est contre l’éthique, contre la morale juive de se répandre en critique contre quelqu’un qui se trouve déjà dans le monde de la Vérité. Pour autant, je ne peux me permettre de taire une “ protestation ” générale. Je formulerai également une remarque secondaire, qui ne l’est peut-être pas(3). Il était, de ce fait, particulièrement satisfaisant de voir, dans le poème destiné au “ journal des enfants ”, que vous me joignez et dont vous êtes l’auteur, une expression, formulée dans l’esprit de la tradition, afin de convaincre les enfants qui vous lisent de se rapprocher de la clarté du Chabbat et de sa sainteté. Avec mes respects et ma bénédiction,
Pour le Rabbi Chlita,
le secrétaire,
Notes
(1) Voir le Likouteï Si’hot, tome 33, à la page 249.
(2) Pour dénigrer ces personnages.
(3) Qui n’est pas secondaire mais bien primordiale.